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Manurob - Le robot de manutention électrique Loadix fait ses preuves pour alimenter un méthaniseur

La filiale Manurob du groupe M-extend, qui détient notamment les chargeurs frontaux MX et Manip', est sur le point de commercialiser son robot de manutention Loadix. On a pu le découvrir en action sur une ferme en Mayenne où le prototype a été développé pour alimenter l’incorporateur d’une unité de méthanisation.

Présenté pour la première fois au Sima 2022, le robot de manutention Loadix de ManuRob - start-up interne au groupe M-extend qui détient les chargeurs MX et Manip' - vient d’être présenté en fonctionnement sur une exploitation d’élevage en Mayenne, où le prototype a fait ses armes. Cet engin autonome et 100 % électrique, développé pour la manutention de produits en vrac, cible dans un premier temps les fermes équipées d’un méthaniseur, dont les besoins en manutention sont répétitifs et cantonnés au site de l’exploitation. Les premières préséries du robot vont être déployées cette année, Manurob prévoyant une commercialisation début 2025. Le constructeur n’annonce pas de tarif pour l’instant, mais son objectif est d’atteindre un coût d’utilisation similaire à celui d’une solution habituelle, impliquant un engin de manutention et un chauffeur. S’il se cantonne pour l’instant au chargement de l’incorporateur d’un méthaniseur, Loadix sera à terme plus polyvalent, son cadre porte-outils à attelage Euro permettant d’utiliser de nombreux accessoires de manutention. Le curage d’une stabulation ou la distribution avec un godet désileur sont des tâches envisageables. Pour des raisons de sécurité, Loadix ne peut pas en revanche charger des balles, sauf avec une prise en main manuelle à l’aide d’une télécommande.

 

 
Interface porte-outil du robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob dispose d'un cadre porte-outils Euro. © M. Portier

2 tonnes levées à 4,10 mètres

Manurob a travaillé avec la société Dintec pour concevoir une base roulante compacte, dessinée autour d’un bras de manutention utilisant deux demi-brancards, relié au châssis avec deux bielles à la manière d’un skid-steer, pour assurer un déploiement vertical de la charge. Cet engin pesant 4 t offre ainsi une hauteur de levage de 4,10 m, compatible avec la hauteur moyenne des incorporateurs de méthaniseur. Sa force de levage atteint les 2 t. Il dispose d’un vérin de levage et d’un vérin de bennage. Ce dernier est associé à un parallélogramme délivrant un angle de cavage/bennage de +50/-50 degrés. Il est aussi relié à deux vérins de compensation hydraulique fixés au brancard et à la bielle avant, assurant un transfert d’huile pour maintenir l’outil à l’horizontal, mais aussi un boost hydraulique. Outre le respect de la compacité, la cinématique de levage maintient constante la répartition de la charge sur les deux essieux, un gage de sécurité. Pour piloter le bras, ManuRob utilise des distributeurs hydrauliques compensés, garantissant une grande précision de mouvements. Deux capteurs d’angle déterminent la position du bras et deux capteurs de pression sur les vérins mesurent la charge présente dans l’outil. Loadix est capable d’accrocher et décrocher seul les outils sur son interface Euro. Il utilise pour cela un capteur Lidar installé à l’avant du bras. Le porte-outils est aussi équipé d’un capteur inductif sécurisant l’attelage et un capteur RFID pour confirmer la fonction de l’outil accroché.

 

 
Bras du robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob dispose d'un bras en deux parties avec un vérin central de levage. © M. Portier

Une batterie et deux moteurs électriques

Entièrement animé électriquement, cet automate embarque une batterie de 60 kWh utilisant une technologie Lithium fer phosphate (LFP), pour éviter l’utilisation de Cobalt. Implantée à l’arrière du bras, elle fait office de contrepoids. Celle-ci sera rechargée durant les temps morts, une charge complète s’effectuant en 2 h environ. Le poste de recharge impose la présence d’une prise 32 A en triphasé. La batterie alimente deux moteurs électriques de 20 kW, le premier entraînant la transmission à 4 roues motrices et directrices, le second animant la pompe hydraulique. Pour répondre aux normes de sécurité, Loadix se déplace à une vitesse maximale de 7,2 km/h. Il roule majoritairement en marche arrière entre les points de chargement et déchargement, pour éviter d’exposer l’outil en cas de collision. Pour se repérer dans son environnement, ce robot est doté de deux antennes GPS RTK et de lidars. Il évalue également le mouvement de ses roues par odométrie et à l’aide de capteurs d’angle. Un des lidars offre une vision à 360 degrés dans un rayon de 90 mètres. Il est capable d’évaluer la forme d’un tas de fumier ou d’un front de silo pour définir sa zone de placement avant de charger la matière.

 

 

Un robot qui s’adapte à la configuration des lieux

Manurob développe aussi une chaîne de sécurité anticollision indépendante, permettant d’arrêter le robot en cas de détection d’un mouvement dans une zone définie. L’installation du robot ne demande aucune infrastructure spécifique, mis à part le point de recharge et une couverture wifi de l’ensemble du site. Son arrivée sur un élevage est précédée d’une étude de faisabilité et d’un relevé topographique permettant de définir les trajets et les zones d’intervention du robot (stocks de matière, incorporateur, zone de dépose des outils…). Si Manurob travaille à créer un réseau de concessionnaires habilités à assurer le suivi du robot, il indique que la maintenance courante sur la partie mécanique et hydraulique pourra être effectuée par l’agriculteur (graissage, vidange et filtres). En prévision de l’utilisation intensive de son engin, le constructeur a fait le choix de certains composants surdimensionnés, pour les articulations par exemple. Loadix est aussi une machine modulaire, facilitant l’échange standard de composants pour une utilisation à long terme.

 

 
Lidar sur robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob se repère à l'aide différents capteurs comme ce Lidar qui sert notamment à l'attelage des outils. © M. Portier

Une ferme engagée dans une stratégie bas carbone

La SCEA de l’épine située à Saint-Berthevin en Mayenne a été le terrain de jeu des ingénieurs de Manurob pour le développement de Loadix. Les deux gérants Audrey et Pierre Besançon, aidés de deux salariés, sont à la tête depuis 2008 d’un élevage de 65 vaches laitières (740 000 l de lait) équipé d’un robot de traite et d’un atelier élevage de volailles (2 bâtiments de 1 500 m2). Engagés dans une stratégie bas carbone, ils disposent d’un méthaniseur de 210 kW et d’installations photovoltaïques (2 trackers en autoconsommation et une toiture en revente d’énergie). Cultivant 155 ha, ils utilisent actuellement un chargeur télescopique qui fait 1 200 heures par an et une mélangeuse automotrice en Cuma. Le couple d’agriculteurs a pour objectif d’automatiser un maximum de tâches de manutention sur le site de l’exploitation, afin de répondre à une problématique de main-d’œuvre et de réduire leur consommation d’énergie carbonée. Ils espèrent ainsi pouvoir valoriser le Loadix sur d’autres postes que l’alimentation du méthaniseur.

 

 
Robot de manutention Loadix de ManuRob au chargement de fumier
Le robot de manutention Loadix de ManuRob ne peut charger que des produits en vrac. © M. Portier

 

 
Robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob se déplace majoritairement en marche arrière, de façon à limiter les risques en cas de collision. © M. Portier

 

 
Parallélogramme sur robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob utilise un parallélogramme offrant un grand angle de cavage/bennage. © M. Portier

 

 
Système guidage du robot de manutention Loadix de ManuRob
Le robot de manutention Loadix de ManuRob combine antenne GPS RTK, lidar et odométrie pour se déplacer. © M. Portier

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