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« La France ne peut pas renoncer au potentiel énorme de son agriculture ! »

Interview de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

© HLP

Le 4 octobre, le Président de la République a effectué une visite surprise au Sommet de l’élevage. Il est allé à la rencontre des éleveurs et a échangé avec les responsables agricoles. Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, l’a interpellé sur les sujets qui inquiètent le monde agricole. Il est impératif de redonner de la compétitivité à l’agriculture ! Dans cet objectif, des décisions s’imposent en urgence.

Comment votre rendez-vous avec le Président de la République s’est-il déroulé ? Notre objectif était double. Nous voulions interpeller le Président de la République sur la perte de compétitivité de l’agriculture, un constat structurel extrêmement préoccupant ; mais aussi l’alerter sur des problématiques actuelles qui grèvent notre quotidien. Parmi les plus graves, une sécheresse d’une ampleur historique, puisque pas moins de 87 départements français ont été touchés. Les agriculteurs ont besoin de fourrages, de solutions pour leur trésorerie. Pour cela, le fonds des calamités agricoles doit être suffisamment abondé. Le ministre de l’Agriculture s’y est engagé, nous serons intransigeants. À ces soutiens ponctuels doit s’ajouter une réflexion pour une action de long terme : nous avons rappelé à Emmanuel Macron la nécessité de pousser bien plus avant les améliorations pour faciliter l’accès aux assurances climat, elles sont nécessaires pour que les agriculteurs puissent surmonter ces aléas désormais plus violents et plus récurrents. Enfin, il est impératif de faire sortir de terre des projets d’irrigation sur l’ensemble du territoire. Nous avons fermement alerté le Président de la République sur la question des prix à l’issue des EGA. Les quelques retours positifs dans la filière laitière sont comme l’arbre qui cache la forêt. Dans le secteur de la viande bovine, très représenté au Sommet de l’élevage, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Un an après le vote de la loi Egalim, nous avons donc insisté auprès du Président : le travail doit absolument se poursuivre afin de pousser les opérateurs à respecter la construction du prix en marche avant et à renforcer la contractualisation à 5 ans, avec des garanties de volumes et de prix, pour donner de la visibilité aux producteurs.

Concernant le Ceta, le président de la République a-t-il entendu vos inquiétudes ?Nous lui avons renouvelé l’expression de nos craintes sur les distorsions de concurrence engendrées par la signature de cet accord de libre-échange. La majorité gouvernementale met en avant les avancées qu’il permet pour certaines filières ; de notre côté, nous avons insisté sur le fait que l’agriculture, dans sa globalité, et plus particulièrement le secteur bovin, avait beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner. Savoir que la France va exporter plus de vins et de spiritueux ne mettra pas un euro dans la poche des éleveurs ! Le Gouvernement envisage-t-il des compensations pour les dégâts collatéraux ?Les garanties proposées par le Gouvernement sur l’étiquetage, les contrôles et la clause de sauvegarde ne suffisent pas à rassurer la FNSEA. Nous avons pointé avec fermeté les distorsions insurmontables que crée cet accord : distorsions sur les modes d’élevage, sur l’utilisation d’antibiotiques, de farines animales et de produits phytopharmaceutiques interdits dans l’Union européenne !Nous ne sommes pas opposés au commerce, nous demandons que les règles soient les mêmes pour tous. Nous avons besoin d’une ligne politique claire.

Qu’avez-vous demandé à Emmanuel Macron pour améliorer la compétitivité de l’agriculture française ? La perte de compétitivité de l’agriculture est une source de préoccupation majeure pour les agriculteurs, beaucoup trop de voyants sont au rouge, or les décisions indispensables au rebond ne viennent pas. « Notre agriculture brûle et nous regardons ailleurs ! ». J’ai demandé au Président de la République un rendez-vous en urgence pour présenter le Pacte productif que nous avons construit avec l’Ania et Coop de France. Ce Pacte a pour ambition de favoriser des filières efficaces, compétitives et de recréer ainsi de la valeur pour tous les acteurs. La balance commerciale agricole négative en 2018 résonne comme un dangereux recul. Une concurrence intra-européenne intense favorise l’arrivée massive de viandes, de fruits et légumes, à bas prix sur notre marché intérieur. C’est insupportable ! En 10 ans, les importations de légumes ont progressé de 50 % et celles de fruits de 67 % ; 67 %, c’est aussi le pourcentage de volaille étrangère consommée dans les cantines. La France tourne-t-elle le dos à son agriculture ? Nous le dénonçons ! Il est indispensable de rebondir, il est impératif et urgent que le Gouvernement prenne les décisions qui s’imposent !Les propositions du Pacte productif sur la fiscalité, le financement, l’innovation, l’investissement, l’allégement des contraintes et des charges distorsives, constituent un panel de solutions que le gouvernement doit adopter et concrétiser sans délais. L’agriculture veut encore contribuer à la richesse nationale, elle peut créer de l’emploi, mais elle se sent aujourd’hui sous-considérée et rabrouée sur tous les plans. Notre ambition : redevenir leader. La France ne doit pas renoncer au potentiel énorme de son agriculture, enviée du monde entier, qui aujourd’hui souffre économiquement et moralement !

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