Crise du lait
Le cri du désespoir
Les sections laitières de la FDSEA et des JA ont organisé une action vers le grand public.

Samedi, c'est jour de marché à Guéret. Mais c'est aussi le jour qu’ont choisi les producteurs de lait creusois à l'appel de la section laitière de la FDSEA et des JA pour organiser une opération de communication et de sensibilisation du grand public, la semaine dernière.
Il fait encore nuit en ce samedi matin quand les premiers bruits de bidons se font entendre dans les rues guérétoises. Il est 7 heures et une vingtaine de producteurs laitiers creusois est déjà devant la Préfecture pour réveiller le Préfet. Après quelques minutes, ce dernier rejoint les manifestants pour un échange sans éclat mais déterminé avec les producteurs qui préviennent d'actions plus musclées si la situation devait perdurer. Le représentant de l'Etat conscient du contexte et du désarroi dans lequel sont les laitiers les assure de tout son soutien même si ce n'est pas lui en personne qui peut garantir leur salut. Le désarroi est grand, nombre d'entre eux sont prêts à arrêter si le prix du lait n'arrive pas à un niveau convenable.
Deux fois plus de besoins en 2040
Certains producteurs sont aujourd'hui à un prix de l'ordre de 260 euros/T alors que le coût de production est aux alentours de 300 euros/T. « Tous les matins, on se lève en sachant qu'on perd de l'argent », affirme un agriculteur. Le cortège s’est déplacé et maintenant il s'active en face de la Fontaine des Trois-Grâces. Le camion de lait est paré d'une rampe de distribution, les bouteilles de lait en plastiques sont ouvertes puis remplies pour être enfin distribuées gratuitement aux chalands qui, de passage sur le marché, s'approchent, curieux de toute cette agitation. Les premiers s'avancent le porte-monnaie à la main et demandent « combien c'est ? ». Les producteurs entament alors le dialogue autour d'un tract sur lequel on peut notamment lire que les besoins alimentaires de la planète vont être multipliés par deux d'ici à 2040, « Qui pourra alors vous nourrir ? », préviennent les producteurs comme un coup de semonce. Les échanges se poursuivent pour expliquer la situation et dire que le lait donné ici est gratuit.
Soutien et encouragement
Le temps passant, le bruit se répand et les gens affluent de toute part. « Vous avez raison de vous battre » lance un homme ici. « Nous vous soutenons de tout cœur, il ne faut pas baisser les bras » encourage une femme là. Toute la matinée, ce ne seront que messages de soutien et d'encouragement de tous les visiteurs. Certains insisteront même pour laisser quand même un petit « quelque chose ». Finalement, à midi, 3 000 litres de lait auront disparu dans les paniers des uns, dans les bras des autres.
Le diaporama
Après avoir discuté, accompagnés d’une vache laitière spécialement venue pour l’occasion, avec le préfet Jean Fabre devant la préfecture, les producteurs laitiers et les adhérents FDSEA présents samedi matin se sont installés place Bonnyaud pour y remplir des bouteilles de lait puis effectuer une distribution de tracts et un distribution gratuite de lait. L’occasion de vérifier combien la population les soutient dans leur mobilisation. Même les petits bébés y sont allés de leurs encouragements ! Ce fut l’occasion pour les producteurs de lait, tels Didier Bayer d’échanger avec le grand public et de l’informer sur les grandes difficultés qui pèsent sur la profession laitière.