Vers un aliment volaille zéro phosphate grâce aux phytases
MG2Mix montre qu’il est possible de se passer de phosphate minéral dans l’aliment des volailles, sans détériorer les performances et tout en réduisant les rejets de phosphore dans les effluents.
MG2Mix montre qu’il est possible de se passer de phosphate minéral dans l’aliment des volailles, sans détériorer les performances et tout en réduisant les rejets de phosphore dans les effluents.
Faudra-t-il un jour se passer de phosphate minéral dans l’aliment des volailles ? Présent aujourd’hui dans de nombreuses formules alimentaires, il est une source indispensable de phosphore, un nutriment essentiel à l’ossification, au métabolisme et à la croissance des volailles.
« Il faut se préparer à ce scénario d’ici dix ou vingt ans, estime Samuel Roulleau, de la firme service MG2Mix. Selon les modélisations, les stocks de phosphate minéral disponibles dans le monde, surtout utilisés comme fertilisants, devraient diminuer à partir de 2040, ce qui risque d’augmenter les tensions sur les prix. Il faut se préparer à des crises de prix et de disponibilité en phosphate, de plus en plus fréquentes. » La plus récente date de 2022 dans le contexte de guerre Russie-Ukraine, avec un prix multiplié par trois en deux ans et un risque de rupture d’approvisionnement des usines d’aliment.
Un intérêt technique et économique
En rendant plus disponible le phosphore naturellement présent dans les matières premières végétales, les enzymes phytases ont déjà permis de diviser par trois en quinze ans les quantités de phosphate minéral dans les formules d’aliment des volailles. Dans celles de volailles reproductrices par exemple, elles contribuent à la moitié de l’apport en phosphore disponible, le phosphate minéral ne représentant plus qu’un quart. En incorporant davantage de phytases dans l’aliment, et en particulier celles de quatrième génération, plus stables lors du procédé de fabrication (résistance au traitement thermique), il devient possible de réduire encore plus l’ajout de phosphate, voire de s’en passer totalement. C’est ce que démontre une série d’essais réalisés dans les stations expérimentales de MG2Mix. Elle est basée sur la comparaison d’un aliment sans phosphate comprenant une double dose de phytases avec un aliment aux teneurs en phosphates et phytases classiques. « Les poulets standard et lourds recevant l’aliment test ont eu les mêmes performances techniques (GMQ, IC) avec des coûts alimentaires légèrement plus faibles. L’absence de phosphate n’a pas eu non plus d’incidence sur le risque de boiterie ou la solidité des os », détaille le nutritionniste.
Une baisse des rejets de P2O5 de 40 %
Testé en poule pondeuse, cet aliment (0 phosphate et double dose phytase) n’a pas eu d’impact négatif sur la courbe de ponte et la solidité des œufs. L’essai, réalisé sur 12 semaines sur des poules entre 35 et 47 semaines, reste à confirmer sur une période de ponte plus longue.
« En plus de l’intérêt zootechnique et économique, le surdosage de phytases a aussi un net intérêt environnemental. » Les rejets phosphorés (P2O5) mesurés sur les lots de poulets étaient plus faibles de 40 % dans l’aliment surdosé en phytase (8,5 g par volaille) que dans l’aliment classique (14 g).
Anticiper la raréfaction des phosphates permet à la fois de se prémunir d’un risque sur le coût alimentaire, tout en contribuant à améliorer la durabilité et l’image de l’élevage de volailles.
Différentes sources de phosphore
- Le phosphate bi ou mono calcique est extrait de roches. Le Maroc (50 milliards de tonnes par an) puis la Chine (3,7 milliards) sont les premiers producteurs. Il sert à 90 % à la production de fertilisants. La nutrition animale et les lessives-détergents représentent 5 % chacune des débouchés.
- Le phosphore apporté dans les végétaux (céréales, tourteaux…) est en partie présent sous une forme peu disponible pour les monogastriques. Ils sont appelés les phytates et représentent 50 à 80 % de l’apport en phosphore total des végétaux. L’ajout des enzymes phytases dans l’aliment dégrade ces phytates, libérant le phosphore ainsi que d’autres nutriments (protéines…) contribuant à améliorer la digestibilité des matières premières.
- Les farines de viande ou de poissons sont aussi une source de phosphore mais ne sont pas utilisées en France pour des raisons réglementaires ou de cahier des charges.
En chiffres
Firme services MG2Mix
4,6 millions de tonnes d’aliment reconstitué
55 % d’activité à l’export
51 % : part d’activité en volaille (30 % en porc et 17 % en ruminant)