Attractivité : le Cantal a encore du mal à jouer la carte du collectif
Si la création d’une agence départementale œuvrant à l’attractivité du Cantal fait l’unanimité, son statut (syndicat mixte) a motivé l’abstention de deux groupes au sein de l’assemblée.
de résultats”, s’agissant de la stratégie d’attractivité départementale.
Quel statut pour la future agence Cantal attractivité : syndicat mixte ouvert, association, groupement d’intérêt public... ? Question a priori anecdotique pour une majorité de Cantaliens qui a pourtant occupé une partie des débats (le seul vrai d’ailleurs) vendredi dernier autour de la table du Conseil départemental. D’un côté, la proposition formulée par le président Bruno Faure et sa majorité : celle d’un syndicat mixte réunissant la collectivité départementale, l’ensemble des intercommunalités, les trois villes sous-préfectures et les trois chambres consulaires. Objectif de ce syndicat : changer de braquet pour inverser la courbe démographique du département et espérer atteindre le seuil des 150 000 habitants d’ici une dizaine d’années.
Gare à la “lente anesthésie”
Cette agence aura un rôle de coordinateur avec une définition collégiale d’une stratégie départementale commune d’attractivité, d’actions et d’outils collectifs pour favoriser l’essor et la promotion du territoire... sans remettre en cause ou empiéter sur les dispositifs déjà en vigueur sur des périmètres intercommunaux. “N’allez pas imaginer que cette agence sera autre chose qu’un chef d’orchestre”, a voulu rassurer le président Faure, pour qui un changement “radical” de méthode s’impose aujourd’hui. “On dit toujours qu’on a 150 000 habitants dans le Cantal mais la réalité, c’est qu’on est passé sous les 145 000 et que même si on a réussi à inverser notre solde migratoire depuis une dizaine d’années avec schématiquement 350 à 400 nouveaux venus par an, notre pyramide des âges est totalement inversée, conduisant à perdre 700 à 750 habitants chaque année. On a donc toujours un solde négatif. Certes, on est devenu plus attractif mais ça ne suffit pas”, tranche l’élu, qui appelle à un électrochoc et surtout à jouer groupés. “Le quotidien rassure, mais attention à ne pas vivre sous anesthésie qui nous conduirait à un déclin certain. Tout le monde veut garder son petit truc dans son coin. Sur le collectif, les bonnes intentions s’estompent au fil du temps, d’où l’idée d’un engagement plus fort via le syndicat”, avance le patron de la majorité départementale.
Une proposition qui a reçu une adhésion “à 360 %” sur le fond du groupe Roc et du groupe Union des gauches réunies et des écologistes, mais un scepticisme prononcé sur la forme, traduit par une abstention à l’heure du vote. Abstention à laquelle n’est sans doute pas étranger le fait que le futur syndicat postulera au programme Leader, la restriction des enveloppes conduisant la Région à ne retenir qu’une seule entité départementale(1). “Nous sommes interpellés sur la structure juridique proposée ; il n’y a pas si longtemps dans cette assemblée, on demandait de supprimer les syndicats mixtes auxquels appartenait le Département. Ce syndicat, j’y vois une structure supplémentaire qui vient complexifier un mille-feuilles administratif déjà lourd”, a ainsi exposé Céline Charriaud (Roc), plaidant pour une structure associative.
“La forme ne doit pas l’emporter sur le fond”
Opposition plus tranchée du groupe de gauche : “Le compte n’y est pas”, estime Pierre Mathonier, s’étonnant que sur 45 voix de cette future agence, 42 soient entre les mains d’élus, et, en même temps, que l’agence économique Auvergne-Rhône-Alpes ne figure pas parmi les membres de la future Cantal attractivité, ni les acteurs socio-professionnels (Ordre des médecins,...). “Je m’interroge sur l’opportunité de créer un syndicat mixte qui est plus une contrainte qu’une solution”, a lâché le président de la Caba, indiquant que sur la centaine d’agences d’attractivité de ce type recensées en France, les trois quarts ont un statut associatif.
La réponse de Bruno Faure, agacé, ne s’est pas faite attendre : “Je crois que vous êtes très cloisonné dans votre tête...” Tandis que Vincent Descœur résumait une vision largement partagée dans les rangs : “Le débat sur la forme ne doit pas l’emporter sur le fond, compte tenu de l’urgence des enjeux et d’un contexte très concurrentiel entre territoires, il n’y a pas de place pour un débat, il est de notre responsabilité d’élus d’impulser, de fédérer les initiatives.” La création du syndicat mixte a donc été adoptée moins l’abstention de ces deux groupes.
(1) En lieu et place actuellement de trois : Adepa (pays d’Aurillac), parc des Volcans d’Auvergne et pays de Saint-Flour Haute-Auvergne.