Pister les poux rouges des poules pondeuses avec l’imagerie infrarouge
Pour détecter précocement une infestation de poux rouges en élevage de poules pondeuses, une équipe du programme européen MiteControl travaille à la mise en place d’un système automatisé reposant sur la surveillance de l’activité nocturne des volatiles.
Pour détecter précocement une infestation de poux rouges en élevage de poules pondeuses, une équipe du programme européen MiteControl travaille à la mise en place d’un système automatisé reposant sur la surveillance de l’activité nocturne des volatiles.
Le minuscule acarien pou rouge qui agresse les volailles la nuit en leur suçant le sang et se cache de jour dans les interstices des bâtiments se reproduit très vite et se laisse difficilement déloger des poulaillers, où il peut rester neuf mois sans se nourrir. Généralement, lorsque les amas de poux sont repérés par les éleveurs il est trop tard pour éviter l’infestation. Le cycle de reproduction de l’acarien étant très court.
Il est donc important pour les éleveurs de détecter la présence des poux avant que l’infestation ne soit trop importante et lutter contre elle, afin d’éviter que les poules ne soient anémiées, dorment très mal, soient victimes de picage et consomment plus d’aliments. Toutefois, les moyens de surveillance actuelle – disposition de pièges (ruban adhésif bleu ou carton dans un tube PVC) en divers endroits dès la mise en place du lot – restent fastidieux.
Un prototype d’application
En s’appuyant sur l’hypothèse d’un lien entre infestation en poux rouges et activité nocturne des pondeuses, l’équipe de recherche de l’université catholique de Louvain en Hollande (KU Leuven) liée au programme MiteControl a choisi de mettre au point la capture des mouvements nocturnes des volatiles, via un monitoring par caméra infrarouge située en hauteur.
Comme l’a expliqué Mina Mounir, membre de cette équipe, le 23 mars dernier à Valence lors de la journée dédiée aux pondeuses organisée par l’Itavi, les chercheurs développent une application permettant de repérer l’activité nocturne des volailles liée à la présence de poux rouges. L’objectif étant de détecter la recrudescence à un stade précoce de manière automatisée.
Les expériences réalisées en laboratoire, puis dans des élevages ont été parallèles à la pose de pièges. « Nous avons mis au point un algorithme de détection de type GMM (Gaussian Mixture Model) associé à un dispositif de caméras qui doit être robuste et adaptable, a expliqué Mina Mounir. Il détecte les pixels en mouvement correspondant aux mouvements de tête des poules qui se grattent et de la troupe qui globalement s’agite. Nous pouvons établir une carte thermique où les zones rouges correspondent à l’intensité des mouvements. L’histogramme permet de lire un profil de sommeil des animaux. »
Le prototype de l’application (qui est libre de droits) doit encore être amélioré notamment pour le prétraitement en tenant compte en particulier de l’accumulation de poussière, des traitements… dans les élevages et donc sur les caméras. Il reste à déterminer le nombre de caméras par zone afin d’optimiser le système.
Le saviez-vous ?
Le programme de recherche MiteControl est réalisé sur financement Interreg North-West Europe. Y collaborent l’institut belge Experimental Poultry Center, l’université de Paul Valéry de Montpellier, l’université hollandaise KU Leuven, l’Itavi, Adas (Royaume-Uni), Koppert (Pays Bas), Belgabroed (Belgique).
Le dispositif expérimental
Plusieurs expériences ont été conduites :
- Essais en laboratoire ;
- Enregistrement de vidéos durant treize semaines dans un atelier semi-commercial de 960 poules par parquet équipé de deux caméras en vue du dessus (cinq images par seconde, résolution 960 x 480) démarrant 2 heures après le crépuscule jusqu’à 2 heures avant l’aube. Un score d’activité est établi par nuit et par caméra. En parallèle, les données étaient collectées sur dix pièges carton toutes les deux semaines ;
- Caméras installées dans un élevage de 33 000 poules en volière. Un relevé de pièges a été effectué afin de comparer les résultats de la carte thermique (un relevé mensuel si faible infestation ou hebdomadaire sur forte infestation).