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« À 25 euros par hectare le passage par une ETA, je n’investirai pas dans un pulvé »

Maxime Lefevre, agriculteur dans la Sarthe, délègue tous ses travaux de pulvérisation à une entreprise de travaux agricoles. Vu le prix de la prestation et le confort de vie qu’elle apporte, ce jeune exploitant ne prévoit pas d’acquérir son propre matériel.

Comme en 2023, Maxime Lefevre, installé sur 70 hectares de SAU à Douillet dans la Sarthe, fera réaliser en 2024 toutes ses applications de produits phyto par Franck Bellessort, entrepreneur de travaux agricoles. Le contrat de délégation entre l’agriculteur et l’entrepreneur a été reconduit le 8 novembre.  « Les bonnes conditions pour les traitements, absence de vent et hygrométrie, se rencontrent souvent tôt le matin et à ce moment précis, je préfère être en famille et accorder du temps à mes deux filles âgées de 3 ans et 7 mois. De plus, étant double actif, certains jours, je commence le travail à 5 heures du matin, là où il fait bon pulvériser », souligne l’exploitant, qui cultive 14 hectares de blé, 14 hectares de colza, 9 hectares de tournesol et 3 hectares d’orge. Le reste de la SAU est en prairies, car la création d’une activité de bovins viande est en cours. Ce jeune agriculteur a quitté l’an dernier le Gaec familial pour se lancer en individuel et sa double activité, temporaire, lui permet de reconstruire progressivement une structure viable.

Dispensé du Certiphyto

L’engagement avec une ETA agréée pour assurer des prestations de pulvérisation présente l’avantage de dispenser Maxime Lefevre du Certiphyto. Comme Franck Bellessort dispose du certificat Décideur en entreprise soumise à agrément, le contrat signé entre les deux parties permet à l’agriculteur d’acheter ses produits phyto en toute conformité. Sur ses 40 hectares de cultures, l’exploitant réalise en moyenne quatre traitements, soit une surface développée de 160 hectares. « La prestation par ETA me coûte 4 000 euros par an, soit 25 euros par hectare et par passage. À ce tarif-là, ça ne vaut pas le coup d’investir dans un pulvérisateur et de faire le boulot, surtout vu le prix actuel des appareils », précise-t-il. Le trentenaire assure en revanche sur son exploitation les travaux du sol et les semis avec du matériel partagé en Cuma. S’il ne monte pas sur le pulvérisateur, il reste l’unique décideur des dates d’intervention et des produits utilisés. « J’agis uniquement en tant qu’applicateur. Je n’achète pas de phytos pour les clients et je n’en stocke pas, insiste Franck Bellessort. Je prépare la bouillie chez les agriculteurs avec les produits qu’ils me préconisent. J’utilise d’ailleurs leur eau pour écarter toute interaction néfaste sur l’efficacité du traitement. »

Le chantier assuré en cas de problème

Un autre avantage de la délégation de la pulvérisation est que la responsabilité incombe à l’ETA en cas de problème. « Si je rince mal mon pulvérisateur et que je grille la culture, l’erreur est couverte par mon assurance responsabilité civile. Cette prise en charge n’existe pas si l’exploitant fait lui-même l’erreur ou s’il fait réaliser ses traitements par un voisin agriculteur avec qui il partage le pulvérisateur, indique l’entrepreneur. Toutefois, pour éviter tout souci, j’organise mes chantiers en fonction des produits utilisés. J’interviens par exemple sur le colza avant le blé. » Le débit de chantier est un autre critère positif soulevé par Maxime Lefevre. Comme l’ETA intervient avec un automoteur équipé d’une rampe de 24 mètres de large, les traitements sont réalisés rapidement dans de bonnes conditions. Par ailleurs, l’agriculteur est installé dans la région naturelle des Alpes mancelles au relief particulièrement vallonné. Il apprécie ainsi de ne pas avoir à conduire un pulvérisateur dans certaines de ses parcelles très accidentées, où même Franck Bellessort doit rester très vigilant au volant de son automoteur.

En chiffres

70 ha de SAU

14 ha de blé

14 ha de colza

9,5 ha de tournesol

3,5 ha d’orge

4 traitements en moyenne par culture

160 ha pulvérisés en surface développée

Bien faire appel à une ETA agréée pour la pulvérisation

Une entreprise de travaux agricoles qui assure la pulvérisation en prestation de services doit répondre à des règles strictes et doit notamment disposer du Certiphyto spécifique intitulé Décideur en entreprise soumise à agrément. L’autorisation de réaliser cette activité passe également par la certification, via un organisme spécifique à l’issue d’un audit à renouveler tous les deux ans. Enfin, un agrément est délivré par la Draaf. « En faisant appel à une ETA pour la pulvérisation, le client reste l’unique décideur des dates des interventions et des produits appliqués », précise Franck Bellessort, entrepreneur de travaux agricoles à Chérisay dans la Sarthe. Avec son automoteur équipé d’une rampe de 24 mètres, il a réalisé 500 hectares de prestation en 2023. Cette surface peut paraître faible pour amortir un tel appareil, mais Franck Bellessort est également agriculteur et il réalise 1 200 hectares de traitements en développé sur ses cultures. Par ailleurs, ce passionné de pulvérisation, le seul à piloter le Caruelle Nympheos dans l’ETA, croit aux traitements ultralocalisés à l’aide de caméra détectant les adventices pour limiter les applications de phytos. Son prochain automoteur devrait certainement être équipé de cette technologie, un plus pour attirer de nouveaux clients.

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