La rigidité du granulé a une incidence sur les refus alimentaires des volailles
Le contraste sensoriel — visuel
et tactile — entre l’ancien et le nouvel aliment modifie le comportement des volailles lors
des transitions alimentaires. C'est ce que montre les travaux réalisés dans le cadre de l'UMT Bird et du projet Visavi.
davantage de temps à l’observation au détriment du picorage.
Les volailles sont sensibles à des modifications minimes de l’aliment qui sont difficilement perceptibles par l’homme. Une nouvelle livraison d’aliment ou une transition alimentaire peuvent avoir une incidence importante sur la consommation des volailles, en particulier pour l’espèce dinde. Initié en 2008, le projet Visavi(1) cherche à résoudre les problèmes de refus alimentaires. Il essaie de définir des descripteurs des aliments permettant de faire le lien avec les modifications de comportement alimentaire lors des transitions. « La granulométrie et la durabilité de l’aliment sont les principales mesures réalisées en usine. Mais ces critères ne permettent pas toujours d’expliquer un cas de refus observé en élevage », souligne Isabelle Bouvarel, coordinatrice du projet.
LA VUE PUIS LE TOUCHER DE L’ALIMENT
Plusieurs études de comportement ont été réalisées en élevage (avec des caméras orientées vers les lignes d’alimentation: méthode du focal sampling) mais aussi en conditions « contrôlées » (mesures individuelles en station expérimentale). Les volailles réagissent fortement lors d’un changement de forme de l’aliment de miettes à granulés ou à la farine : elles passent davantage de temps à l’observation au détriment du picorage, ce qui suggère une réaction de néophobie (peur du nouvel aliment). La couleur de l’aliment est également un facteur important. Le changement de teinte du rouge vers le vert ou l’augmentation du nombre de motifs sombres à la surface du granulé lors de la transition réduit l’ingestion chez la dinde. Le comportement alimentaire est aussi influencé par la variation de la dureté des aliments.
EXPÉRIENCE ALIMENTAIRE
Un essai réalisé en station a montré que le fait de diminuer l’écart de rigidité (mesurée par un test de compression) entre l’ancien et le nouvel aliment pourrait faciliter l’adaptation à court terme des dindonneaux. Ces travaux montrent que la réaction des dindonneaux est proportionnelle au contraste entre les caractéristiques — tout d’abord visuelles puis tactiles — de l’aliment connu et du nouvel aliment. « Deux solutions peuvent être envisagées pour réduire la néophobie des volailles : réduire les contrastes ou habituer la volaille à des caractéristiques sensorielles variées en pratiquant des changements réguliers d’aliments (rôle positif de l’expérience alimentaire). » Le projet Visavi a montré la pertinence de nouveaux descripteurs que sont l’analyse d’image numérique pour déterminer la couleur et la texture ainsi que la rhéologie (rigidité). L’objectif à terme étant d’établir des recommandations pour les fabricants d’aliment. Pour Isabelle Bouvarel, « la prise en compte de la sensorialité des aliments et des capacités d’apprentissage des volailles, constituera un challenge ambitieux pour améliorer la durabilité de la production. »
(1) Perception visuelle et tactile des espèces aviaires en lien avec leur comportement alimentaire, projet financé par l’ANR, le Cidef et le CIP. Collaboration Itavi, Inra, université Paris Descartes, CCPA, CSNE, In Vivo NSA, Primex, Provimi, Maïsadour, MG2Mix et Sanders, avec la participation de Tecaliman. JRA pages 32, 113, 115, 118, 119, 136 et 141.