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Pesticides
Le "sans résidus" : réponse de la GMS et de l'amont aux ONG, mais une réelle attente des consommateurs?

Pour quoi? Pourquoi? Pour qui? Comment? L’événement inter-filière Fruits & Légumes et Vin « Zéro Résidu » a fait le point sur les attentes des consommateurs et des distributeurs sur ces démarches. Sans oublier de les comparer au bio...

© CTIFL/Archives FLD

Peut-on élaborer des produits sans résidus phytosanitaires ?  Et pour quoi ? L’événement inter-filière Fruits & Légumes et Vin « Zéro Résidu », organisé par Agri Sud-Ouest, le CTIFL, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et Inno’vin le 8 décembre, a été l’occasion de faire le point sur cette tendance croissante, la réglementation, la perception des consommateurs…

Engagement précoce des distributeurs allemands sur les résidus

En effet, dans un climat anxiogène véhiculé par les médias et les ONG quant aux pesticides sur fruits et légumes, les attentes des consommateurs vont croissantes. « Dans les années 2000, les campagnes agressives et croissantes des ONG ont poussé les distributeurs allemands à la course au plus blanc que blanc, avec la mise en place d’exigences très fortes sur leurs fournisseurs quant aux LMR (limite maximale de résidus) et basées sur des choix sans justifications techniques, relate Catherine Glémont (direction Valorisation et Transfert au CTIFL). En France, notamment sous l’impulsion de Greenpeace et de sa course aux pesticides en 2015, la GMS s’est fixé l’objectif de baisser l’utilisation des phytos, et non pas des résidus. L’angle d’approche est différent de celui allemand, on est sur une approche intégrée des cultures avec des bonnes pratiques agricoles. »

L’amont agricole et le post-récolte français répond aux attentes de la GMS

Ce sont ainsi développées des démarches d’agroécologie et de qualité : HVE, Beefriendly, Vergers Ecoresponsables, la démarche Tomates et Concombres de France pour l’amont, FeL Partenarat et démarche Qualité Saint-Charles pour l’aval… Des démarches spécifiques aux pesticides ont aussi vu le jour, avec le Collectif Nouveaux Champs et le ZRP en 2018, Cultivés sans pesticides, etc. mais aussi le collectif 3e Voie (dont fait partie Demain la Terre) ou La Nouvelle Agriculture de Terrena.

Outre les leviers culturaux pour diminuer les résidus de pesticides et les fréquences de traitements, Franziska Zavagli (CTIFL) explique que des méthodes de décontamination en post-récolte existent et/ou sont à l’étude: lavage à l’eau ou savon, traitements chimiques (chlore, peroxyde d’hydrogène), procédés modernes (eau électrolysée, ozone), brossage… « On peut baisser le taux de résidus de 30 à 50 %, voire même 70 %. Mais se posent les questions du coût, de la facilité de mise en place… Et nous baissons la concentration, pas le nombre de résidus… »

Réglementation : un engagement volontaire mais qui doit être dosé

Florence Gérault, experte nationale résidus à la direction générale de l’alimentation (Ministère de l’Agriculture), rappelle que ces allégations sur les résidus et les pesticides sont volontaires, avec obligation de résultats. « Ce qui est en jeu, c’est ce qu’on met derrière l’allégation : seuil réglementaire ? limite encore plus basse ? ou même la non-détection ? Par défaut, le seuil de détection d’une substance active dans ces cahiers des charges est souvent fixé à 0,01 mg/kg, souligne-t-elle. Même si on peut descendre plus bas selon la substance active, il ne faut pas le faire systématiquement car ça ouvrirait la porte à de nouvelles questions, à élargir sur des niveaux aussi bas sur d’autres cultures et molécules, sans prendre en compte les difficultés comme les contaminations croisées par exemple. »

Une perception encore floue pour le consommateur

La perception du consommateur sur ces produits en démarche est encore assez floue. Selon l’étude 2019 du CTIFL (Catherine Baros, direction prospective et études économiques, CTIFL) pour l’AOPn Tomates et Concombres de France, le mode de production de la tomate, globalement méconnu, n’est pas le principal critère de choix de la tomate par le consommateur (il privilégie d’abord le goût, le prix et l’origine France). Et sur les points de vente, cette offre “en démarche sans pesticides ou zéro résidu de pesticides” n’est pas forcément vue ou bien comprise, mais elle est perçue comme positive et responsable.

Pour Eric Giraud Héraud (directeur de recherche à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin), la question prégnante restera toujours le consentement à payer. « Avec la mention ZRP, le vin gagne quelques parts de marché, mais en parallèle le vin premium n’en a pas vraiment perdues. La qualité reste donc importante. Il ne faut pas s’arcbouter sur l’idée que le consommateur ne recherche qu’une absence de résidus. Néanmoins, n’oublions pas que sur les sujets de RSE, il y a une grosse influence des réseaux sociaux qui vont activer fortement les attentes des consommateurs, notamment en matière de pesticides. »

Une question de santé publique

Alors pourquoi faire tous ces efforts ? Car il existe aussi une présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et l’impact sur la santé. Laurence Payrastre (laboratoire Toxalim à l’Inrae de Toulouse) souligne : « Certes à faibles doses, les fruits et légumes contiennent des résidus de pesticides. Mais ils en contiennent plusieurs différents, et nous consommons différents fruits et légumes par jour.  Donc quel est l’effet cocktail sur le consommateur ? C’est la question à laquelle nous travaillons à répondre. »

Et le bio dans tout ça ?

Si un régime à base de produits bio semble avoir un impact positif sur la prévention des maladies métaboliques (selon la cohorte Nutrinet), il ne doit pas être le seul levier à être activé. Ce système de culture porte lui aussi ses limites et ses inconnues. Comme le souligne Florence Gérault, « les LMR au cuivre sont en train d’être revues au niveau européen car compte tenue de la diversité des sources d’exposition au cuivre, on dépasserait les 100 % de la dose journalière limite. C’est un vrai sujet qui impliquerait notamment de revoir à la baisse certaines pratiques agricoles ».

Côté consommation, compte-tenu de la question du prix en plus de la problématique santé, Eric Giraud Héraud et Catherine Baros estiment que le développement de ces démarches peut concurrencer le bio, notamment pour le consommateur « versatile, qui va aller un coup sur du bio, un coup sur un produit en démarche ».

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