La campagne salers démarre sur un cafouillage
Les producteurs sont mécontents de la façon dont l’administration gère la dérogation “gerle”. Ils demandent plus de souplesse.

Un décalage entre les discours et les actes
A la date du 27 avril, la DSV précise de son côté qu’elle
comptabilisait 59 dossiers de demande de dérogation, dont 25
dérogations accordées, 10 autorisations ajournées pour demandes de
compléments d’informations et 9 refusées au motif que les producteurs
n’ont soit pas fourni d’analyses, soit pas fait la preuve qu’ils ont
mis en place des actions correctives pour améliorer leur situation
sanitaire. “Ces refus, dûment notifiés et motivés auprès des
producteurs comme du Comité interprofessionnel des fromages, ne sont
jamais définitifs. Dans tous les cas, le fabricant pourra présenter une
nouvelle demande sur la base de nouveaux éléments”, a confirmé
Christian Salabert devant les producteurs, visiblement rassurés de cet
éclaircissement. Le DSV a insisté sur le fait que l’Etat joue le rôle
de garant de la sécurité sanitaire des produits auprès des
consommateurs, tout en se défendant d’appliquer la réglementation de
manière rigoriste et sans discernement. “Nous essayons d’avoir une
approche positive des choses, mais il ne s’agit pas de donner un chèque
en blanc”, dit-il.
Plus de souplesse dans l’application de la règle
Les producteurs ont plaidé pour qu’un système de “dérogation
conditionnelle” permette à un producteur de continuer à fabriquer, tout
en s’engageant dans un protocole sanitaire renforcé. Sur le critère
staphylocoques notamment, ils ont proposé qu’une surveillance des lots
à l’affinage soit mise en place, le temps que le producteur puisse
identifier le problème et le régler. Ils ont d’autre part insisté pour
que l’administration notifie plus rapidement encore les autorisations
ou refus de dérogation, “car chaque jour compte”. Enfin, ils sont
ressortis de l’entretien avec le sentiment qu’une solution pourrait
être trouvée pour faire évoluer la réglementation qui interdit pour
l’heure la fabrication des produits dérivés dans la gerle en bois. De
son côté, le préfet Jean-François Delage estime que “les efforts
pédagogiques faits par la DSV en liaison avec le Cif portent leurs
fruits”, et que “la situation n’est pas aussi catastrophique que
pourraient le laisser penser certaines prises de position”. “Je pense
que les producteurs sont en train de prendre conscience de l’enjeu
sanitaire et que l’avenir de leur filière ne dépend pas de décisions
administratives mais de leur capacité à relever ce défi sanitaire”.