FDSEA : Joël Piganiol à la tête d’une nouvelle équipe
Le conseil d’administration de la FDSEA réuni vendredi en terres pierrefortaises a élu Joël Piganiol à la présidence de la fédération et Guy Touzet, secrétaire général.
Son engagement syndical, Joël Piganiol, qui vient d’être élu à la présidence de la FDSEA du Cantal, le doit à un certain Patrick Escure (actuel président de la Chambre d’agriculture) et à Marie-Claire Rouchès (jadis Croutes, alors au bureau du CDJA). Une rencontre marquante voilà plus de 20 ans organisée à la Maison familiale de Marcolès qui a suscité la curiosité et titillé la motivation d’un jeune éleveur qui, depuis, n’a jamais relâché son investissement pour défendre le collectif, sa profession et les territoires ruraux.
Vous prenez la relève de Patrick Bénézit, une figure forte du syndicalisme cantalien...
Joël Piganiol :“Patrick m’a sollicité en 2011 pour l’épauler en tant que secrétaire général, on a conduit ensemble deux mandats avec une organisation qui s’est bâtie autour d’une équipe de responsables. Le deuxième mandat a été particulier du fait de l’engagement de Patrick tant au niveau Massif central que national, ce qui m’a amené à animer un peu plus l’échelon départemental et à me préparer à la fonction de président dans le cadre d’un accord commun. Ça a été une bonne collaboration, j’ai apprécié de travailler avec lui, quelqu’un d’intransigeant, de très rigoureux et méthodique. Ça ne me surprend pas qu’il porte aujourd’hui des dossiers de premier plan au niveau national. On connaissait son potentiel tant comme leader d’hommes que bosseur acharné sur les dossiers. Je reprends le flambeau avec une équipe qui a été validée vendredi en conseil d’administration avec Guy Touzet comme secrétaire général. C’est un “récent” engagé dans la représentation syndicale, mais qui a fait ses preuves depuis quatre-cinq ans avec un temps fort qui l’a révélé : l’organisation des manifestations sur Saint-Flour à l’été 2015 et dans les mois qui ont suivi, en gérant une forte pression et en parvenant à maintenir une mobilisation importante. Le fait d’avoir un binôme avec un producteur de lait du secteur de Saint-Flour est quelque chose d’intéressant. Le nouveau bureau est composé de 15 membres, avec un mixte d’expérience, via des responsables déjà porteurs de dossiers au niveau régional et national pour la plupart, et de gens qui sont en train de monter.”
Œuvrer au renouvellement syndical
Avec l’érosion du nombre d’agriculteurs, de la main d’œuvre sur les exploitations, cela ne devient-il pas complexe de recruter pour étoffer les rangs syndicaux ?
J. P. : “On a la chance d’avoir dans ce département une dynamique entretenue. Quand on sait que les dosssiers sont travaillés, portés et qu’ils avancent, ça facilite l’engagement. Ceci dit, il faut rester vigilant et l’un des objectifs prioritaires de ce mandat sera d’œuvrer à l’émergence de nouveaux responsables en lien avec les JA, dans l’esprit porté par Patrick Escure.”
Quel est aujourd’hui le poids de la FDSEA du Cantal sur l’échiquier national ?
J. P. : “On peut se prévaloir d’un nombre d’adhérents encore conséquent avec un taux d’adhésion de 40 % du total des exploitations cantaliennes et un réseau communal ou intercommunal dynamique. Cela rend le Cantal incontournable à l’échelle Massif central où l’on est souvent leader sur pas mal de dossiers, mais aussi à l’échelle de la région Aura et à la FNSEA où les Cantaliens sont forcément écoutés et notre FD mise en avant.” Quelles sont aujourd’hui vos relations avec les OPA(1) du département ? J. P. : “Plutôt apaisées. Par contre, bien que nombre d’OPA soient aujourd’hui adossées à des entités au minimum régional, il y a un travail à mener en faveur d’un positionnement cantalien. Ce sera un autre axe fort du mandat, sachant qu’au sein du Caf(2) 15, les responsables partagent cette ambition d’un projet politique cantalien.”
Les dernières années ont été émaillées de crises et aléas à répétition. Redonner des perspectives aux éleveurs du Cantal ne s’annonce pas chose aisée...
J. P. : “En tant que secrétaire général, j’ai eu la chance d’avoir été sollicité régulièrement pour aller aux quatre coins du département, rencontrer bon nombre de mes collègues. Ces échanges ont été une vraie richesse même si on se retrouve parfois face à des situations délicates. Ça m’a permis de bien connaître et mesurer les problématiques du terrain. Fort de cette expérience, je décris aujourd’hui une ferme cantalienne qui dispose de vrais atouts, avec des agriculteurs très dynamiques et déterminés, comme le prouvent les chiffres des projets bâtiments, d’installation, les investissements... C’est quelque chose à mettre d’ailleurs pour une meilleure reconnaissance de l’agriculture qui reste le premier pilier économique et le socle social du département. “Il faut un signal fort des entreprises” Il ne faut évidemment pas occulter le fait que des combats sont ouverts, dont celui des prix agricoles qui reste la priorité. Outre les approches nationales sur ce dossier, on a localement des leviers d’actions rapides et concrets, notamment sur les AOP fromagères. Il faut qu’un message fort et rapide soit adressé par la filière AOP aux producteurs engagés. Si la filière AOP tire et amène de la valeur, cela permettra à tous les producteurs de lait, en conventionnel, bio, démarche montagne, de tirer leur épingle du jeu.”
Sauf que ce signal tarde à arriver...
J. P. : “On commence à voir les lignes bouger en saint-nectaire avec une adéquation entre la production et les besoins des entreprises. Du coup, on a des propositions de prix à 390 €/ 1 000 l aujourd’hui (NDLR, en laitier). Il faut décliner cette tendance dans les autres AOP. Cela fait longtemps qu’on dit aux entreprises que le lait ne se fait pas sans les hommes. C’est dommage de devoir en arriver à des situations de déséquilibre pour qu’elles s’en rendent compte !”
Et sur le front à venir de la future Pac ?
J. P. : “Même si la nouvelle Pac n’est pas annoncée avant 2022-23, le dossier est ouvert sur la table des instances européennes et de la profession. Il nous faut être exigeants pour maintenir et renforcer des soutiens spécifiques en faveur de l’agriculture de montagne et de l’élevage, et ce, même si la réflexion est aussi lancée sur un accompagnement assurantiel via des fonds (sanitaire, peut-être climatique...) de mutualisation plutôt que des systèmes privés.”
Et puis il y a tous les sujets sociétaux...
J. P. : “Oui, on a le sentiment d’être systématiquement attaqués sur nos pratiques. Pourtant, un agriculteur du Cantal, qui élève ses animaux à l’herbe, en montagne, sur une structure familiale, a une grande partie des réponses qu’attend la société. À nous de mieux expliquer et, peut-être, d’associer à ces pratiques de la valeur à la fois via un prix et la future Pac.” Parce que la société change, le mode d’action syndical doit-il aussi évoluer ? J. P. : “Même si le poids de l’agricuture dans le Cantal est supérieur à ce qu’il est en moyenne en France, on voit bien que l’expression syndicale doit effectivement évoluer. On ne refera plus les grandes manifs des années 80. On se doit d’écouter la société, de travailler des relations différentes avec les associations, ONG, les fédérations de pêche, chasse, les autres organisations patronales, comme la CPME... pour bâtir des accords qui aujourd’hui sont possibles, y compris parfois sur des sujets sensibles. Et tracer des voies de progrès qui sont aussi le moyen de montrer que les agriculteurs ont l’ambition d’influer positivement sur le climat, le bien-être animal, la qualité des produits...”
(1) Organisations professionnelles agricoles.
(2) Conseil de l’agriculture française.
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