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Les agriculteurs face à la machine de guerre anti-élevage

La session de la Chambre d’agriculture régionale, le 11 mars à Bordeaux, a donné la parole à Hervé Leprince, spécialiste en communication de crise, pour décortiquer les mécanismes des animalistes, prônant l’abolition de l’élevage, et les contrer.

© NF

Des boucheries sont prises pour cibles. Les intrusions dans les élevages et les abattoirs sont devenues choses courantes, y compris en Nouvelle-Aquitaine dans des structures à taille humaine. La démagogie en matière d’alimentation gagne du terrain. Exit l’entrecôte, vive le steak de soja.
Quelles réparties face à ces agressions subies par le monde agricole ? Plutôt timides face à « une société urbaine qui ne connaît plus ses agriculteurs », comme le souligne le président de la Chambre régionale Dominique Graciet. Les agriculteurs « offensés par tant d’incompréhension » doivent-il se résoudre à cette fracture sociétale ?
Pour tenter d’en comprendre les mécanismes et de reprendre les choses en main, la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, en session le 11 mars à Bordeaux, avait invité un communicant de l’agence NewSens, spécialisé dans la communication de crise. À son actif, la création de la marque Agriculteurs de Bretagne pour sortir de la crise des algues vertes stigmatisant les agriculteurs bretons. Face aux agressions répétées de L214 et des animalistes, qui rejettent l’alimentation carnée et prônent l’abolition de l’élevage, il a impulsé les Z’Homnivores et son site www.mangerdetout.fr. On lui doit aussi de nombreuses manifestations multipliant les rencontres entre agriculteurs et consommateurs pour s’en faire des alliés.
Car, il le démontre avec brio, les vegans, ceux qui agissent au nom d’une éthique, ne représenteraient que 0,5 % de la population française. Ils sont à différencier des flexitariens (35 %) et des végés (2,5 %) dont le contenu de l’assiette est justifié par des motivations liées à la santé et à la protection de l’environnement. Quant aux omnivores, qui représenteraient encore 97 % des mangeurs français (y compris les flexitariens qui sont des omnivores malgré tout), ils ont toute sa sympathie. Il est urgent de s’en faire des alliés, dit-il.

Trois catégories
Plongée dans un monde étrange. Hervé Leprince, devenu spécialiste des opposants à l’élevage, estime qu’ils sont à distinguer en trois catégories. Il y a d’abord les Welfaristes ou réformateurs : « on peut encore discuter avec eux pour améliorer nos pratiques » et correspondre à leur standard. On trouve aussi les Abolitionnistes qui refusent toute exploitation de l’animal par l’homme. Enfin, les pires pour les éleveurs, sont les Antispécistes qui affirment la nécessité d’être vegans, refusent la hiérarchisation entre les espèces et la primauté de l’homme sur l’animal. L’association la plus connue de cette dernière catégorie est L214, « véritable start-up basée sur un anthropomorphisme urbain » qui consisterait à ne pas faire de différenciation entre le rapport qui peut s’instaurer entre un humain et son chat et un humain et sa vache.
Bref, tout cela peut prêter à sourire, mais personne dans la salle n’est porté à traiter avec légèreté ces activistes qui frappent régulièrement dans les entreprises. Dernière en date, l’intrusion dans la société d’abattage et de transformation Sobeval, en Dordogne, provoque incompréhension et malaise.
Alors, avec force chiffres et données recueillis sur les réseaux sociaux, Hervé Leprince démonte la machine de guerre animaliste où un petit nombre de militants déterminés et leur communication bien rodée arrivent à jeter le discrédit sur toute la profession agricole.
Au-delà des images chocs, Hervé Leprince voit une stratégie de déstabilisation de toute l’économie française « au profit d’un nouvel ordre social et surtout à leur propre profit. » Avec un budget qui ne cesse de croître et des soutiens marqués à l’étranger (aux États-Unis en particulier), les anti-élevage gagnent des parts de marché. « La petite communauté qui fait un bruit énorme » pourrait agir sur l’avenir de l’alimentation humaine et donc sur le sort de l’agriculture. À force de dénigrements et d’actions menées dans des écoles, collèges, lycées, universités, ils sont en train de construire une nouvelle société. Où les agriculteurs seraient bannis. Où les industriels de l’alimentation sans produit animal (ni viande, ni lait, ni miel…) seraient les rois.

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