Pyrale du maïs : les drones font décoller les trichogrammes
Une solution efficace contre la pyrale, qui économise du temps et des traitements insecticides : l’épandage de trichogrammes par drone prend son envol.
Une solution efficace contre la pyrale, qui économise du temps et des traitements insecticides : l’épandage de trichogrammes par drone prend son envol.
Les capsules de trichogrammes prennent les airs : le drone contribue à démocratiser l’usage de ces microguêpes parasites de la pyrale du maïs. « L’apport de trichogrammes existe depuis trente ans et fonctionne bien sur les petites exploitations avec de la main-d’œuvre familiale. La pose manuelle des diffuseurs est toutefois coûteuse en main-d’œuvre et très pénible quand le maïs est haut, indique Arnaud Sohler, directeur d’Aéro Vision, prestataire agricole par drone. Les surfaces traitées avec les trichogrammes stagnaient. L’épandage par drone, qui permet de traiter rapidement et sans que l’agriculteur ait à s’en occuper, suscite donc un vrai engouement. »
Aéro Vision met ses drones à disposition de pilotes indépendants. La société a traité 8 500 hectares de maïs en 2021 et prévoit de dépasser 10 000 hectares en 2022. « Les zones d’activité sont celles où il y a beaucoup de maïs, notamment l’Alsace et le Sud-Ouest. Avec le changement climatique, la pyrale progresse toutefois vers le nord et les surfaces augmentent. »
Filiale R & D de Maïsadour et Vivadour, Ovalie Innovation propose aussi cette prestation. « Les coopératives cherchaient un moyen d’épandre facilement les trichogrammes pour optimiser le rendement et la qualité tout en réduisant les IFT insecticides, explique Stéphane Ballas, chargé de projets à Ovalie Innovation. Avec la start-up Reflets du monde, nous avons développé un drone capable d’emporter 2 000 capsules de trichogrammes [couvrant environ 20 hectares]. Nous traitons 1 000 hectares par an dans le Grand Sud-Ouest, en maïs grain, doux, semence, en conventionnel et en bio. Les surfaces sont stables depuis trois quatre ans. »
D’autres structures proposent de l’épandage par drone, mais l’activité nécessite un investissement élevé (25 000 à 30 000 euros pour un drone et ses équipements) et de disposer d’un agrément de la direction générale de l’Aviation civile, ainsi que d’un brevet d’État pour les pilotes.
Le drone survole le maïs en vol automatisé, à 10-12 mètres pour Aéro Vision, à 4 mètres pour Ovalie Innovation. Tous les 10 mètres, sur des lignes espacées de 10 mètres, il éjecte une capsule de trichogrammes. « Cela représente 100 capsules par hectare, plus qu’en manuel où l’on installe un diffuseur tous les 15-20 mètres, précise Arnaud Sohler. Le nombre de trichogrammes reste le même à l’hectare, mais la répartition est plus homogène. » Le prix (vol et trichogrammes) se situe autour de 50-60 euros par hectare pour l’agriculteur.
L’autonomie des drones, le système d’éjection pour éviter les bourrages et la précision du vol ont fait l’objet de recherches. « Le vent peut créer de la dérive car les capsules sont très légères, mais ce n’est pas un problème car les insectes ont un rayon d’action de 15 mètres, explique Arnaud Sohler. S’il y a beaucoup de vent, nous réduisons la hauteur de vol ou nous mesurons la dérive et adaptons le plan de vol. »
« Le drone est équipé d’un radar, les parcelles et obstacles sont géolocalisés et le vol est prédéfini », indique Stéphane Ballas. Les vols durent 15 à 20 minutes, à raison de 10-20 hectares par vol, ce qui permet à un pilote de traiter 100 hectares par jour. Pour des raisons de coût et d’efficacité, les pilotes cherchent à regrouper les parcelles afin d’optimiser le temps et traiter à la date optimale, au pic de vol.
L’agriculteur indique les parcelles à traiter à son organisme stockeur. Ce dernier mutualise les commandes de trichogrammes, les stocke au froid, et communique les coordonnées GPS des parcelles au pilote, qui organise ses tournées. « La logistique est essentielle, souligne Stéphane Ballas. Le pic de vol est court et la durée de vie des trichogrammes limitée à quelques jours. Il faut faire vite pour intervenir au bon moment et assurer l’efficacité des auxiliaires. Il y a un gros travail en amont pour grouper les parcelles, obtenir les autorisations de vol et organiser les tournées. »
Drone et insecticides combinés dans le Sud