« Le recrutement nécessite de se coordonner »
La FNSEA était invitée, le 11 mars dernier, au ministère de l’Agriculture, avec d’autres organisations agricoles, à une conférence de l’Emploi. Objectif : optimiser les recrutements en agriculture, en particulier ceux de la main d’œuvre saisonnière.
Pourquoi avez-vous participé à cette conférence de l’Emploi ?
Le Premier ministre s’était engagé le 28 janvier dernier devant Christiane Lambert et moi-même à réunir les partenaires de l’emploi en agriculture pour travailler sur une dynamique de recrutement qui soit large, collective, partagée et efficace. C’est pourquoi il a demandé au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, à Élisabeth Borne, ministre du Travail et au haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, Thibaut Guilluy de nous réunir autour de ce thème, C’était une réunion à la fois politique et technique qui a notamment réuni la FNSEA, l’Union nationale des entreprises du paysage (UNEP), la Fédération nationale entrepreneurs des Territoires (FNEDT), la MSA, l’Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (ANEFA), l’Opérateur de compétences pour la coopération agricole, l’Agriculture, la pêche, l’industrie agroalimentaire et les territoires (OCAPIAT) ainsi que Wizifarm (« desbraspourvotreassiette ») et Pôle Emploi.
Quelles ont été vos demandes ?
La FNSEA a exposé les difficultés conjoncturelles et structurelles auxquelles les employeurs agricoles de main d’œuvre sont confrontés en matière de recrutement. Nous avons présenté des demandes concrètes sur lesquelles je reviendrai, mais le plus important était pour nous de faire en sorte que lorsqu’on parle emploi, nos interlocuteurs aient aussi le réflexe « agriculture ». C’était notamment l’un des sujets que nous avons abordé avec le représentant de Pôle Emploi. Nous nous sommes d’ailleurs rendus compte que lorsqu’un conseiller Pôle Emploi, dans une agence, était au fait des questions agricoles ou qu’il était dédié au recrutement dans ce domaine, les employeurs de main d’œuvre agricole avaient moins de difficultés à signer des contrats, qu’ils soient saisonniers ou de plus long terme. L’important est bien évidemment de sensibiliser ces interlocuteurs et d’éviter le cloisonnement : une personne qui travaille aujourd’hui dans la restauration et qui ne trouve pas de travail pourrait peut-être faire un bon cueilleur de fraises, un bon ramasseur d’asperges, etc. Il faut aussi que, tous ensemble, nous nous organisions pour nous concerter et mobiliser au bon moment, au bon endroit. Le recrutement nécessite de se coordonner. C’est notamment dans ce sens que nous avons demandé de conclure un partenariat avec Pôle emploi et le ministère du Travail sur le dispositif « 1 jeune 1 solution ».
Quels autres sujets avez-vous abordés ?
Nous souhaitons mettre les emplois agricoles en avant et dans cet objectif, nous avons demandé à participer à la future campagne de communication du ministère de l’Agriculture qui doit valoriser notre immense palette de métiers. La FNSEA entend consolider les groupements d’employeurs au niveau départemental. Elle a aussi demandé à réamorcer le dispositif Accès des demandeurs d’emploi aux métiers agricoles (ADEMA).
Pourquoi réamorcer ce dispositif ADEMA ?
Ce dispositif qui fonctionnait plutôt bien avait prouvé sa capacité à réussir les reconversions mais aussi à accompagner les employeurs pour soutenir ces personnes en reconversion. En dix ans, ce sont près de 30 000 emplois permanents qui avaient ainsi été créés. Cependant, l’ADEMA a été rayé d’un trait quand il s’est agi de réformer la formation professionnelle. Il était associé au droit individuel à la formation (DIF) et n’a pas été récupéré par le Compte personnel de formation (CPF). Je pense que le message est bien passé auprès de la ministre du Travail qui réfléchit à une éventuelle réactivation du dispositif.
Avez-vous traité le sujet de la main d’œuvre étrangère ?
Bien entendu, c’est un sujet important pour les employeurs de main d’œuvre. Nous souhaitons créer des ponts avec les politiques d’insertion professionnelle des réfugiés. Nous partons du constat que nous peinons à recruter de la main d’œuvre et face à nous, nous avons des populations qui ne demandent qu’à travailler, s’insérer dans la société, sinon s’y intégrer. Nous sommes clairement dans une stratégie gagnant/gagnant. D’une manière générale, nous peinons aussi à recruter y compris de la main d’œuvre locale en raison des difficultés de mobilité que les plus précaires connaissent. Nos exploitations ne sont pas toujours à proximité d’un arrêt de bus….
Pour en revenir au volet main d’œuvre étrangère, nous avons renouvelé, le 16 mars, une convention avec la Tunisie, en particulier avec l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (ANETI). Ce pays dispose d’un quota de 2 500 salariés et seuls 1 000 traversent la Méditerranée, essentiellement dans le sud de la France (Vaucluse) pour des activités de récolte (fraises, tomates) et taille de vigne. L’avantage est qu’ils sont déjà formés, par le Gouvernement tunisien, aux métiers de l’agriculture comme chefs d’équipe, tractoristes, etc. Enfin, nous avons demandé à assouplir les conditions de logement, sans nous départir de nos obligations. Il est cependant vrai que les étudiants rechignent à payer un loyer qui vient en déduction de leur salaire. Ils préfèrent généralement le camping. C’est pourquoi, nous passons aussi des conventions avec des campings municipaux.
D’autres rendez-vous sont-ils prévus ?
Oui, nous avons convenu de nous revoir d’ici une quinzaine de jours et entre temps, nos différents services restent en étroit contact.