La situation des agriculteurs de nos départements n'est plus tenable !
Depuis de nombreux mois, pour ne pas dire des années maintenant, les représentants syndicaux des FDSEA et JA alertent les pouvoirs publics sur la situation critique des exploitations.
Alors que certaines entreprises se targuent de faire des bénéfices record en 2015 sur le dos des producteurs, alors que les promesses de redistribution des marges dans les filières ne se concrétisent pas, les aides PAC accusent un retard sans précédent. Ce retard, dans le contexte de crise agricole que nous connaissons, a des conséquences dramatiques pour les agriculteurs.
Les FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de Corrèze, de Creuse et de Haute-Vienne ont donc décidé de le rappeler à l'ASP (l'Agence de Service et de Paiement).
Le vendredi 5 août 2016, c'est une délégation d'une trentaine d'agriculteurs qui a été reçue par François Projetti, directeur général délégué de l'ASP, au siège de la structure à Limoges.
Ces agriculteurs, qui avaient répondu à l'appel des FDSEA et des JA des trois départements du territoire limousin, étaient venus rappeler la situation critique des agriculteurs sur le terrain.
En effet, alors que les contrôles menés par l'ASP sont en cours en ce moment même dans les campagnes, les aides PAC de 2015 n'ont pas fini d'être versées. Les syndicats majoritaires martèlent pourtant depuis des mois que les agriculteurs connaissent de grandes difficultés économiques, que les cours ne permettent pas de vivre de son métier, et que des accompagnements sont indispensables pour passer cette crise. Dans ce cas, comment ne pas perdre son sang-froid quand les versements ont plus de neuf mois de retard par rapport à une année normale ?
Les agriculteurs, très remontés, ont expliqué à leurs interlocuteurs les problèmes qu'ils rencontrent au quotidien : les difficultés à maintenir la confiance des banques, les dettes qui s'accumulent et se déplacent chez les fournisseurs, ou encore les drames humains que chacun peut voir autour de lui.
Les représentants des Jeunes Agriculteurs lancent au Directeur : « les Jeunes sont dégoûtés du métier, avec tous les contrôles et les contraintes nouvelles qui arrivent tous les jours. Les contrôles sont très mal perçus. C'est une alerte que l'on vous fait, ça risque de finir mal ! ». Les aînés de la FDSEA renchérissent : « Il y a des risques pour les contrôleurs sur les exploitations. Les agriculteurs sont excédés par les tracasseries administratives. Il finira par y avoir des débordements ». Les représentants des syndicats ont conclu que si les contrôleurs ne faisaient pas un effort dans cette période compliquée, il y aurait moins d'agriculteurs demain, mais aussi moins de contrôleurs.
La délégation a insisté aussi sur la manière de faire le contrôle, que les agriculteurs n'étaient pas là à attendre le contrôleur, et qu'un peu de courtoisie et de pédagogie pour expliquer ce qu'il va se passer pendant et après le contrôle seraient les bienvenus.
François Projetti a assuré que des instructions seraient données aux contrôleurs pour un bon déroulement du contrôle et que les délais de prévenance seraient respectés. Il a rappelé que les agriculteurs avaient également la possibilité de repousser le contrôle s'ils ne peuvent pas être présent au moment du contrôle.
Le directeur général délégué a affirmé que sur les 18 000 dossiers à contrôler, 8 000 sont déjà clos sans qu'il y ait eu de contrôle terrain, sur la base d'un contrôle administratif. Fort de cette constatation, il a assuré aux agriculteurs présents que les aides du premier pilier pour la PAC 2015 seraient soldées dans la première quinzaine de septembre. En revanche, l'ICHN sera probablement versée plus tard, « mais avant le 15 octobre », a-t-il insisté. Les responsables syndicaux ont promis que si les aides n'étaient pas versées dans les temps, ils reviendraient, mais cette fois-ci, ce ne sera plus une simple délégation, mais bien un rassemblement massif !