Des aménagements variés pour faire rentrer la lumière naturelle dans les poulaillers
Une enquête de l’Itavi auprès d’éleveurs de poulets de chair du Sud-Est, équipés de fenêtres souligne la diversité des aménagements en termes d’équipements et de prix.
Une enquête de l’Itavi auprès d’éleveurs de poulets de chair du Sud-Est, équipés de fenêtres souligne la diversité des aménagements en termes d’équipements et de prix.
L’apport de lumière naturelle fait partie intégrante des cahiers des charges, particulièrement pour les systèmes sans accès à un parcours. Afin de mieux appréhender la diversité des aménagements effectués pour apporter de la lumière naturelle aux animaux, l’Itavi a enquêté vingt-cinq éleveurs en 2020 dans le sud-est de la France.
L’enquête montre une évolution des équipements depuis cinq ans. Avant 2017, les éleveurs optaient pour des fenêtres en polycarbonate alvéolaire, avec une surface en vitrage variant de 1 à 2 % de la surface utile du bâtiment. La présence d’occultants n’est pas systématique et l’ouverture est manuelle, fenêtre par fenêtre. Depuis 2017, les fenêtres sont le plus fréquemment en double vitrage avec un encadrement en PVC. Elles représentent 3 % de la surface utile du bâtiment. Un système d’occultation est systématiquement installé. Les ouvertures sont pour la plupart du temps motorisées voir automatisées.
L’arrivée du double vitrage a permis une meilleure isolation du fait de sa conductivité thermique inférieure (2,8 Watts par mètre-Kelvin) par rapport au polycarbonate (3,2 Watts par mètre-Kelvin). Il résiste également mieux aux agressions chimiques et physiques lors du lavage. L’impact des fenêtres sur l’augmentation du coût de chauffage est de ce fait plus faible avec du double vitrage (surcoût de +2,8 % contre +3,3 % par rapport au polycarbonate alvéolaire), selon l’Itavi.
Des prix très variables
Le coût de la mise en place de fenêtres, avec des surfaces de vitrage équivalentes à 3 % de la surface utile est en moyenne de 17 €/m². Ce montant prend en compte les fenêtres, le système d’occultation et la pose de ces équipements (motorisation comprise). Les prix varient de 7 à 31 €/m² pour les constructions neuves et de 12 à 25 €/m² pour les rénovations réalisées après 2017. Au global, la charge financière occasionnée par les fenêtres est estimée à 9 % du prix moyen d’un bâtiment neuf.
Dans le cas de rénovation, s’adapter à l’existant implique souvent des dimensions et placements de fenêtres qui diffèrent selon le bâtiment et ses équipements en place, notamment les entrées et sorties d’air de la ventilation. Dans tous les cas, les éléments de structure ne doivent pas être touchés. La question de la dépose et découpe des plaques contenant de l’amiante se pose pour les ouvrages anciens. Le désamiantage nécessite de faire appel à une entreprise spécialisée et peut représenter une dépense de 20 €/m² de surface amiantée minimum.
De meilleures conditions de travail
Les éleveurs sont unanimes à affirmer que la présence de fenêtres améliore leurs conditions de travail. « C’est plus agréable de travailler avec des fenêtres et avec la lumière extérieure. Lorsque l’on repaille, c’est plus agréable », explique l’un d’eux. Un autre renchérit. « Dans le bâtiment, on est super bien ! Il y a plus de confort de travail par rapport à un bâtiment sombre. »
Le positionnement des fenêtres, un choix complexe
Lors de rénovation et dans le cas de construction neuve, la position des trappes d’entrée d’air est le critère majeur qui conditionne l’emplacement des fenêtres. Les positionnements sur les longs pans au-delà de la hauteur d’homme et en pignon semblent être les plus appréciés par les éleveurs du Sud-Est enquêtés. Attention cependant car le positionnement des fenêtres et la transparence des vitres sont parfois précisés dans les cahiers des charges suivis par les éleveurs (ou des abattoirs). Le principal opérateur précise que les fenêtres doivent être à hauteur d’homme, sur les deux longs pans du bâtiment et que le vitrage doit être transparent.
D’autres problèmes techniques ont également été mentionnés. Les rayons lumineux entrants peuvent aussi provoquer un réchauffement de l’eau distribuée aux animaux et des erreurs de mesure sur les sondes de température du bâtiment. La régulation de la ventilation et du chauffage et donc le confort des animaux peuvent être impactés, puisque la température mesurée n’est plus le reflet de la température réelle du bâtiment. Ces incidents techniques sont d’autant plus gênants lors d’épisodes de forte chaleur.
Un occultant manuel ou motorisé
Les systèmes d’occultation motorisés sont le plus souvent automatisés et permettent de gagner du temps. L’automatisation à partir du boîtier de régulation est majoritairement basée sur une programmation des heures d’ouverture et de fermeture, ajustable selon la période de l’année et le programme lumineux. Le boîtier de régulation peut également être relié à un capteur crépusculaire, à l’extérieur du bâtiment. Sa cellule photosensible déclenche l’ouverture totale des occultants lorsque la luminosité extérieure est suffisante le matin. La fermeture complète est déclenchée lorsque la luminosité est insuffisante le soir. La gestion de l’ouverture et de la fermeture des occultants selon l’heure de lever et de coucher du soleil est également possible avec une horloge astronomique, qui se remet à l’heure automatiquement (dans le cas de panne de courant ou de changement d’heure).
Pour réguler l’éclairage artificiel, il est aussi possible d’utiliser des luxmètres mesurant la lumière naturelle, de manière à respecter une consigne d’intensité lumineuse choisie par l’éleveur ou son technicien. Ce dispositif n’a pas été observé dans le panel d’éleveurs enquêtés.
Un apport de lumière dès le démarrage ou progressif
La lumière naturelle améliore le bien-être des poulets
Les évaluations Ebene réalisées dans les bâtiments des enquêtés montrent que les poulets se déplacent plus et expriment davantage de comportements naturels, particulièrement d’exploration, en comparaison à un ensemble d’évaluations réalisées dans des bâtiments sans apport en lumière naturelle.
Ceci confirme l’avis de la majorité des éleveurs de l’étude, qui considèrent que la lumière naturelle est un bon moyen d’améliorer le bien-être animal. Ils constatent d’ailleurs que « les poussins se répartissent bien mieux que quand on est en obscur », que « les animaux bougent plus et grattent plus la litière ». Ils déclarent « J’ai la sensation que les poulets se sentent mieux » ou encore qu’il n’y a « pas de différence de comportement de mes animaux entre mon bâtiment sombre et clair ».
L’étude en cours dans deux bâtiments situés dans le Sud-Est permettra de suivre le comportement des poulets sur plusieurs lots avec des outils d’analyse d’images en continu, mis en lien avec un suivi fin des paramètres d’ambiance et des performances.