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Des signes extérieurs de sécheresse inquiétants

Alors que dans bien des secteurs, les recharges d’hiver n’ont pas été suffisantes pour combler le déficit hydrique accumulé ces deux dernières années, ce printemps 2020 particulièrement sec, et froid en début de période, fait craindre le pire avec des dégâts jugés déjà irréversibles en particulier sur les cultures. Tour d’horizon dans le Massif central.

Les premières fauche d’herbe présentent des rendements relativement faibles.
Les premières fauche d’herbe présentent des rendements relativement faibles.
© SC

Des arroseurs qui tournent régulièrement depuis début avril sur la plaine de la Limagne et dans le Val d’Allier. Des cultures qui commencent sérieusement à baisser du nez, et une pousse de l’herbe ralentie par le froid, le chaud et le vent. Sous le coup d’un anticyclone robuste, la pluie est aux abonnés absents en particulier dans le Massif central qui fait encore une fois les frais d’une météo capricieuse, mettant à rude épreuve le moral des agriculteurs déjà ébranlés par la situation sanitaire liée au covid-19. « Très clairement, je ne vois pas comment nous allons pouvoir nous relever d’une troisième année de sécheresse consécutive », témoignent unanimement les agriculteurs interrogés. Derrière le sort qui s’acharne, il y a cette impression de voir son travail ruiné au fil des saisons.

Des nappes déjà déficitaires
Dans les faits, selon les données de Météo France, déjà en fin d’hiver, la situation était très contrastée. Si les cumuls de pluie ont souvent été excédentaires de plus de 30 % sur la moitié nord du pays, le volume des précipitations est resté en revanche déficitaire sur la moitié sud. « Le déficit a atteint 25 % de l’Allier au nord de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées hormis sur le relief. Du Massif central et de l’ouest de Rhône-Alpes aux régions méditerranéennes ainsi que sur le sud de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, les cumuls ont été déficitaires de plus de 30 %, voire de plus de 70 % sur les Pyrénées centrales, de l’est du Languedoc-Roussillon à la moyenne vallée du Rhône et aux Alpes du Sud ainsi qu’en Corse ». La situation ne s’est guère améliorée à l’entrée du printemps, comme en témoigne le service géologique national (BRGM) : « À partir de mi-mars, les nappes ont bénéficié de l’essentiel de leur recharge 2019-2020. Celle-ci a été nettement supérieure à la moyenne, du fait de pluies efficaces précoces et conséquentes. La situation en mars est très favorable, avec des niveaux autour de la moyenne à très hauts sur une grande partie des nappes. La situation est moins favorable sur les nappes de l’extrême sud de la plaine d’Alsace, du couloir de la Saône et du Rhône et de l’est du Massif central. Ces nappes accusent toujours les déficits pluviométriques de ces dernières années, même si l’effet bénéfique de la recharge continue à se faire sentir ».

Le vent, le gel…
Dans les annales de la météo, ce début de printemps restera le plus sec jamais observé sur certaines régions, notamment en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. Du 15 mars au 15 avril, il est tombé 1 mm à Lyon, 2 mm à Dijon et Mâcon, 3 mm à Grenoble alors qu’il tombe en moyenne une soixantaine de millimètres à cette époque de l’année sur ces villes. Du côté de Clermont-Ferrand, on a enregistré seulement 37 mm de pluie depuis le 1er janvier…, et à peine 2 mm depuis le début du mois d’avril. Les épisodes de vent fréquents avec la bise de nord-est au nord et l’autan dans le sud-ouest ont contribué à accélérer le desséchement des sols. À cela s’ajoutent des températures élevées les après-midis et un ensoleillement important qui entraînent une forte évaporation des sols. Enfin, la végétation qui a déjà bien démarré voit ses besoins en eau s’accroître rapidement. Tous ces facteurs ont aggravé une situation déjà critique liée à l’absence de précipitations. Installé à Gouise, dans l’Allier, Jean-Marie Chedru a relevé 30 mm depuis le 1er mars. Une pluviométrie évidemment trop faible qui met en difficulté ses blés, « on sent le foin dans la cour ». Et d’espérer « s’il se mettait à pleuvoir correctement, on pourrait sauver les meubles ». Une dernière chance que n’auront pas ses colzas, détruits en trois nuits par un épisode très sévère de gel. « Nous étions pourtant face à des colzas sains d’1,80 m ». Des températures de -5 à -6 ° couplées à un vent de 40 km/h auront eu raison de ces 100 hectares, qu’il doit aujourd’hui retourner pour implanter du tournesol ou du soja. Jean-Marie est loin d’être un cas isolé, sur les réseaux, les agriculteurs sont nombreux à déplorer des dégâts conséquents de gel, sans compter que les parcelles atteintes de virose du blé et de l’orge sont légions dans la région. En cause, une pression parasitaire assez forte à l’automne de pucerons et de cicadelles.

L’herbe sèche sur pied
Côté herbe, après déjà deux campagnes fourragères particulièrement compliquées qui ont réduit à zéro le niveau des stocks dans bien des exploitations, la chaleur de cette première quinzaine d’avril inquiète les éleveurs qui voient leurs stocks d’herbe sur pied se réduire de jour en jour. « Il faudrait 50 à 80 mm d’eau pour faire pousser l’herbe et vite », témoigne David, éleveur dans le Puy-de-Dôme. Après deux années très sèches, la flore des prairies s’est fortement dégradée. La pluie est donc vitale. Le 15 avril, Denis, éleveur laitier dans la Loire a entamé sa première fauche avec des résultats loin du compte. « L’herbe est déjà bien sèche, il faut absolument qu’il pleuve pour espérer une seconde fauche plus importante ». Plus au sud, dans le Cantal, l’inquiétude est la même. « Les prairies sont en train de griller au mois d’avril du jamais-vu sur le département, s’il ne pleut pas rapidement nous serons plus d’un en grande difficulté », témoigne Cédric, éleveur allaitant.

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