Marchés des huiles végétales
Vers une détente du marché des huiles végétales dans l'Union européenne ?
Le marché des huiles végétales s’avère très tendu dans l'Union européenne. Les opinions divergent selon les opérateurs et analystes contactés au sujet de la direction que pourraient prendre les prix lors des prochains mois.
Le marché des huiles végétales s’avère très tendu dans l'Union européenne. Les opinions divergent selon les opérateurs et analystes contactés au sujet de la direction que pourraient prendre les prix lors des prochains mois.
Le haut niveau des prix actuels des huiles végétales européennes (huile de colza, à plus de 1 600 $/t en FOB Rotterdam en spot au 15 septembre, palme, tournesol, soja…) incite les opérateurs à se poser la question : jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ? « Les prix pourraient connaître une détente lors des prochains mois », déclare Thomas Mielke, dirigeant du cabinet d’analyse allemand Oil World.
Selon lui, la hausse attendue des productions mondiales d’huile de tournesol, d’huile de palme et d’huile de soja « aura une influence baissière sur les prix européens en 2021/2022 et compensera en partie la pénurie d’huile de colza ».
Production UE d’huile de tournesol à 3,75 Mt
Oil World prévoit, par exemple, que la production d’huile de tournesol 2021/2022 dans l’UE-27 augmentera de 0,5 Mt par rapport à 2020/2021, pour atteindre 3,75 Mt, et de 3 Mt au niveau mondial sur la même période. L’analyste indique, dans son rapport du 17 septembre, que « la production mondiale de dix oléagineux devrait augmenter de 24,1 Mt » entre 2020/2021 et 2021/2022. « Après deux ans de déficit mondial, la production d’huile dépasserait la consommation en 2021/2022, entraînant une reprise des stocks », complète Thomas Mielke.
Faibles marges en alimentations animale et humaine, le biodiesel paye mieux actuellement
Des opérateurs sont moins optimistes, et attendent un maintien des prix hauts pour un long moment encore. « La présence des vendeurs sur le marché est faible, voire inexistante, jusqu’à 2022. De plus, les marges des industries alimentaire et de l’alimentation animale sont faibles, incitant les producteurs d’huiles à se tourner vers les biocarburants où les marges sont meilleures grâce à la hausse du pétrole, limitant l’offre disponible pour d’autres débouchés », s’inquiète l’un d’entre eux.
La future usine de Shell à Rotterdam : une nouvelle demande en huile de colza
L’annonce du groupe Shell du démarrage d’une usine de production de biodiesel à Rotterdam en 2024, à partir d’huiles usagées mais aussi d’huiles de première main, génère une nouvelle demande. L’analyste privé s’inquiète également de la faible production canadienne de canola, attendue à seulement 12,78 Mt selon StatCan.
Antoine de Gasquet, président du cabinet de courtage Baillon Intercor, confirme que « les acheteurs se positionnent actuellement au minimum, sur de courtes périodes, et d’autres débouchés sont parfois privilégiés (biocarburant notamment) ». Toutefois, il estime qu’une détente des cours lors du second semestre 2022 est possible, grâce à une bonne production mondiale d’huile de tournesol et de soja notamment.
Ensuite, « certains pays ont réduit leurs achats. […] Dans les pays émergents, on s’inquiète car la hausse des prix peut y engendrer de l’instabilité géopolitique », soutient Antoine de Gasquet. D’autres pays, comme les États-Unis ou l’Union européenne, peuvent changer leurs politiques énergétiques selon les besoins, ajoute-t-il.
Antoine de Gasquet voit une baisse possible des prix, mais « pas tout de suite et pas forcément au point de tomber sous la barre des 1 000 €/t. Reconstituer les stocks mondiaux nécessite du temps et de bonnes récoltes dans les deux hémisphères. Pour le colza, c’est plutôt mal parti avec les dernières nouvelles en provenance du Canada et de l'UE… ».