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Les clés pour réduire la facture d'électricité de son exploitation agricole

Des voies d’optimisation sont possibles, en agissant sur le coût de l’énergie brute ainsi que sur les frais d’acheminement de l’électricité. Cela nécessite de bien comparer les offres et d'analyser les consommations.

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La comparaison des offres de fourniture d’électricité est souvent complexe.
© Pixabay

Le prix moyen du kilowatt figurant sur la facture d’électricité est la somme de trois composantes : le coût de l’énergie (qui représente environ les deux tiers du prix total), le Turpe (qui correspond aux coûts d’acheminement de l’électricité sur le réseau Enedis) et les taxes. 

Lire aussi : Gérer l'approvisionnement en électricité de son élevage : mieux comprendre le marché

Il est difficile d’agir sur cette dernière composante, à part pour certaines activités donnant droit à une exonération comme la méthanisation (cas de l’accise(1)). En revanche, des optimisations sont possibles sur le reste de la facture, à savoir la partie énergie, dépendante des fournisseurs, et la partie acheminement, rémunérant les réseaux de distribution.

Comparer en détails plusieurs offres de fournisseurs d'électricité

Il existe globalement trois types d’offres de fourniture d’énergie auxquelles les agriculteurs peuvent prétendre. Le tarif réglementé de vente (TRV) défini par l’État, disponible uniquement auprès d’EDF, est indexé chaque année. Proposées par différents fournisseurs, les offres de « marché sur grille » (contrat d’un à deux ans) sont basées sur un prix fixe, actualisé tous les mois. L’offre personnalisée sur « marché libre », d’un à trois ans, est construite sur mesure en fonction du profil de consommation. 

Lire aussi : Photovoltaïque « Je compte réduire la facture d’électricité de mes poulaillers grâce à l'autoconsommation collective ACC»

« Pour trouver la meilleure offre, il est primordial de consulter plusieurs fournisseurs et de comparer les différents tarifs dans le détail, en prenant garde à compter tous les postes de coût constituant le prix final du kWh », recommande Tonio Maritato, conseiller en énergie au sein de Tomawatt. « Le comparatif entre offres doit aussi intégrer les tarifs TRV, ce qui n’est pas toujours proposé par les courtiers, remarque-t-il. Attention aux comparaisons hâtives à partir des seuls tarifs affichés sur les sites internet des fournisseurs. » Certaines offres sur grille ne précisent pas le coût de la « capacité », qui est une des composantes du prix de l’énergie. Propre à chaque fournisseur, ce coût est facturé entre 0,5 et 2,5 centimes d’euros par kilowattheure. « Mieux vaut donc comparer les prix à partir des devis obtenus. Dans le comparatif, il faut bien prendre en compte que l’offre TRV inclut déjà les frais d’acheminement. Il faut les dissocier pour comparer convenablement les offres. »

 

 
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Rester en veille d’une année sur l’autre

Durant la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, le tarif réglementé TRV accessible aux agriculteurs ayant un compteur bleu (moins de 36 kVA) a été protégé par un bouclier tarifaire jusqu’à début 2024. Fixé par l’État au premier février de chaque année, ce tarif est en partie indexé sur le prix du marché de l’électricité des vingt-quatre derniers mois, ce qui lui confère une certaine inertie, à la baisse comme à la hausse. « Selon les projections, le prix du TRV de 2025 devrait baisser d’environ 15 %, grâce à la baisse du prix du marché amorcée en 2024. C’est intéressant mais pas la panacée », remarque Tonio Maritato. « Ce tarif reste supérieur à certaines offres de marché sur deux ans. Cela vaut le coup de les étudier de près, dès lors que la consommation annuelle dépasse 20 à 30 MWh, ce qui est souvent le cas des exploitations agricoles. Par exemple, pour une exploitation consommant 40 MWh par an, le gain annuel possible en passant à une offre de marché est d’environ 1 000 euros par rapport au TRV de 2025 (ou 2 000 euros par rapport au TRV de 2024) », illustre-t-il. « L’agriculteur pourra toujours revenir sur un TRV à la fin de l’offre qui a été souscrite. Il faut toutefois rester vigilant sur les conditions de reconduction tacite des offres de marchés. »

Adapter la puissance souscrite pour optimiser le Turpe

Le coût d’acheminement ou Turpe (tarif d’utilisation du réseau public d’électricité), qui est fixe, est défini au moment du contrat en fonction de la puissance souscrite et du profil d’utilisation des consommations (formule d’acheminement). « Ce sont deux sources d’optimisation potentielles qui ne sont pas toujours étudiées par les courtiers », regrette le référent en énergie.

La première consiste à vérifier que la puissance souscrite n’est pas surévaluée par rapport aux appels de puissance réellement utilisés. « Dans certains cas, il peut être intéressant de baisser la puissance, quitte à payer des frais de dépassement lors de pics de puissance très occasionnels. L’économie est d’environ 13 à 32 €/an par kW ou kVA de puissance souscrite en moins. Cela est vrai pour les compteurs C4 (anciennement appelés jaunes) et C3 (verts), mais pas pour les compteurs C5 (bleus) qui seraient pénalisés par une coupure d’électricité. »

 

 
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Tonio Maritato, de Tomawatt : « À partir d’une puissance de 30-40 MWh, il est intéressant pour les agriculteurs d’avoir un conseil personnalisé pour trouver les optimisations sur la facture d’électricité. » © A. Puybasset

La deuxième optimisation du Turpe consiste à vérifier la pertinence du profil de consommation choisi (courte, moyenne ou longue utilisation). Ce dernier correspond au volume d’électricité consommé par rapport à la puissance souscrite. Ces deux optimisations, complexes à calculer, nécessitent de passer par un conseiller en énergie qui va analyser les données de puissance et de consommation, heure par heure sur la journée et selon les saisons. « On obtient une consommation décomposée en fonction des heures creuses et pleines, en hiver et été », précise Tonio Maritato. « Au-delà d’une consommation de 30 MWh, le coût de la prestation de conseil est souvent payé rien qu’avec l’optimisation sur le profil d’utilisation du Turpe (choix de courte, moyenne ou longue utilisation). » Il cite le cas d’une exploitation de 38 MWh dont le passage de courte à moyenne utilisation a permis un gain de 430 euros chaque année. Tomawatt travaille à rendre accessible ce genre de calcul via un webservice sur un site internet dédié.

(1) Autrefois dénommée TICFE - taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité.

Le saviez-vous

Le TRV, ouvert à tous les compteurs

À partir du 1er février 2025, les tarifs réglementés de vente de l’électricité TRV seront également ouverts aux compteurs C4 (ancien tarif jaune) et C2 (tarif vert), et non plus seulement aux compteurs C5 (bleu). Ils sont réservés à toutes les entreprises de moins de 10 salariés et de moins de 2 millions d'euros de chiffre d’affaires annuel, quel que soit le type de raccordement.

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