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Volailles : La démarche EVA reconnue équivalente à la certification environnementale de niveau 2

La charte de bonnes pratiques a reçu une équivalence de niveau deux à la certification HVE. Cette reconnaissance des efforts réalisés pourrait faciliter l’accès aux marchés de la restauration collective de la volaille de chair française.

Centrée sur les pratiques culturales, la certification environnementale concerne l'ensemble de l'exploitation, y compris l'atelier avicole. Son référentiel pourrait évoluer pour mieux prendre en compte les spécificités des productions animales. © A. Puybasset
Centrée sur les pratiques culturales, la certification environnementale concerne l'ensemble de l'exploitation, y compris l'atelier avicole. Son référentiel pourrait évoluer pour mieux prendre en compte les spécificités des productions animales.
© A. Puybasset

Ce mois de mars a été lancée la version 5.0 de l’application Eva portant sur la certification des bonnes pratiques, dans laquelle est engagée plus de 70 % de la production de volailles standard et certifiée française. Sa grande nouveauté est qu’elle permet aux éleveurs qui le souhaitent d’obtenir une certification environnementale de leur exploitation agricole de Niveau 2 (dite CEEA 2). 

Lire aussi : Adapter la Haute Valeur Environnementale aux productions avicoles

La démarche Eva, portée par les interprofessions du poulet, de la dinde, de la pintade et du canard, a en effet été officiellement reconnue en janvier 2021 équivalente à l’ensemble des exigences du référentiel de certification environnemental de niveau 2. Attention, car la confusion est souvent faite : ce niveau ne permet pas d’obtenir le fameux label HVE « Haute valeur environnementale » réservé au niveau 3. « La CEEA 2 représente toutefois une reconnaissance des bonnes pratiques environnementales déjà mises en œuvre dans les exploitations avicoles, qui sont souvent en polyculture-élevage », souligne Yann Brice, délégué général des comités poulet, dinde et canard de l’interprofession Anvol. 

L’ensemble de l’exploitation certifiée

Cette avancée permet aussi à l’espèce volaille de rentrer dans le processus de la certification environnementale, dans laquelle les productions animales étaient jusqu’à présent peu impliquées.

 

 
Yann Brice, délégué général des comités poulet, dinde et canard de l’interprofession Anvol : « Malgré l’hétérogénéité des exploitations avicoles auditées dans cette phase test, toutes ont atteint les exigences du niveau 2 de la certification environnementale. »   © A. Puybasset
Yann Brice, délégué général des comités poulet, dinde et canard de l’interprofession Anvol : « Malgré l’hétérogénéité des exploitations avicoles auditées dans cette phase test, toutes ont atteint les exigences du niveau 2 de la certification environnementale. » © A. Puybasset

La certification environnementale est une démarche volontaire et facultative. L’audit CEEA 2 des élevages candidats pourra être réalisé en même temps que l’audit EVA, qui lui est surtout axé sur les bonnes pratiques de biosécurité et de bien-être. Dans ce cas, les 16 exigences environnementales ayant attrait aux cultures s’ajouteront à la liste des critères habituels contrôlés, spécifiques à l’espèce avicole auditée. Il s’agit précisément des exigences de la démarche HVE, réparties en 4 domaines (biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion de la fertilisation et des ressources en eau). 

Cette certification environnementale concerne l’ensemble de l’exploitation. Cela signifie que l’agrément CEEA 2 obtenu dans le cadre de l’audit Eva de l’atelier volaille pourra également bénéficier aux autres ateliers de l’exploitation (cultures, productions animales).

 

100 % des élevages au niveau 2

La grande majorité des élevages avicoles est potentiellement éligible à la CEEA 2. C’est ce qu’a montré une série d’audits « à blanc », réalisés en amont de la demande d’équivalence totale de la charte Eva. « On a ciblé une quinzaine d’élevages du Grand Ouest de la France. L’objectif était d’avoir un échantillon représentatif de la diversité des exploitations avicoles en poulet, dinde et canard de chair : des exploitations avec peu ou beaucoup de surface agricole, voire aucune SAU dans un cas, et avec la présence ou pas d’autres productions animales (bovin viande ou lait, notamment). Ces élevages étaient déjà agréés Eva mais ils n’étaient pas auparavant engagés dans une certification environnementale. »

Les audits menés durant l’été 2020 par l’organisme certificateur Certis ont montré que 100 % des exploitations ont atteint les exigences du niveau 2, après levée des écarts mineurs (par exemple un défaut d’enregistrement d’un traitement). C’est aussi le cas de l’exploitation sans SAU. La CEEA 2 est basée sur une obligation de moyens autour des pratiques culturales. Par exemple, l’une des exigences concerne l’utilisation d’un cahier d’irrigation. Si l’exploitation n’irrigue pas, l’exigence est qualifiée « sans objet », et n’aboutit pas à une non-conformité.

Un levier contre le poulet importé

Plusieurs organisations de production ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt de se lancer dans une démarche collective de certification CEEA 2. L’objectif est de la valoriser dans un cahier des charges spécifique, proposé notamment aux débouchés de la restauration hors domicile. Le niveau 2 de la certification environnementale donne accès jusqu’en 2027 à la définition du terme « durable » dans les appels d’offres de la restauration hors domicile, introduite par la loi Egalim.

C’est une belle opportunité pour la filière française de mettre en avant ses volailles et de contrer les importations, principalement orientées vers la restauration hors domicile. À partir de 2027, seuls les produits certifiés niveau 3 de la HVE pourront y avoir accès. Cela laisse plus de huit années à la filière volaille pour avancer dans cette démarche.

L’audit « à blanc » a par ailleurs testé le référentiel de niveau 3 menant à la certification HVE dans ces mêmes exploitations. « La bonne surprise a été de constater que près de 50 % d’entre elles étaient éligibles, se réjouit Yann Brice. Cela montre que l’atteinte du label HVE n’est pas inaccessible pour les élevages avicoles. » Basé sur une obligation de résultat, le niveau 3 impose de revoir les pratiques des cultures. C’est davantage une démarche individuelle et progressive qui pour certains agriculteurs nécessitera des investissements. L’enjeu restant de savoir comment ils seront valorisés.

 

Six exploitations éligibles au niveau 3

Sur les exploitations avicoles qui ont fait l’objet d’un audit à blanc de certification environnemental, 6 d’entre elles étaient également éligibles (1) au niveau 3 menant à la mention HVE. Cela représente un taux de réussite de 46 %. La protection de la biodiversité est le point fort. Cette thématique a été validée par toutes les exploitations (environnement bocager, diversité des espèces animales élevées et des espèces végétales mises en culture). Ce qui a fait défaut dans la plupart des exploitations recalées, c’est la stratégie phytosanitaire (fréquence et type de traitements en grandes cultures…) et dans une moindre mesure l’irrigation. « Seule une exploitation ne valide pas la fertilisation. La problématique azote est déjà au cœur des préoccupations des éleveurs », conclut le rapport d’études.

(1) Une exploitation sans SAU n’est pas éligible au niveau 3.

Repères

Accès au terme « durable » des Egalim

À partir de 2022, la restauration collective devra réaliser 50 % de ses achats en produits de qualité et durables (20 % en bio et le reste en produits sous signes de qualité dont la certification HVE).

Jusqu’à début 2027, les produits certifiés de niveau 2 pourront de manière transitoire accéder au terme durable (décret 2019-351)

Au delà, seul le niveau 3 de la HVE le permettra.

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