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Tomate : contre le ToBRFV, l'importance du contrôle des semences et de la prophylaxie

Le contrôle des semences et les mesures de prophylaxie sont particulièrement importants pour prévenir l’introduction et la dissémination du ToBRFV.

En Europe, le virus ToBRFV infecte très majoritairement la tomate et a également été identifié sur poivron, notamment en Sicile. « Contrairement à ce qui avait été suspecté initialement, il n’infecte pas l’aubergine », indique Éric Verdin, de l’unité de pathologie végétale de l’Inrae. Tous les modes de production sont concernés : cultures sous abri ou de plein champ, hors-sol et pleine terre, culture bio... Les symptômes apparaissent sur le feuillage dix à vingt jours après l’infection, les symptômes et leur intensité variant selon les variétés. La transmission, très efficace, se fait principalement par les semences et les plants contaminés.

« Le ToBRFV est très stable dans l’environnement, plus que les autres virus, souligne Éric Verdin. Sa transmission à longue distance au niveau mondial se fait principalement par les semences. Un point essentiel pour limiter sa dissémination est donc l’utilisation de lots de semence disposant de passeports phytosanitaires garantissant l’absence du virus. » Depuis 2018, les pépiniéristes, informés de l’émergence du ToBRFV, ont pris des mesures pour se prémunir de l’arrivée du virus par le contrôle des lots de semences. Si un cahier des charges très strict, le GSPP (Good Seed and Plant Practices) est en place depuis 2011 au niveau international et permet de réduire le risque des virus et des bactéries transmises par contact, les producteurs de plants, face à la menace du ToBRFV, sont particulièrement vigilants sur l’origine des lots de semences, en particulier ceux provenant de zones contaminées.

Manipulations, insectes, adventices

Ce virus se transmettant très facilement par contact, la prophylaxie sur les exploitations est également essentielle : mise en place de pédiluves, lavage des mains, équipements de protection à usage unique (combinaison, gants, charlotte, sur-chaussures...) ou tenues dédiées, désinfection des outils, équipes et matériel dédiés à une zone restreinte (compartiment, serre, tunnel, parcelle), limitation de l'accès aux serres (salariés, techniciens). Autre point important : la gestion des adventices. « Le virus du ToBRFV peut infecter certains hôtes alternatifs, notamment la morelle noire, très fréquente en France, sans que celle-ci exprime de symptômes identifiables, souligne Éric Verdin. Il faut donc être vigilant sur le désherbage des serres, abords des serres, parcelles. »

Les insectes peuvent également disséminer le ToBRFV par contact. Le virus a été mis en évidence sur l’abdomen de bourdons pollinisateurs et dans les ruches (Plos One, 2019). Et, dans un article publié dans la revue Entomologia Generalis, des chercheurs italiens indiquent qu’ils ont démontré en laboratoire que Tuta absoluta pouvait transmettre le ToBRFV, par des blessures provoquées sur les feuilles de tomate par les larves et les adultes. « Néanmoins, la transmission par insecte reste vraisemblablement secondaire comparativement à celle associées aux manipulations humaines très fréquentes en serre de tomate », estime Éric Verdin.

Surveillance et tests

Un autre élément de la prévention est la surveillance et une identification précoce du virus. La sensibilisation et la formation du personnel est essentielle. Une inspection visuelle régulière des cultures est recommandée, en recherchant les plantes dont la croissance est retardée et dont le feuillage présente des mosaïques. Des tests permettant de détecter le virus sont aussi désormais au point. Des tests rapides, utilisables sur le terrain, se présentant sous la forme de bandelettes que l’on trempe dans du jus de feuille, permettent en quelques minutes de révéler la présence du virus (Agdia Immunostrip®).

L’analyse des eaux de drainage, qui se fait en laboratoire, permet aussi de détecter la présence du virus plusieurs semaines avant l’apparition des premiers symptômes. « Depuis fin 2023, toutes les eaux de drainage des adhérents de Solarenn sont analysées une fois par mois, indique Ronan Collet, président de Solarenn. Cela nous a permis en 2024 de détecter précocement le virus chez un producteur, puis, par des analyses de feuilles, de cerner et isoler le secteur contaminé. »

Recherches sur la prémunition

Si la voie génétique, la prophylaxie et l’arrachage des plants infectés restent pour l’instant les seules pistes de prévention et de lutte contre ToBRFV, d’autres pistes sont explorées au niveau de la recherche. Des travaux sont ainsi menés dans le cadre du programme européen Virtigation sur la prémunition, appelée aussi protection croisée, technique consistant à infecter des jeunes plants sensibles avec une souche atténuée du virus pour la protéger d'éventuelles infections par des souches plus agressives du même virus. La technique a été utilisée par le passé pour contrôler le ToMV, espèce très proche du ToBRFV.

« Des essais d’évaluation de souches atténuées sont en cours afin notamment de s’assurer de leur efficacité et de leur stabilité, indique Éric Verdin. Des travaux sont notamment menés pour identifier des souches naturellement atténuées ou bien modifier les souches avec des agents mutagènes pour les rendre hypovirulentes. » Aux Pays-Bas, les autorités ont cependant alerté les producteurs sur des tentatives de prémunition non contrôlées avec des souches qui n’avaient pas été validées comme peu agressives. Ces prémunitions « sauvages » n’ont pas fonctionné et les souches inoculées se sont révélées aussi dangereuses que les autres. Une autre piste de recherche pour les cultures en sol est la solarisation pour éliminer les virus persistant dans le sol, testée par plusieurs pays dans le cadre du projet Virtigation.

En savoir plus

Pour plus de détails sur la prophylaxie et les mesures de gestion à appliquer en cas de foyers, se référer aux rapports scientifiques et techniques de l'Anses.

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