L'aménagement alimentaire du territoire, enjeu de sécurité
Face aux nombreux risques qui menacent notre sécurité alimentaire, Stéphane Linou, pionnier du mouvement locavore et auteur d'un ouvrage intitulé Résilience alimentaire et sécurité nationale, encourage les décideurs à repenser la géographie de notre alimentation.
« On a frisé la correctionnelle », estime Stéphane Linou, ancien conseil général et pionnier du mouvement locavore, en évoquant l'invitation lancée par Force ouvrière fin mars aux camionneurs à exercer leur droit de retrait. Car un arrêt du transport, en pleine crise du coronavirus, n'aurait pas manqué selon lui de créer des émeutes dans les supermarchés vides, et de déborder les forces de l'ordre, comme il le détaille dans un essai publié en 2019, intitulé Résilience alimentaire et sécurité nationale.
« Sans transports, il n'y a plus rien dans les supermarchés, puisque les gens ne produisent plus leur nourriture, que nous avons plus de tracteurs que de paysans, et qu'il n'y a pas de stocks alimentaires ni dans les collectivités, ni au niveau de l'État », résume Stéphane Linou. Or, les transports, prévoit-il, peuvent s'arrêter non seulement en raison de pandémies, mais également à cause de ruptures d'approvisionnement en pétrole, de blocages liés à des mouvements sociaux, de cyber-attaques sur la chaîne d'approvisionnement, ou encore des crises climatiques à venir. Pour prévenir ces risques, une seule solution selon Stéphane Linou : remettre l'alimentation au coeur de l'aménagement de l'ensemble du territoire.