Elections législatives
Le grand oral de trois candidates
Le 27 mai, la FDSEA et les JA de Haute-Loire ont rencontré les candidats de la 1ère circonscription sur le Gaec de la Petite Croix à St Maurice de Lignon.
Le 27 mai, la FDSEA et les JA de Haute-Loire ont rencontré les candidats de la 1ère circonscription sur le Gaec de la Petite Croix à St Maurice de Lignon.
Trois candidates de la 1ère circonscription de Haute-Loire, Celline Gacon, Union de la gauche, Cécile Gallien, Renaissance, et Isabelle Valentin, Les Républicains, qui se présentent aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains, ont répondu vendredi 27 mai, à l'invitation de la FDSEA et des JA de Haute-Loire. Ce temps d'échanges entre agriculteurs, élus locaux et candidats au poste de députés se déroulait sur le Gaec de la Petite Croix, une exploitation de 200 ha qui produit du lait (livré à Gérentes) et des volailles label Rouge (livrées à Ardévol) dirigée par 4 associés : Laurent, Philippe et Romain Merle et Antoine Moulin.
Souveraineté alimentaire, revenu agricole, eau
Pour les deux syndicats, rencontrer les candidats permet de prendre connaissance de leurs programmes pour l'agriculture et de mesurer le degré d'implication de chacun d'eux. Dans le même temps, la FDSEA et les JA en profitent pour faire part des problématiques du monde agricole et de leurs priorités pour le pérenniser. "Notre souveraineté alimentaire n'est pas garantie, le coût de nos charges augmente, on importe 1 poulet sur 2 et 1 fruit sur 2… Aussi, lorsque des jeunes motivés veulent s'installer, il faut les accompagner et les aider !" lance Yannick Fialip, administrateur à la FNSEA et président de la Chambre d'agriculture. Une intervention qui a ouvert les échanges avec les candidates. Consciente qu'il "faut alerter sur l'état de l'agriculture", Isabelle Valentin a pointé du doigt les normes de plus en plus nombreuses que l'on impose aux agriculteurs. "Les textes Egalim devaient valoriser le revenu agricole… et on ne voit rien venir ! ". Isabelle Valentin a ensuite déroulé les propositions de son parti LR pour l'agriculture : "Faire en sorte que la compétitivité revienne en France, stopper l’agribashing, avoir des abattoirs dignes de ce nom… Il faut rendre de la compétitivité à nos exploitations avec plus de salariés agricoles. Sur le GNR et l’énergie en général, il faut baisser les taxes et conserver le TODE. Les pensions mensuelles des retraités agricoles sont de 750 € en moyenne en Haute-Loire ; il faut trouver plus de valeur en agriculture pour favoriser la passation des exploitations et mieux former les chefs d’exploitation en gestion, en commerce…".
Quant à Celline Gacon, sur les retraites, même si un combat a été gagné, il faut, selon elle, continuer sur cette lancée. "Alors que la concurrence avec l’Amérique du Sud est forte et l’actualité en Ukraine pèse sur nos produits, les agriculteurs ont besoin de prix plus corrects". La candidate de l'Union de la gauche appelle par ailleurs à "une sensibilité écologique plus importante avec le risque pesticide et plus de vigilance. Il faut lier l’agriculture et la santé ". Sur le thème de l'eau, elle précise que "les bassines, ce n'est pas la solution. Laissons l’eau remplir les nappes" .
La candidate du parti Renaissance, Cécile Gallien, souhaite orienter son action sur les néo-ruraux de nos communes agricoles : "Il faut leur faire comprendre que notre agriculture est nourricière malgré ses aléas. Il faut aider à l’installation des jeunes. La retraite à 1000 € par mois, c’est une victoire, mais il faut faire disparaître les retraites indécentes, c'est pourquoi nous souhaitons atteindre les 1100 € de pension. Pendant la crise sanitaire, l’état a aidé les entreprises à hauteur de 103 M d’€, on veut continuer à vous aider. Dans le cadre de la PAC, l’ICHN doit être soutenue. La sécurité alimentaire de notre pays est importante et il faut arriver à l’autonomie. A l'heure où les cours flambent, nous allons vous aider à passer ce cap difficile. Sur le thème de l’eau, ensemble nous devons imaginer de nouvelles solutions pour être sobres...".
Réimposer l’agriculture au niveau législatif
Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale d'agriculture a rappelé aux candidates l'urgence de réimposer l’agriculture au niveau législatif : "Vous allez être élue, le renouvellement des générations et le droit d’exercer notre métier sur un territoire où la densité de population, sont essentiels. On veut de la reconnaissance, c’est tout. Il faut réimposer l’agriculture au niveau législatif". Yannick Fialip a quant à lui demandé "une augmentation des prix à la cantine pour que les producteurs s’y retrouvent". "Ce qui coûte cher, c’est la masse salariale dans le prix du repas, pas les produits" répondra Cécile Gallien. Les 3 candidates ont toutes convenu qu'il fallait payer plus cher les produits issus des exploitations mais pour Cécile Gallien, "il faut consacrer plus de budget pour se nourrir. Et il revient à chacun de faire cet effort-là". Sur ce point Isabelle Valentin a fait part de son inquiétude sur une perspective de baisse des budgets des collectivités locales.
Si pour Celline Gacon dont l'objectif est de "se passer au maximum des intermédiaires», le secrétaire général des JA43, Julien Duplomb a signalé que la Haute-Loire, département majoritairement laitier, n'écoulera jamais la totalité de sa production en local ; c'est pourquoi, "il faut des échanges. Mais l’agriculture ne retrouve malheureusement pas sa valeur sur ce marché". Les agriculteurs ont évoqué leurs problématiques techniques, à l'image de la lentille qui souffre de nombreuses contraintes imposées. "Notre temps d’adaptation est trop long, les contraintes sont énormes et les injonctions difficiles à entendre" a lancé Philippe Chatain secrétaire général de la FDSEA.
Questionnées sur l'image de l'agriculture et leurs projets en terme de formation agricole, les candidates ont leur petite idée sur la question. "On compte moins de 200 000 personnes en formation agricole en France... Il faut orienter vers l’agriculture" signale Cécile Gallien tandis qu'Isabelle Valentin souligne la nécessité " de lutter contre l’agribashing, d'ouvrir les fermes, de développer les stages et les expériences". Quant au conseiller de Celline Gacon, Laurent Johanny, il juge la question de la transmission importante mais selon lui "tout renvoie à la rémunération des agriculteurs. Il faut que l’alimentation redevienne le poste principal des ménages".