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Agriculture bio : comment Biocoop réagit face aux difficultés de l’amont ?

Si son chiffre d’affaires s'affiche en hausse (+8% depuis le début de l’année), l’enseigne spécialisée Biocoop s’inquiète de l’état de santé de ses groupements de producteurs bio associés. Un premier a été placé en liquidation judiciaire. 

 

 Henri Godron, président de Biocoop et Frédéric Faure, vice-président de Biocoop, au salon Marjolaine, au parc floral à Vincennes.
De gauche à droite : Henri Godron, président de Biocoop et Frédéric Faure, vice-président de Biocoop, le 6 novembre au salon Marjolaine, au parc floral à Vincennes.
© Nathalie Marchand

Si l’enseigne Biocoop se félicite de voir son chiffre d’affaires progresser de 8% depuis le début de l’année (à fin septembre 2024) avec une fréquentation en hausse de ses magasins et l’ouverture de 14 nouveaux magasins (contre 6 fermetures), ses dirigeants ne cachent pas leurs inquiétudes quant aux difficultés que rencontrent les producteurs bio.

La période est très délicate à passer

« Nous sommes passés de la promesse d’un avenir radieux pour la bio en 2019 à une crise à contre-courant en 2020, la période est très délicate à passer […] Le monde agricole s’est structuré sur un marché à +20% et subit aujourd’hui une fracture de marché » a reconnu Frédéric Faure, vice-président de Biocoop, le 6 novembre lors d’une conférence de presse à l’occasion du 48e salon Marjolaine à Paris. 

Lire aussi : Crise du bio : Biocoop perçoit des signes de reprise après une année 2023 complexe

Liquidation judiciaire de la Cabso, groupement historique de Biocoop

Preuve de ces difficultés, le réseau de magasins Biocoop a vu un de ses 21 groupements de producteurs associés (qui comptent plus de 3000 fermes 100% bio) mettre la clé sous la porte. « Il s’agit de la Cabso, société coopérative agricole biologique du Sud-Ouest, placée en liquidation judiciaire en juillet dernier. Il s’agissait d’un fournisseur historique de Biocoop », explique Henri Godron, président de Biocoop. Basée à Damazan, dans le Lot-et-Garonne, et ayant compté jusqu’à 45 producteurs de fruits et légumes bio, la coopérative n’a pas pu faire face à la baisse de son chiffre d’affaires depuis 2020. 

On propose à chaque producteur de nous livrer directement

« On propose à chaque producteur de nous livrer directement. Il faut les soutenir », affirme Frédéric Faure. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes logistiques, chaque producteur devant livrer lui-même la plateforme de Biocoop.

Lire aussi : Comment Biocoop résiste à la crise du bio

D’autres groupements de producteurs bio en difficultés ?

Interrogé par Reussir.fr sur l’état de santé des autres groupements de producteurs, le vice-président de Biocoop répond : « nous n’avons pas d’autre point d’alerte spécifique, mais l’ensemble de l’amont en très grandes difficultés. La vraie crainte est de savoir si on va pouvoir continuer à avoir un esprit de filière pour approvisionner nos magasins en 100% bio français ». 

Les filières volaille et porc bio sont en danger

« Les filières volaille et porc bio sont en danger. Il y aura des questions de long terme à gérer, on y répondra à notre manière », poursuit-il.

Lire aussi : Œufs bio : du surplus à la pénurie ?

Biocoop au secours des producteurs laitiers bio lâchés par Lactalis ?

Les dirigeants de Biocoop disent aussi regarder de près la question des producteurs laitiers bio lâchés par le groupe Lactalis. « Biolait est sur le sujet et il y a pas mal de gros faiseurs qui vont faire en sorte que le lait soit à nouveau collecté », confie Henri Godron, président de Biocoop. « Ce n’est pas de notre responsabilité de sauver une filière mais on fera notre part », ajoute Frédéric Faure qui estime que ce sont les pouvoirs publics qui doivent plutôt être interpellés sur le sujet.

Ce n’est pas de notre responsabilité de sauver une filière mais on fera notre part

« Il va y avoir des tensions sur le lait bio en 2025 mais on s’est organisés avec Biolait pour assurer notre approvisionnement » assure Henri Godron.

Lire aussi : Biolait : « Nous n’avons plus les moyens d’accueillir tout le monde partout en France »

Marché du bio : « 2025 sera sinueuse », selon le président de Biocoop

Pour l’heure, Biocoop affirme ne pas avoir dévié de son projet originel lancé il y a 38 ans, à savoir : « développer l’agriculture bio dans un esprit d’équité et de coopération ». 87% de son offre est origine France (hors produits exotiques) et 84% de ses produits à marque Biocoop (qui représente 20% d’un chiffre d’affaires total de 1,6 milliard d’euros) proviennent de Paysans associés

La reprise du marché est erratique

Si les ventes repartent, les dirigeants de Biocoop montrent un optimisme mesuré pour la reprise du marché du bio. « 2025 sera sinueuse. Nous sommes persuadés que le marché de la bio a un avenir. Mais faire cohabiter souveraineté alimentaire, juste rémunération des paysans et préservation de l’environnement n’est pas facile », reconnaît Henri Godron. « La reprise du marché est erratique, c’est très difficile à lire », complète Frédéric Faure. 

Lire aussi : « La bio s’est développée grâce à la GMS, aujourd’hui ils nous laissent tomber comme une merde 

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