L’apprentissage en pleine réforme
Une conférence organisée dans le cadre du Sommet de l’Élevage s’est intéressée à la réforme de la formation par apprentissage. Les acteurs concernés ont abordé les principaux points de la réforme qui est d’ores déjà entrée en application.
Parmi les nombreuses conférences qui sont habituellement proposées au Sommet de l’Élevage, il en était une qui s’intéressait à la réforme de la formation professionnelle et plus particulièrement à l’évolution de l’apprentissage. Pour évoquer cette thématique, Thierry Tricou, directeur du CFA agricole des Territoires d’Auvergne, a donné la parole aux principaux acteurs qui interviennent dans ce domaine : la DIRECCTE, l’OCAPIAT (issu de la fusion du FAFSEA et de OPCALIM), la DRAAF et la Région Aura.
Mesures incitatives
La réforme de l’apprentissage fait suite à la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Suite à un constat éloquent, « seuls 7 % des jeunes entrent en apprentissage en France contre 15 % au sein de l’EU », le Gouvernement a décidé de dynamiser l’apprentissage via l’application de mesures incitatives qui ont été présentées par Laure Fallet, directrice adjointe emploi et mutation économique à la DIRECCTE. Des mesures, qui selon elle, ont dores et déjà porté leurs fruits puisque le nombre d’apprentis devrait dépasser les 500 000 fin 2019.
Toutefois la profession agricole regrette que les mesures en faveur des employeurs concernent des contrats qui préparent à un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat. « Nous avons besoin de renouvellement dans l’agriculture et on doit pouvoir compter sur des apprentis qui deviennent de potentiel repreneurs, et on ne se contentera pas d’un bac. Aujourd’hui, le BTS est important même lorsque l’on est salarié » explique Pascal Servier, agriculteur et président du conseil de perfectionnement du CFA agricole des Territoires d’Auvergne.
Ce dernier s’est toutefois montré rassuré en raison d’une possible révision de la réforme de l’apprentissage. Malgré cet écueil, Pascal Servier a confirmé l’engagement volontariste de la profession agricole dans cette réforme.
La réforme induit par ailleurs quelques évolutions en matière de financement. Désormais le financement de la formation ne transite plus par la Région mais passe par les opérateurs de compétences. Pour le domaine agricole, l’opérateur compétent est l’OCAPIAT, lui-même issu de la fusion entre le FAFSEA et OPCALIM. « OCAPIAT va assurer la gestion et le financement des contrats d’apprentissage. Nous avons également un rôle d’appui technique pour les branches professionnelles et d’accompagnement des branches dans le rôle de certification professionnelle » a expliqué Delphine Clerc-Gessay conseillère formation au FAFSEA-OCAPIAT.
La Région reste aux manettes pour l’investissement
Même si le financement des formations ne transite plus par la Région Aura, « nous gardons des compétences dans le domaine de l’apprentissage ; on reste aux manettes pour l’investissement » a souligné la conseillère régionale Caroline Di Vincenzo. « Nous avons prôné l’apprentissage pendant 4 ans et revalorisé nos filières ; nous avons adapté les formations aux demandes et ouvert 4 nouveaux CFA. Résultat : le nombre d’apprentis a augmenté (48 200 en 2015 à 54 000 en 2019. Notre objectif de 55 000 apprentis pour 2021 sera bientôt atteint ».
Cet échange entre acteurs de la formation professionnelle a permis de faire émerger deux autres problématiques : le coût de l’apprentissage et des formations supportées par les CFA et la proximité des formations sur les territoires.
« Nos établissements agricoles ont un temps d’avance pour affronter cette réforme. Nous essayons de fédérer l’enseignement agricole autour de projets communs en vue d’améliorer l’offre de formations, de manière à ce qu’elle soit la plus dense et la plus pertinente possible » a indiqué Bruno Furon, chargé de mission formation professionnelle à la DRAAF.
La réforme de l’apprentissage n’apporte pas de réponse claire sur le financement des frais de déplacement des apprentis jusqu’à lors soutenu par la Région.
Caroline Di Vincenzo a par ailleurs souligné la mission d’orientation détenue par la Région et a mentionné son intention d’organiser des forums au coeur même des zones industrielles.