Grippe aviaire : la tension est maximale dans les Côtes d’Armor
Alors que le nombre de foyers de grippe aviaire s’est récemment accru dans les Côtes d’Armor, les services de l’État et les professionnels des filières avicoles se mobilisent pour éviter une envolée de l’épizootie. La priorité est de détecter et de dépeupler le plus rapidement possible les nouveaux cas.
Alors que le nombre de foyers de grippe aviaire s’est récemment accru dans les Côtes d’Armor, les services de l’État et les professionnels des filières avicoles se mobilisent pour éviter une envolée de l’épizootie. La priorité est de détecter et de dépeupler le plus rapidement possible les nouveaux cas.
L’inquiétude était palpable parmi les éleveurs et représentants des filières avicoles, réunis ce mardi 14 février à l’initiative de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor et de la FDSEA. En présence des services de l’État, l’objectif était de les informer sur la situation sanitaire liée à la grippe aviaire et les mesures prises dans le département, dans un état d’esprit commun « de sortir ensemble de cette situation ».
Le département a connu une accélération du nombre de foyers ces dernières semaines passant de 6 cas confirmés le 13 janvier à 16 le 16/02/2023 selon le décompte du ministère de l’agriculture (au 17/02/2023).
Deux zones de protection et de surveillance se côtoient actuellement dans le département, avec des évolutions épidémiologiques différentes. Celle située au nord-ouest de Guingamp avec deux cas en élevage, connait une situation stable. La seconde au sud-est, s’est récemment étendue, suite à la confirmation d’un foyer sur la commune de Saint-Péver le 14 février puis d’un quatrième cas sur la commune de Saint Connan le 16 février.
Ces deux zones concentrent de nombreux élevages en particulier de poulettes et de poules pondeuses et des couvoirs.
« Face à cette situation inédite, la DDPP a renforcé les équipes en donnant la priorité à la gestion des foyers. La clé est de détecter et de dépeupler rapidement », a rappelé Virshna Heng, directeur par interim de la DDPP des Côtes d’Armor, répondant aux nombreuses interrogations des éleveurs.
La situation étant plus stable dans les Pays de la Loire, les Côtes d’Armor disposent de quasiment toutes les capacités des équipes d’euthanasie GT Logistics. « En ce moment, ils sont en mesure d’intervenir dès le lendemain de la confirmation du cas. »
Concernant la gestion de l’équarrissage, le directeur de la DDPP s’est voulu rassurant. « Il n’y a à ce jour pas de problématique sur la gestion des animaux trouvés morts. J’ai demandé à la Secanim d’ouvrir une ligne le week end en cas de flambée des foyers. »
L’enjeu d’une détection précoce d’un cas de grippe aviaire
« La détection précoce est la clé majeure pour éviter l’emballement des cas, appuie Yann Villaggi, chef de service à la DDPP. Dans la zone de Saint Connan, la surveillance a été renforcée par des autocontrôles dans tous les élevages. »
Il encourage les éleveurs et leur entourage technique et sanitaire à être d’autant plus attentifs au moindre signe d’alerte, à réaliser des diagnostics d’exclusion et à renforcer les mesures de biosécurité (mouvements autour des élevages, désinfection des abords de la zone professionnelle, équipes d’intervention…). « Les détassages, considérés comme facteurs de risques, sont proscrits dans toute la zone. Des questions se posent aussi sur les liens épidémiologiques entre foyers liés à la collecte d’œufs. »
La DDPP qui reçoit chaque jour 100 à 150 demandes de laisser-passer pour exporter les œufs en dehors des zones de surveillance, contrôle que la collecte est rationalisée et demande aux chauffeurs de s’engager sur les mesures de biosécurité.
En plus des tensions qui pèsent sur l’approvisionnement en œufs et en poulettes liées au blocage de la zone, l’enjeu est aussi de protéger les nombreux élevages de sélection et les couvoirs.
En discussion la semaine dernière, la possibilité de réaliser un dépeuplement autour de Saint Connan n’a pour l’instant pas été retenue.
Le fonds d’aides FMSE en soutien aux éleveurs
Le fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) va utiliser ses fonds propres professionnels pour indemniser les éleveurs de volailles impactés par la grippe aviaire situés en zones indemnes et ne pouvant pas bénéficier des dispositifs d’aides de l’Etat.
« Cette aide, financée avec l’interprofession du foie gras Cifog, va d’abord concerner les élevages de canards», a précisé Joël Limouzin, président du FMSE. « La disponibilité en canetons représente aujourd’hui 20 à 30% des besoins. Certains élevages vont être vides pendant un an. » Une réflexion est en cours au niveau des autres interprofessions pour financer ce dispositif.
Créé il y a dix ans, le FMSE est un dispositif sanitaire visant à accompagner les agriculteurs touchés par des problématiques sanitaires et ne pouvant pas bénéficier d’aides de l’État. Il est financé à 35% par la profession agricole (cotisation obligatoire de 20 euros/agriculteur/an) et abondé par effet levier à 65% par des fonds de l’État et de l’Europe. « À terme, nous souhaitons que le FMSE soit aussi financé par les entreprises et pas seulement par les producteurs. »