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La Région mobilisée face aux aléas climatiques

Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes Emmanuel Ferrand, conseiller régional, a rencontré les responsables de la profession agricole des départements de l’Allier et du Puy-de-Dôme pour faire le bilan sur les aides sécheresses, la PAC et la gestion de l’eau.

Emmanuel Ferrand, a échangé avec l’ensemble des professionnels agricoles de l’Allier et du Puy-de-Dôme sur l’exploitation de Nicolas Perret, située sur la commune de Brughéas, en limite des deux départements.
Emmanuel Ferrand, a échangé avec l’ensemble des professionnels agricoles de l’Allier et du Puy-de-Dôme sur l’exploitation de Nicolas Perret, située sur la commune de Brughéas, en limite des deux départements.
© AA03

Près d’une cinquantaine d’agriculteurs, de responsables syndicaux et d’élus avait répondu à l’invitation d’Emmanuel Ferrand, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes, vendredi dernier, sur l’exploitation de Nicolas Perret, à Brugheas. Un objectif pour lui : « Je souhaitais faire le bilan des aides sécheresse distribuées par la Région, plus de 2 millions d’euros en 2019, sur les deux départements, et, pour la première fois, en faveur des producteurs de céréales, durement touchés. Lors de cette rencontre, nous avons également évoqué la situation catastrophique quant à la PAC et à la gestion de l’eau ». La Région Auvergne-Rhône-Alpes qui consacre, chaque année, plus de 100 millions d’euros pour l’agriculture et gère plus de 300 millions d’euros de fonds européens. Des enveloppes qui la positionnent comme première région de France, tous budgets agricoles confondus.

Un socle commun

L’agriculture subit régulièrement les affres de la météo, qu’il s’agisse de la sécheresse, de la grêle ou de la neige. La Région Aura a donc fait de l’une de ses grandes priorités, l’accompagnement des agriculteurs, touchés par un aléa climatique, à faire face au remboursement d’emprunt en cours pour des investissements productifs réalisés. Des dépenses subventionnables sur la période 2019-2020.

L’élevage soutenu, les cultures désormais concernées

Ces dernières années ont été particulièrement éprouvantes, notamment, à travers plusieurs épisodes de sécheresse provoquant des pertes considérables pour les exploitants. Comme en 2019, l’enveloppe budgétaire atteint cette année les dix millions d’euros pour les éleveurs bovins, ovins, caprins et équins impactés. Emmanuel Ferrand précisant que « les exploitations situées sur un territoire dont les pertes estimées sont inférieures à 30 % ne sont pas aidées. Cependant, l’aide est différente si l’exploitation se trouve sur un territoire impacté ou fortement impacté, notamment avec des pertes supérieures à 40 %. La taille de l’exploitation (UGB) est également prise en compte. Les forfaits étant compris entre 300 et 2 000 euros ».  Au total, ce sont 8 327 dossiers qui ont été retenus et seulement 337 qui ont été jugés non recevables. Les cultures ont, elles aussi, et pour la première fois, été aidées grâce à une enveloppe de 2,4 millions d’euros. Au total, ce seront près de 1500 exploitations qui devraient pouvoir en bénéficier dans la région, qu’elles produisent céréales, oléagineux, protéagineux, pommes de terre ou betteraves sucrières. Emmanuel Ferrand précisant que « les pertes céréalières ne sont pas analysées précisément par les commissions d’enquêtes départementales (CDE) car elles sont assurables. Pour mettre en place le dispositif d’aide, nous nous sommes appuyés sur les CDE qui ont travaillé sur les pertes fourragères dans le cadre du dispositif calamité agricole de l’État. Nous sommes partis du principe que les communes ayant eu des pertes fourragères importantes étaient bien celles qui avaient été confrontées à un épisode fort de sécheresse. Une analyse partagée avec la FRSEA ». Signalons également que toutes exploitations possédant plus de 20 hectares de surfaces en grandes cultures sur des communes éligibles dont les pertes sont supérieures à 50 % sont concernées. Celles en polyculture élevage ont pu également déposer deux demandes, sachant que l’aide apportée sera égale au forfait le plus avantageux. Des forfaits évoluant entre 1 000 et 2 000 euros. « À ce jour ce sont 1 126 dossiers qui ont été votés pour 1,46 millions d’euros et 186 ont été refusés. La prochaine commission doit se tenir en juillet avec 147 dossiers instruits ». 

Les dégâts liés à la grêle et à la neige aussi concernés

Viticulture, arboriculture, maraîchage et horticulture sont des secteurs particulièrement concernés par les averses de grêles. Des professionnels qui ont, eux aussi, pu bénéficier d’une enveloppe budgétaire de la région Aura, d’un total de six millions d’euros dont un million est réservé à la viticulture mais dans certaines conditions précisées par Emmanuel Ferrand : « La profession a mobilisé son expertise pour identifier les communes les plus impactées. Seules les exploitations ayant eu des pertes importantes, supérieures à 50 % et cultivant des surfaces agricoles sur ces communes sont éligibles ». Le montant des aides évoluant, selon les surfaces concernées, entre 5000 et 10 000 euros. 547 dossiers ont déjà été retenus pour une enveloppe de
3,37 millions d’euros. En juillet, ce sont quinze dossiers supplémentaires qui seront instruits.  Concernant les dégâts liés à la neige, la région s’appuie sur le zonage mis en place par l’État dans le cadre de sa procédure calamité agricole et dans le cadre de pertes non assurables. Les montants des forfaits seront du même ordre que ceux donnés au titre des dispositifs grêle et gel. Les modalités de dépôt des dossiers sont en cours de construction mais ne sont, en revanche, pas encore arrêtés. Le zonage par l’État venant d’être établi suite aux commissions d’enquêtes fastidieuses à mettre en place. Emmanuel Ferrand complétant qu’ « au total, toutes calamités agricoles confondues, la Région aura accompagné à ce jour (hors neige de novembre), 10 032 dossiers pour un montant de 15,43 millions d’euros, afin de faire face aux intempéries de l’année 2019 ».

Des inquiétudes quant à la prochaine PAC

Une politique agricole commune qui est actuellement en pleine révision concernant la future programmation. Une situation très compliquée pour Emmanuel Ferrand : « Nous n’avons aucune visibilité ! Le budget n’est pas arrêté à ce jour et on nous annonce des baisses très importantes dépassant les 25 %. Le Conseil régional est autorité de gestion, c’est lui qui distribue les fonds européens. Nous travaillons avec l’ensemble des régions de France mais nous sommes conscients que notre pouvoir est limité car c’est l’État qui négocie avec Bruxelles. Nous espérons que la crise liée à la Covid-19 donne un coup de pouce à travers cette prise de conscience que l’agriculture est un secteur essentiel, stratégique. Nous avons quelques signes, quelques frémissements positifs. Il manquait 90 milliards d’euros au niveau européen. L’Europe vient d’annoncer 45 milliards d’euros supplémentaires, nous en sommes donc à la moitié ». A cela s’ajoute une grosse incertitude quant à l’année 2021, une année de transition entre les deux programmes avec une baisse de 65%. Et, c’est sur ce point qu’Emmanuel Ferrand et les acteurs de la profession souhaite se mobiliser : «  Il faut que les élus, les pouvoirs publics se rendent compte que cette situation est insurmontable. Une année blanche n’est pas envisageable sans voir l’écroulement de toute la filière. Nous ne pourrons pas faire face ! ».

L’eau, un enjeu pour l’avenir

Si la pluviométrie, depuis ces derniers mois, est satisfaisante, que les récoltes de foin sont correctes et les céréales prometteuses, à long terme, les évolutions climatiques sont indéniables et il faudra s’y adapter. Des pistes sont en cours d’étude selon Emmanuel Ferrand : « Le problème, ce n’est pas la quantité d’eau mais la répartition des averses qui a changé. De grosses quantités peuvent s’abattre à des périodes de l’année et, à d’autres, plus aucune goutte ne peut tomber pendant plusieurs mois. Nous travaillons donc sur des solutions de stockage et d’économie de l’eau avec l’ensemble des acteurs de la profession. Les agriculteurs sont bien sûr directement concernés mais l’eau c’est aussi un enjeu sécuritaire pour lutter contre les incendies. Il faut donc que les services de l’État, les agences de l’eau s’impliquent réellement aux côtés des agriculteurs pour trouver des solutions ensemble ».

Sébastien Joly
L’Allier Agricole

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