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ACCORD COMMERCIAL. L'agriculture européenne otage d'un accord commercial très géopolitique ?

Les nouveaux contingents de produits agricoles néozélandais alloués ne constituent un réel danger, tant que la Chine en importera massivement.

© @DR

Le bilatéralisme marque un point de plus au détriment du multilatéralisme. Conclu le 30 juin dernier, le nouvel accord entre la Nouvelle-Zélande et l'Union européenne (UE) répond à la volonté des parties « d'ouvrir la voie à une économie durable » tout en facilitant les échanges commerciaux entre les vingt-huit pays (27 +1), défend l'Europe. Selon cette dernière, l'accord du 30 juin « comprend des engagements sans précédent en matière de durabilité, notamment le respect de l'accord de Paris sur le climat et des droits fondamentaux du travail, dont l'application peut être imposée en dernier recours au moyen de sanctions commerciales ».

Les négociations entamées en 2018 entre l'UE et la Nouvelle-Zélande ont porté sur les échanges commerciaux de l'ensemble des biens industriels, des produits agricoles et agroalimentaires et, des services. Auckland veut nouer de nouveaux partenariats économiques avec les pays européens pour ne pas trop dépendre de la Chine et de ses voisins du Pacifique et de l'océan Indien. Pourtant, ce sont ses échanges commerciaux avec la Chine qui protègent l'UE d'une déferlante de produits agricoles néozélandais sur son marché. Depuis plusieurs années, les contingents d'importations européens de produits néozélandais ne sont pas atteints car la Chine assèche le marché néozélandais. Selon l'UE, l'accord commercial tient compte des intérêts des producteurs européens de produits agricoles sensibles (produits laitiers, viande bovine et ovine). Aussi minimise-t-elle les concessions accordées à la Nouvelle-Zélande en matière de contingents.

Bien-être animal
« Les nouveaux contingents d'importations de produits agricoles alloués, en plus de ceux déjà en vigueur, portent sur des quantités très réduites au regard de la consommation européenne », souligne-t-elle. Pour la viande bovine, les 10 000 tonnes (7 000 t sans os) allouées s'ajoutent aux 1 000 t déjà en vigueur à 7,9 % de taxe. Elles « ne représentent que 0,15 % de la consommation de viande européenne », précise la Commission européenne (CE). Pour les produits laitiers, les 15 000 t de lait en poudre et les 1 500 t de contingents supplémentaires équivalent respectivement à 1,3 % et à 0,7 % de la consommation européenne. Ce qui fait débat est le contingent de 38 000 t de viande ovine (1/3 en frais, 2/3 congelées) sans taxes pendant sept ans qui s'ajoutent au 126 000 tonnes déjà allouées à droits zéro. Or moins de la moitié de son contingentement est atteint.

Selon la CE, les volets les plus novateurs de l'accord commercial du 30 juin sur les produits agricoles sont les conditions assorties en matière de bien-être animal, de transport et d'abattage. Par exemple, les bovins importés de Nouvelle Zélande doivent être élevés dans des pâturages. Cependant, l'accord ne reprend pas l'ensemble des normes d'élevage européennes. La CE insiste aussi sur la protection des IGP accordé par l'accord. 163 des produits traditionnels les plus renommés de l'UE (indications géographiques) et les vins et spiritueux de l'UE (près de 2000 noms) seront aussi protégés. Cette close protège aussi les producteurs européens de toute usurpation sur le sol néozélandais.

L'accord n'est pas applicable en l'état. La Commission soumettra l'accord au Conseil pour signature, puis au Parlement européen pour approbation. Entre-temps, il devra être ratifié par la Nouvelle-Zélande. Dès la ratification de cet accord, le commerce bilatéral devrait augmenter de 30 % et atteindre 4,5 milliards d'euros selon la CE. Les droits de douane seront réduits de 140 millions d'euros et les investissements de l'UE en Nouvelle-Zélande augmenteraient de 80 %.

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