Syndicalisme
La FDSEA monte au créneau
A l'issue du conseil d'administration de la FDSEA, le 10 novembre dernier, les responsables syndicaux ont interpellé les pouvoirs publics et les élus pour dénoncer les effets négatifs du plan Sarkozy.
Après les annonces du plan d'urgence, présentées par le Président de la République Nicolas Sarkozy, le 27 octobre dernier, les réactions de nombreuses organisations professionnelles agricoles ont été multiples, tant sur la forme que sur le fond. Pour la FDSEA de la Creuse, réunie en conseil d'administration le 10 novembre dernier, les critiques sont nombreuses pour dénoncer un plan qui ne correspond en rien à la demande de la profession et encore moins à celle des éleveurs. Selon le président de la FDSEA, Philippe Monteil, « le Président de la République nous annonce 1,650 milliard d'euros dont un milliard de prêts de consolidation et de trésorerie et 650 millions pour des aides à géométrie variable. Or nous avons demandé et nous exigeons toujours, une année blanche pour tous les éleveurs pour sortir de cette impasse ».
Si l’ensemble des membres du conseil d’administration de la FDSEA sont restés unanimes sur cette demande, de nombreuses questions restent posées sur son application et sa mise en œuvre. « Il ne faudrait pas que la mise en place de ce plan ressemble à celle du plan Barnier » a déclaré Thierry Jamot, secrétaire général de la FDSEA. « Celui-ci a été annoncé en novembre 2008 par l'ancien ministre et il n'est pas encore soldé ». Pire encore : les crédits pour la PHAE en 2010 semblent être remis en cause par le gouvernement. Les membres de la FDSEA ont dénoncé unanimement l'attitude irresponsable des pouvoirs politiques à propos de cette mesure. Sous prétexte de l'application de la nouvelle prime à l'herbe économique, elle permettrait d'économiser sur le budget national. Une situation qui ne peut que révolter les éleveurs à un moment où le contexte agricole est au plus mal.
Rencontre avec le préfet
A l'issue de ce conseil d'administration, la FDSEA a pris l'initiative de rencontrer le préfet Jean Fabre ainsi que le Directeur départemental de l'agriculture Didier Kholler afin de leur exposer les préoccupations des agriculteurs sur la mise en œuvre du plan annoncé par le Président de la République. Pour la FDSEA, le message est clair : « Ce plan doit être mis en place rapidement comme l'a annoncé le chef de l'État. Il n'est pas nécessaire de faire des dizaines de réunions pour définir une stratégie » a ainsi expliqué le président Philippe Monteil. Message reçu 5 sur 5 par le préfet, qui a bien compris que les choses devaient aller très vite, même si un minimum de concertation était nécessaire pour fixer les axes de travail tant pour la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt que pour les autres acteurs comme les banques ou encore la MSA.
Rencontre avec le député Jean Auclair
Comme pour un véritable marathon, les membres de la FDSEA, après leur conseil d'administration et la rencontre chez le préfet, n'ont pas perdu de temps pour rencontrer de nouveau le député Jean Auclair. Ceci afin de lui expliquer les raisons du désaccord de la profession sur le plan Sarkozy. En effet, si la profession agricole s'est prononcée en faveur d'une année blanche, à savoir le report en fin de tableaux d'amortissement de l'ensemble des échéances bancaires, le Président de la République a choisi une autre option qui ne répond pas du tout aux attentes des éleveurs. « Emprunter plus pour s'endetter plus » n'est pas la bonne solution a expliqué le président de la FDSEA « tout comme les mesures FAC où le système AGRIDIF qui ne touchent qu'une partie des éleveurs alors que l'ensemble profession est touché par cette crise ».
Quant aux allégements des cotisations sociales, la FDSEA craint qu'elles ne soient exclusivement orientées en faveur des utilisateurs de main-d'œuvre, autrement dit aux viticulteurs, maraîchers, ou arboriculteurs alors que dans nos zones d'élevage aucune mesure ne correspond véritablement à notre spécificité.
Les responsables syndicaux ont aussi rappelé au député, que non seulement ce plan ne va pas dans le sens souhaité par la profession, mais que les crédits alloués à la PHAE risquaient de disparaître dès 2010. Conscient de ces évidences, Jean Auclair a précisé que « les arbitrages sont en cours au niveau du ministère de l'agriculture », tout en essayant de rassurer son auditoire en expliquant que le chef de l'État a tenu compte de l'ensemble des productions françaises, mais tout en estimant que des efforts doivent être faits en faveur des éleveurs.
A.M