Comment la presse générale évoque l’agriculture ?
L’année qui vient de s’écouler a vu l’agriculture exceptionnellement présente dans les médias, en particulier lors des manifestations de l’été. La presse écrite, les TV et les radios se sont fait largement l’écho de la crise ressentie et exprimée principalement par les éleveurs.
De l’exceptionnel et de l’audience : voilà ce que doit susciter une information pour faire un titre dans les médias généralistes. Ce qui est vrai en général l’est en particulier en agriculture. Et lorsque le sujet le justifie, ces médias peuvent mettre le paquet. Un cas typique : les chaînes d’information continue. Jamais BFM TV ni I Télé n’avaient autant couvert l’information agricole que cet été. Le fait de ne pas avoir de chargés de rubrique régulière ne les empêche pas de mobiliser une demi-douzaine de journalistes. Pour l’analyse, elles invitent des spécialistes extérieurs : journalistes, professionnels, syndicalistes. Une pratique tendant de plus en plus à être la règle dans les médias en général.
Faire de l’audience
« La règle chez Europe 1 c’est de faire de l’audience, raconte Pascal Berthelot, ancien journaliste de la station. En soi, l’agriculture n’a pas valeur de sujet. Il faut que l’info soit spectaculaire. » Contrairement à l’environnement ou la santé par exemple, la rubrique agriculture est inexistante lorsque Pascal Berthelot prend son poste. Le journaliste s’efforce d’en recréer une pendant quatre ans. Il se rappelle des bonnes audiences concernant la crise du lait. Tout le problème est de se renouveler. En manque d’inspiration, le journaliste quitte la rédaction fin 2014. Son poste n’est toujours pas remplacé. France Inter y dédie un journaliste à temps partagé. « On ne parle plus beaucoup d’agriculture à l’antenne », observe le spécialiste de la maison, Philippe Lefebvre, qui s’est réorienté vers le service société. Ou alors quand ça va mal », ajoute-t-il, évoquant la crise de la vache folle. Pour lui, manquent aussi des chefs de file comme Raymond Lacombe « qui fassent paysans ». Mais la raison première est que « la rédaction de France Inter comprend beaucoup de citadins », insiste le journaliste.
Des bonnes gueules et de belles histoires
À l’exception d’Arte et de France 5, les magazines télévisés sont à la recherche de « belles histoires » et de « personnages », explique Christophe Brulé, rédacteur en chef de l’agence TSVP qui fournit des contenus pour ces émissions. Dans un magazine, pas de sujet qui ne soit pas incarné. « Le récit télévisé, parce qu’il est en mouvement, nous oblige à suivre quelqu’un qui fait des choses, analyse Christophe Brulé. On recherche des profils particuliers, des personnages qui vivent des choses intéressantes… » « Un défaut de la télé, c’est d’être clivant,explique David Bercher, rédacteur en chef de l’agence Ligne de front. En banlieue, on montre des gens qui ont du shit, pas ceux qui jouent au foot, sinon les gens ne regardent pas. La télé a tendance à simplifier, amplifier les phénomènes. » Avec le bio, l’autre angle majeur des magazines pour aborder l’agriculture, c’est l’alimentation, vue par le consommateur. Qu’est-ce qui se cache dans notre assiette ?
La suite dans le Réveil Lozère, page 10, édition du 21 janvier 2016, numéro 1343.