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Tomate en sol : les points-clés d'une bonne conduite de l’irrigation pour optimiser le rendement

La bonne conduite de l’irrigation de la tomate en sol sous abri conditionne le rendement, le calibre, ainsi que le maintien de ce calibre dans le temps. Mais des irrigations mal ajustées provoquent la nécrose apicale.

En plein développement foliaire (8e bouquet et plus), un pied de tomate consomme de 2 à 3 litres d’eau par jour, dans des conditions d’enracinement correct et par forte chaleur. L’apport d’eau journalier est donc conséquent. Les essais menés à la Serail il y a quelques années montraient que le goutte-à-goutte est la technique la plus appropriée mais que mal maîtrisée, les conséquences sont importantes : jusqu’à 30-35 % de perte de rendement et de calibre. Le respect de quelques règles s’impose.

Le choix de la gaine et des goutteurs

Le diamètre de gaine le plus courant est de 16 mm. Il permet des longueurs jusqu’à 80 m avec un goutteur tous les 10 cm. Une large gamme d’écartements de goutteurs est disponible. Classiquement en maraîchage, on opte pour des écartements de 20 cm à 40 cm. L’écartement le plus courant est de 33 cm entre goutteurs. Mais c’est normalement avant tout le type de sol qui détermine l’écartement et le débit des goutteurs. En sol sableux, on choisira des goutteurs à faibles débits (- de1 l/h) espacés de 20 cm, en sol limono-sableux utilisez des goutteurs de débit intermédiaire (1,5 l/h) espacés de 25 à 30 cm, en sol argileux préférez des goutteurs à débit plus important (jusqu’à 2,3 l/h) espacés 30 à 35 cm. Si l’eau est chargée et/ou mal filtrée (cas des retenues collinaires), on pourra opter pour un débit supérieur ou égal à 1,5 l/h afin de limiter les risques de bouchage. La meilleure solution étant de disposer d’une installation de filtration performante et régulièrement entretenue.

A lire aussi : Un essai prometteur sur la culture de tomate en aquaponie

Pour une bonne homogénéité d’irrigation, la variation de débit doit être inférieure à 10 % entre chaque extrémité d’une même gaine. On optera pour le goutteur autorégulant, un peu plus cher mais à débit stable dans une tranche de pression de 0,5 à 2,5 bars, adaptée aux pentes supérieures à 4 % ainsi qu’aux longueurs importantes. La pose des lignes s’effectue sur un terrain soigneusement travaillé, plat, goutteurs orientés vers le haut pour limiter les risques de bouchage. Une vanne de purge en extrémité de ligne permet de limiter les écarts d’apport dans le cas des tunnels en pente.

Plus de gaines dans les sols légers ou superficiels

Les gaines à goutteurs autorégulant et anti-vidange sont également un choix possible pour conserver une bonne homogénéité de répartition entre haut et bas de pente. Il est conseillé d’augmenter le nombre de gaines par rang ou double rang de plantation dans le cas de sols légers et/ou superficiels : 2 lignes par rang simple ou 3 lignes par rang double, jusqu’à 4 gaines en rang simple avec plants greffés en sol filtrant. Cet aspect est particulièrement important en agriculture biologique avec une fertilisation organique solide apportée principalement en pré-plantation. Il faut alors que l’irrigation au goutte-à-goutte assure l’humidification homogène du plus grand volume de sol possible et permettant ainsi sa colonisation par le système racinaire de la culture.

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Le calcul du débit d’installation

Pour une installation type tomate, on procède de la manière suivante :

- 1re étape : calculer le débit d’installation (litres/h)

= Débit/goutteur x nombre goutteurs/Ml de gaine x longueur d’1 gaine x nombre de gaine/tunnel

- 2e étape : calculer la dose par m² (en litres/h/m²)

= Débit d’installation / surface abri

- 3e étape : calculer la dose par pied (l/h/pied)

= Dose par m² / densité de plantation

- 4e étape : calculer la dose journalière par pied (l/pied/jour)

= Dose par pied x temps de fonctionnement quotidien

L’évolution des consommations journalières par pied

Sur la base d’une densité de plantation de 2 pieds/m² et pour des données ETP trentenaires (ex. Lyon Bron), des repères chiffrés de consommation journalière par pied ont été établis selon la décade à laquelle on se situe.

L’ajustement des temps de fonctionnement journaliers

Sur la base d’un dispositif de plantation en rangs doubles et pour lequel on dispose de 2 ou 3 lignes de goutteurs, le tableau ci-dessous donne les temps de fonctionnement pour des goutteurs de débit 2,3 l/h et 1 l/h :

Le fractionnement des temps d’irrigation est d’autant plus nécessaire qu’on se trouvera en sol léger, ou avec des temps de fonctionnement longs et/ou avec des quantités journalières importantes. Le fractionnement des apports nécessite de s’équiper en programmation afin de limiter la contrainte organisationnelle. On optera pour 3 phases d’irrigation par jour : début de matinée, mi-journée, fin d’après-midi. Attention, la programmation n’affranchit pas de la surveillance. Rien ne vaut un coup de gouge pour contrôler l’état d’humectation réel du sol… et faire les ajustements nécessaires en ce qui concerne les temps de fonctionnement.

D’autres techniques d’irrigation

Sur la base de l’ETP et de la profondeur d’enracinement, en faisant évoluer les coefficients culturaux de la tomate, on peut déterminer la dose d’irrigation :

- 0,5 à 0,9 au fur et à mesure de la croissance

- 1 de la floraison 4e bouquet au trois-quarts de la récolte

- 0,7 à 0,8 ensuite jusqu’à l’arrêt des récoltes

Les sondes tensiométriques ou sondes capacitives (plus précises) permettent également le pilotage de l’irrigation. Elles peuvent assurer un déclenchement automatique de l’arrosage au regard de l’humidité mesurée et des besoins de la culture, préalablement paramétrés. Ces outils de pilotage sont peu adaptés aux petites unités de production.

Comment éviter la nécrose apicale ?

La nécrose apicale de la tomate, blossom-end rot ou « cul noir », se développe à l’extrémité des fruits, au niveau ou à proximité de l’attache pistillaire. L’origine de ces dégâts est non parasitaire et liée à un manque de calcium dans la partie distale des fruits consécutif à un défaut d’absorption de cet élément par les racines ou à son transport insuffisant via la sève brute dans le xylème. Plusieurs paramètres peuvent expliquer ces situations. Elles peuvent être dues à une carence vraie en calcium ou induite (antagonisme avec d’autres éléments NH4+, NO3-, Mg++) ; une salinité élevée limitant l’absorption du calcium ; une forte transpiration ; une croissance trop rapide ; un système racinaire limité mais aussi des irrigations insuffisantes ou mal réparties dans le temps et à l’origine d’une fluctuation trop importante de l’humidité du sol.

Limiter la transpiration des plantes

La nécrose apicale se manifeste particulièrement lors de périodes climatiques chaudes et sèches. Il faut donc assurer le maximum de confort aux plantes en maintenant une hygrométrie optimale dans les abris et limiter au maximum la transpiration des plantes (blanchiment ou aspersion des toitures). Eviter de soumettre les plantes au vent chaud et sec. La ferti-irrigation joue un rôle important afin d’assurer une fertilisation équilibrée (éviter les excès notamment en azote) et des apports en calcium optimaux. En sol, maintenir un niveau de phosphore adéquat, surtout à la plantation, et un pH du sol compris entre 6,5 et 6,8. Eviter les salinités excessives. Des applications foliaires de chlorure de calcium anhydre sont préconisées aux Etats-Unis.

(source Ephytia)

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