Le saviez-vous ?
[Stress thermique] Un indicateur basé sur le profil en acides gras du lait
En Auvergne-Rhône-Alpes, la Fidocl sortira l’été prochain un indice de stress thermique qui prendra en compte le profil en acides gras du lait de tank.
En Auvergne-Rhône-Alpes, la Fidocl sortira l’été prochain un indice de stress thermique qui prendra en compte le profil en acides gras du lait de tank.
Les teneurs en acides gras du lait sont de plus en plus utilisées par des entreprises de conseil en élevage pour piloter l’alimentation des vaches laitières. Certaines valorisent des analyses d’échantillons de lait individuels réalisées dans le cadre du contrôle de performance.
De son côté, la Fidocl s’appuie sur les quatre analyses d’échantillons de lait de tank réalisées chaque mois par le laboratoire interprofessionnel. Ainsi, depuis janvier 2018, cette fédération, qui regroupe les entreprises de conseil en élevage d’Auvergne-Rhône-Alpes (sauf le Cantal) et des départements limitrophes, met à disposition de ses adhérents des indicateurs acides gras dans leur logiciel de gestion de troupeau, Mil’Klic.
Un indicateur d’alerte pour les conseillers
En juillet prochain, la Fidocl franchira un nouveau cap. L’organisme publiera en effet un indice de stress thermique prenant en compte les taux mais aussi la teneur du lait en certains acides gras : les acides gras insaturés et saturés, l’acide oléique (C18:1), l’acide palmitique (C16:0) et les acides gras de novo issus de la fermentation ruminale. Selon les cas, ces acides gras reflètent une baisse d’ingestion, un déficit énergétique ou une instabilité ruminale.
Le nouvel indice a pour but d’aider les conseillers à anticiper ou atténuer l’impact du stress thermique par un meilleur pilotage de l’alimentation. « Nous menons des expérimentations depuis 2016. Nous avons constaté que le profil en acide gras du lait était très variable selon la période de l’année. Les modifications sont notamment très importantes durant les mois d’été et s’amplifient en cas de fortes chaleurs », décrit Patrice Dubois, le directeur de Rhône Conseil élevage.
Le lien entre le niveau de stress thermique subi par les vaches dans un bâtiment, son influence sur leur comportement enregistré par des caméras time lapse (prise d’un gros repas, regroupement dans certaines zones…) et le profil en acide gras du lait de tank a été mis en évidence lors d’un programme dédié aux bâtiments d’élevage de demain menée en 2018 et 2019 et financé par le Cniel.
« Cet indice traduit un inconfort nutritionnel. Ce dernier peut résulter d’un manque de nourriture, d’une distribution de fourrage de qualité insuffisante ou d’un problème d’ambiance dans le bâtiment, voire des trois à la fois », précise Patrice Dubois.
Une information complémentaire aux mesures de THI et HLI
L’indice de stress thermique apportera une information complémentaire aux indicateurs liés à l’ambiance dans les bâtiments : THI (température et humidité) et HLI (température, humidité, vitesse de l’air et rayonnement solaire).
Pour limiter l’impact du stress thermique, Patrice Dubois préconise de distribuer les meilleures rations pendant la période estivale. Cette préconisation s’inscrit dans un groupe de sept mesures visant à réduire le stress thermique. Ce dernier inclut la qualité de l’abreuvement, l’amélioration de la ventilation naturelle dans les bâtiments, la réduction du rayonnement solaire, l’installation d’une ventilation mécanique éventuellement couplée à de la brumisation ou du douchage, et la possibilité pour les animaux d’avoir des zones d’ombre à l’extérieur.
Le saviez-vous ?
L’indice de stress thermique varie de 0 à 10. Plus la note est élevée, plus le stress subi est fort. À partir de 6, il y a une combinaison de problèmes nutritionnel et d’ambiance dans le bâtiment.
Les acides gras pris en compte dans l’indice
La teneur en acide gras saturés diminue en cas de baisse d’ingestion. Idem pour le TB.
La teneur en acide oléique (C18:1) est un indicateur du déficit énergétique. Elle augmente fortement en période de stress thermique. Une baisse de TP associé à une augmentation de la teneur en acide oléique signifie que l’animal mobilise ses réserves corporelles.
L’acide palmitique (C16:0) est un indicateur du fonctionnement du rumen. Sa teneur diminue en cas de stress thermique. Une augmentation du rapport C16:0/acide gras saturés traduit une instabilité ruminale.
Les acides gras de novo sont des petits acides gras insaturés (de 4 à 14 atomes de carbone) issus des fermentations ruminales. Quand leur teneur baisse (moins de 10 g/l), cela signifie que le fonctionnement du rumen n’est pas optimal.