La mobilisation se poursuit sur le terrain politique
Malgré les annonces et promesses, la FRSEA MC veut un cadre sécurisé par le législateur français et une intervention européenne.
Après des semaines de mobilisation des paysans du Massif central, le ministère de l’Agriculture vient d’accepter de revoir les taux de pertes et le zonage du dossier sécheresse. C’est une victoire ?
Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central : La justice a enfin été rendue sur ce dossier mais c’est quand même dommage qu’on ait été obligés de manifester pendant quatre semaines pour obtenir gain de cause ! C’est aujourd’hui un sujet réglé et il faut maintenant que les indemnisations arrivent au plus vite sur le compte des éleveurs, tout comme les compléments du Conseil régional, du Département et les remboursements de la TFNB (taxe foncière sur le non bâti, NDLR).
Il aura aussi fallu mettre une pression sévère pour que le comité scientifique, annoncé fin décembre sur la question des rats taupiers, se réunisse enfin, le 10 mars. On aurait pu sur ces deux sujets gagner du temps, de l’énergie au lieu d’en dépenser pour revenir sans cesse à la charge malgré des engagements et des annonces au plus haut sommet de l’État.
Sur les prix en revanche, vous considérez qu’on est encore loin du compte malgré des annonces de Valls et des promesses des GMS...
La baisse de sept points sur les cotisations sociales annoncées par Manuel Valls va dans le bon sens, on est tous preneurs de ces allégements de charges. C’est une réponse que l’on acte mais l’avenir des éleveurs reste dans les prix. Et là, effectivement, les choses ne sont pas réglées.
La mobilisation des éleveurs du Grand Massif central et des collègues de Rhône-Alpes ces dernières semaines, et notamment le blocage de l’ensemble des plates-formes d’approvisionnement des principales enseignes de la grande distribution, a permis d’obtenir de premiers engagements de la part de ces enseignes, mais ce n’est pas suffisant. La grande distribution a accepté de maintenir ses prix d’achat au niveau de 2015, de privilégier les viandes d’origine française..., c’est bien. Mais s’il faut manifester tous les trois mois, bloquer les centrales tous les quatre matins pour que ces engagements s’inscrivent dans la durée avant de devoir se tourner vers un autre maillon de la filière qui ne joue pas le jeu, on ne s’en sortira pas ! La juste répartition des marges et le respect des coûts de revient des producteurs doivent être la priorité.
Il faut que ce cadre soit sécurisé par des actes politiques. C’est la raison pour laquelle, à l’échelle une nouvelle fois du Massif central et de Rhône-Alpes, nous avons décidé d’aller sur le terrain politique, de saisir les parlementaires puisque toute solution pérenne reste d’ordre politique. Nous leur avons demandé dès mardi de s’engager par écrit sur deux points essentiels. Le premier : que dans le cadre du projet de loi Sapin 2 – qui doit être examiné en mars au Parlement – il soit acté que les distributeurs et les industriels aient la responsabilité juridique de respecter le coût de production de leurs producteurs-fournisseurs. Les lois actuelles, notamment la LME, sont faites pour les acheteurs, il faut donc inverser les priorités de la loi !
Le second engagement porte sur le volet européen : il faut que la France obtienne que ce cadre national soit conforté par Bruxelles. Après tout, Cameron a bien eu des exigences, Hollande doit en avoir pour l’agriculture française ! Sur le plan européen toujours, il faut que Paris négocie une augmentation significative des prix d’intervention publique, notamment sur le lait, ainsi que des mesures immédiates pour favoriser les exportations, par le biais de crédits à l’export quelle que soit la production.