Abreuvement au pâturage : « Nous nous sommes équipés d’une éolienne de pompage »
En 2017, le Gaec du Grand Bray dans le Maine-et-Loire a choisi d’investir dans une éolienne de pompage. Cette installation a pour objectif d’améliorer l’abreuvement des génisses à partir d’un puits.
En 2017, le Gaec du Grand Bray dans le Maine-et-Loire a choisi d’investir dans une éolienne de pompage. Cette installation a pour objectif d’améliorer l’abreuvement des génisses à partir d’un puits.
« L’été, le besoin en eau pour l’abreuvement de nos vaches est de 25 m³/jour, estime Christophe Fourrier, un des trois associés du Gaec du Grand-Bray, à Thorigné-d’Anjou, en Maine-et-Loire. Comme nous privilégions le pâturage et que nous voulons limiter le transport de l’eau, disposer de points d’eau de qualité sur les prairies nous paraît essentiel. » Le pâturage tournant commence début mars et se poursuit jusqu’en novembre. « Nous avons plusieurs moyens d’abreuvement sur les prairies, à partir de puits, de forages, d’étangs, précise l’éleveur. Nous avons aussi des compteurs d’eau potable et nous transportons un peu d’eau. »
En 2017, le Gaec a choisi de s’équiper d’une éolienne de pompage Le Mistral sur une prairie. « Cette prairie de 9 hectares, répartie en deux parcelles et située à 2 kilomètres de la ferme, est utilisée pour le pâturage de 35 génisses. Elle dispose d’un puits creusé dans les années soixante-dix qui était jusque-là équipé d’une pompe à museau. Ce dispositif toutefois ne permet l’abreuvement que d’une vache à la fois. De plus, l’eau du puits était souillée par les animaux. Nous avons donc décidé de nous équiper d’une éolienne de pompage. »
Six mètres de haut
Le Gaec a fait appel à la société SEVM, basée à Laval, qui produit les éoliennes de pompage Le Mistral. L’emplacement étant déterminé par la localisation du puits, la hauteur de l’éolienne et le diamètre de la roue ont été calculés selon l’exposition au vent, la profondeur du puits (4,50 m), la hauteur et la distance du bac d’abreuvement et le débit souhaité.
Un bac de 3 000 litres avec flotteur a été installé entre les deux parcelles, sur une zone saine, à environ 60 mètres de l’éolienne, en hauteur par rapport à celle-ci. « L’eau pompée grâce à l’éolienne remonte jusqu’en haut de celle-ci au centre de la roue, précise Laurent Dutertre, gérant de SEVM. La distribution se faisant ensuite par gravité, la hauteur des bacs, selon le principe des vases communicants, ne doit pas dépasser la hauteur du pylône (2 m). » Au final, le choix s’est porté sur une éolienne de 6 mètres de haut, boulonnée sur des socles en béton évitant l’oxydation des bases du pylône, avec structure en acier galvanisé à chaud et tuyauterie tout inox.
Sur les conseils de SEVM, l’éleveur a créé et installé autour du pylône une barrière protégeant l’éolienne des chocs de bestiaux ou de véhicules. C’est lui aussi qui a réalisé les plots en béton et la tranchée recevant le tuyau entre l’éolienne et les bacs. « En tout, j’y ai passé deux journées », estime-t-il. S’y est ajoutée une journée de montage de l’éolienne par la société.
Rentabilisé au bout de six à sept ans
L’investissement en 2017 s’est élevé à 6 500 euros HT, dont 4 500 euros HT pour l’éolienne, le reste pour la distribution et les bacs. Le Gaec n’a pas bénéficié d’aides (aides possibles dans certaines régions). « Avant d’investir, nous avons comparé l’éolienne à l’installation du réseau d’adduction avec un compteur d’eau, indique Christophe Fourrier. À 2 euros par mètre cube d’eau potable, il ne fallait que six à sept ans pour rentabiliser l’éolienne. »
Depuis, les éleveurs sont plutôt satisfaits de leur équipement. « L’éolienne fonctionne parfaitement quand il y a du vent, même si une structure de 8 mètres de haut aurait peut-être été plus adaptée. » Le débit du puits est également un peu limitant. « Il fournit moins de 3 m³/jour, ce qui est un peu juste pour nos besoins. Et en 2022, pour la première fois, il a été à sec. Nous avons dû faire deux ou trois transports d’eau à partir d’un étang, ce qui nous a amenés en 2023 à installer un bac supplémentaire de 1 000 litres, pour avoir plus de réserve d’eau. »
Chiffres clés
Gaec du Grand Bray
Avis d'expert - Laurent Dutertre, gérant de SEVM
« Une solution pour les endroits bien dégagés »
« Une éolienne de pompage peut s’installer sur tous les puits, profonds ou non, sur un forage, une rivière, un étang. Le débit du puits ou du forage doit être d’au moins 3-400 l/h. Il faut connaître ce débit horaire, éventuellement en faisant un essai avec la motopompe du tracteur. Il est essentiel aussi que l’endroit soit bien dégagé par rapport aux vents, pas trop vallonné, sans grandes haies, notamment pour les débits journaliers en été supérieurs à 3 m³/jour.
Si ces conditions sont réunies, une éolienne peut pomper plusieurs milliers de litres par jour, à 30 mètres de profondeur et plus. La distribution peut se faire sur plusieurs bacs, à plus de 1 kilomètre de distance. Et l’idéal est de toujours avoir une journée d’eau d’avance en réserve. Quand le vent dépasse 40-45 km/h, la roue se met automatiquement 'en drapeau', c’est-à-dire parallèle au vent, ce qui évite la survitesse du rotor. Et il n’y a aucun entretien pour l’éleveur, sauf la mise hors gel avant les gelées, qui n’empêche pas le remplissage des auges.
Hors incident dû au gel, la garantie est de 2 ans. Du fait de l’augmentation du prix des matériaux, les coûts ont fortement augmenté ces dernières années, d’environ 50 % par rapport à 2017. Des aides sont toutefois possibles dans certaines régions. »
Une éolienne partagée entre cinq éleveurs
À Montreuil-Juigné, dans le Maine-et-Loire, une éolienne de pompage partagée entre cinq éleveurs a été installée pour permettre le pâturage de marais communaux.
« Les prairies d’Oualard, qui bordent la Mayenne et appartiennent à vingt propriétaires, dont la commune de Montreuil-Juigné, sont exploitées en commun par des bovins depuis très longtemps, explique Benoît Renou, président du syndicat d’exploitation des prairies d’Oualard. Et jusqu’en 2017, les animaux s’abreuvaient directement dans le marais ou la Mayenne. »
Mais en 2017, un projet de restauration du marais, envahi par la jussie, une plante invasive, est engagé par Angers Loire métropole. « Nous avons arraché la jussie et refait les vannes permettant de réguler les niveaux d’eau, explique Bertrand Degrieck, du syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme. Et nous avons clôturé les berges pour que les vaches n’aillent plus boire dans le marais, car leur piétinement participe à la dissémination de la jussie. » Les vaches n’ayant plus d’accès à l’eau, la décision a été prise d’installer sur le marais une éolienne de pompage.
Bien réfléchir l’emplacement des bacs
L’éolienne Le Mistral, de 12,5 mètres de haut, a été construite sur une parcelle appartenant à la commune. Le marais étant en fond de vallée, elle est couplée à une pompe solaire installée sur la même structure. Dix bacs d’abreuvement ont été répartis sur la parcelle, jusqu’à plus de 2 kilomètres de l’éolienne. « Nous sommes cinq éleveurs laitiers et mixtes à utiliser en commun les 60 hectares du marais, pour environ 100 UGB, pour du pâturage de printemps et d’automne et une coupe de foin en été, précise Benoît Renou. La capacité et l’emplacement des bacs étaient donc très importants, pour que tous les troupeaux aient le même accès à l’eau où qu’ils soient. Nous nous sommes appuyés sur les observations des anciens, qui ont une bonne connaissance des déplacements des troupeaux, et en tenant compte d’une possible évolution vers une exploitation 'séparée' des terres. »
L’éolienne, la pompe solaire, 3,4 kilomètres de tuyaux enterrés et les 10 bacs ont nécessité un investissement de 50 000 euros HT (dont 20 000 euros HT pour l’éolienne), financé par Angers Loire métropole, avec des aides de l’Agence de l’eau Loire Bretagne et de la région Pays de la Loire.