Traite : cinq leviers pour réduire sa facture d'électricité sans investir
Avant d’investir dans des équipements pour réduire les consommations électriques du bloc traite, pensez à adopter de bons réflexes d’entretien, à assurer une ventilation correcte de la laiterie, et peut-être même à installer une partie du tank à l’extérieur. Le point avec Thomas Huneau, de la ferme expérimentale de Derval.
Avant d’investir dans des équipements pour réduire les consommations électriques du bloc traite, pensez à adopter de bons réflexes d’entretien, à assurer une ventilation correcte de la laiterie, et peut-être même à installer une partie du tank à l’extérieur. Le point avec Thomas Huneau, de la ferme expérimentale de Derval.
1 - Nettoyer régulièrement le condenseur du tank
Les ailettes du condenseur doivent être régulièrement dépoussiérées : une fois par trimestre dans des conditions optimales, tous les mois dans un environnement salissant. Vous pouvez intervenir vous-mêmes avec une brosse à poils souples dans le sens des ailettes et parfaire le dépoussiérage avec la soufflette du compresseur. Mieux vaut éviter la brosse en nylon car elle pousse la poussière à l’intérieur et proscrire tout ustensile métallique. De même, un nettoyeur haute pression mal utilisé peut produire un écrasement irréversible des ailettes. Vous pouvez contrôler que l’intérieur du condenseur est bien propre avec une lampe : on doit voir passer la lumière à travers.En cas d’encrassement trop important, il est préférable de faire appel à un technicien du service froid qui emploiera des moyens appropriés et sécurisés.
« À Derval, la consommation du tank a diminué d’un quart après le nettoyage du condenseur que nous avions volontairement laisser s’encrasser pendant un an. C’est énorme ! Et il y a sans doute plus à gagner encore dans un environnement plus poussiéreux que celui de Derval où il n’y a pas de pailleuse et où la cour est bitumée. »
2 - Ventiler le plus possible le condenseur
La chaleur excessive dans la laiterie et notamment au niveau des condenseurs entraîne une surconsommation électrique du tank à lait. « À Derval, nous avons économisé presque 20 % de sa consommation uniquement par l’effet ventilation. »Lorsque le groupe frigorifique est à l’intérieur de la laiterie, le volume du local doit être suffisant et la pièce bien ventilée, avec au minimum une entrée d’air de 0,85 m2 en partie basse et une sortie d’air d’au moins la surface des condenseurs et située en face d’eux. Si votre laiterie est devenue trop petite par rapport au volume du tank, pourquoi ne pas faire « déborder » l’arrière du tank à l’extérieur, la partie avant d’accès au tank restant à l’intérieur du local ?
Autre possibilité : positionner le groupe frigorifique à l’extérieur en le dissociant du tank. « Certains éleveurs négocient cette solution avec leur laiterie moyennant un surcoût, mais ces dernières se montrent assez réticentes avec cette opération qui nécessite d’intervenir sur le circuit frigorifique et complique la manutention lors des changements de tank. »
3 - Bien isoler le chauffe-eau
L’isolation du chauffe-eau, du ballon et des canalisations est primordiale. Souvent ce n’est pas le cas, alors que cela peut-être facilement réalisé. « En isolant de façon rudimentaire le chauffe-eau des veaux avec de la laine de verre de 200 mm, sa consommation a quasiment été réduite de moitié, passant de 3,1 à 1,7 kWh/j pour une consommation d’eau chaude de cinq litres dans le cadre de l’essai. » Par contre, attention à ne pas générer de la condensation sur la carte électronique (positionnée dessous ou sur le côté) en l’enveloppant complètement.Autre solution pour éviter les déperditions de chaleur et une consommation inutile : placer les systèmes de production d’eau chaude dans un local isolé, et si possible, au plus près des points d’utilisation.
Si vous agrandissez votre salle de traite, pensez à dimensionner le chauffe-eau en conséquence. Sinon il va tourner en continu toute la journée.
4 - Protéger le chauffe-eau du calcaire
Chauffer le même volume d’eau avec une résistance entartrée nécessite 30 % d’énergie supplémentaire. Selon la dureté de votre eau, mieux vaut faire entretenir le chauffe-eau et vérifier l’état de la résistance au bout d’un an. En fonction de l’état d’entartrage, vous pourrez ajuster la fréquence d’intervention du plombier.
Le chauffe-eau n’est pas le seul impacté par le calcaire. « À Derval, nous nous sommes rendu compte que notre récupérateur de chaleur ne fonctionne plus à sa pleine performance en raison de canaux bouchés par le calcaire. Nous allons le détartrer nous-mêmes avec une solution d’acide diluée à 10 %. »
5 - Traquer les fuites
« Nous avons repéré une augmentation anormale de la consommation du robot liée à un temps de fonctionnement plus long du compresseur nécessaire à l’ouverture et à la fermeture des portes entre autres. Il y avait deux hypothèses : soit le compresseur perdait en débit et compensait en fonctionnant davantage, soit les besoins se révélaient plus importants en raison de fuites de la distribution d’air comprimé et le compresseur devait ajuster sa production. » La ferme a d’abord fait appel à un technicien machine à traire pour réaliser un diagnostic du circuit. Équipé d’un casque et d’un microphone, il a pu repérer différentes fuites d’air. « Plutôt que changer le compresseur (8 000 €), nous avons réglé 1 000 € pour son intervention et le remplacement de plusieurs raccords, régulateurs de pression et autres tuyaux. »
Des fuites d’eau peuvent aussi être à l’origine d’une surconsommation électrique des surpresseurs, pouvant représenter quelques centaines de kilowattheures par an.
Mise en garde
Pour cibler et mesurer vos efforts, il est essentiel de suivre vos consommations. L’idéal est de s’équiper de compteurs d’énergie (250 € hors main-d’œuvre) qui mesurent précisément la consommation électrique de chaque équipement. À défaut, mesurer les heures de fonctionnement du tank par rapport au volume refroidi, ou effectuer un relevé du compteur horaire à chaque maintenance (compresseur du robot de traite par exemple) donne une tendance.