Prosulfocarbe : l’Anses décide de nouvelles restrictions d’usage pour l’herbicide
Suite à une nouvelle évaluation des risques du prosulfocarbe pour les riverains, l’Anses impose de nouvelles conditions d’utilisation de l’herbicide, à mettre en œuvre dès le 1er novembre 2023. Des interdictions de produits pourraient survenir après le 30 juin 2024.
Suite à une nouvelle évaluation des risques du prosulfocarbe pour les riverains, l’Anses impose de nouvelles conditions d’utilisation de l’herbicide, à mettre en œuvre dès le 1er novembre 2023. Des interdictions de produits pourraient survenir après le 30 juin 2024.
Une réduction d’au moins 40 % des doses maximales de prosulfocarbe autorisée à l’hectare : l’Anses frappe fort en annonçant le 3 octobre de nouvelles restrictions d’usage de cet herbicide largement utilisé contre les graminées adventices sur céréales à l’automne, d’autant que la mesure doit s’appliquer à compter du 1er novembre 2023. « Cette dose passera à 3 l/ha pour les herbicides à base de prosulfocarbe dont la dose maximale est de 5 l/ha », précise Bertrand Bitaud, directeur des AMM à l’Anses. Les herbicides concernés sont Défi, Roxy 800, Arcade… Pour un autre produit, Défi Major, la dose maximale passera de 3 l/ha à 1,6 l/ha.
L’Anses a décidé également l’obligation d’utiliser du matériel de pulvérisation réduisant de 90 % la dérive pour l’application d’herbicides à base de prosulfocarbe. Une liste officielle de matériels homologués pour réduire la dérive est consultable sur le site du ministère de l’Agriculture. Enfin, la distance de sécurité avec les zones d’habitations passe de 5 mètres à 10 mètres en cas de traitement avec l’herbicide avec les buses à 90 % de réduction de dérive, et à 20 mètres dans le cas d’utilisation de buses moins performantes.
Une substance se retrouvant dans l’air et sur des cultures non-cibles
Alors que la Commission européenne attendra le 31 janvier 2027 pour décider du renouvellement d’approbation du prosulfocarbe au niveau de l’UE au lieu du 31 octobre 2023 initialement prévu, la France prend de nouvelles mesures de restriction sans attendre. Pourquoi de telles décisions ? Le prosulfocarbe est une substance très volatile qui se retrouve dans l’air et sur des cultures non-cibles, ce qui peut se traduire par un déclassement de certaines productions et leur non-commercialisation. Il est très utilisé : c’est la deuxième substance active herbicide la plus vendue en France (6 500 tonnes en 2022) avec des produits essentiellement utilisés sur céréales à paille, pomme de terre et certaines cultures légumières comme la carotte.
Même si l’Anses a déjà conclu par le passé que les niveaux de concentration dans les denrées et dans l’air ambiant « ne constituaient pas une alerte sanitaire », elle a procédé à une nouvelle évaluation des risques pour les riverains en se basant sur des méthodes d’estimation d’exposition réactualisées en 2022 par l’Efsa (1). Pour certaines situations de traitements évaluées, il y a des dépassements de la quantité maximale de prosulfocarbe à laquelle une personne peut être exposée sans effet pour la santé. « Suite à cette évaluation, l’Anses ne peut pas exclure le dépassement de la valeur toxicologique de référence (VTR) pour des enfants se trouvant à moins de 10 mètres de distance de la culture lors des traitements. »
Retraits de produits si absence de résultats probants
L’agence a donc décidé ces mesures pour éviter ces dépassements de VTR. L’effet de ces mesures va faire l’objet d’un suivi. « Les détenteurs d’une autorisation de mise sur le marché de ces produits (ndlr : la société Syngenta en particulier) devront impérativement transmettre des données relatives à l’impact de ces nouvelles conditions d’emploi sur la réduction des expositions des riverains. Charge à eux de mettre en place des essais robustes pour démontrer l’efficacité de ces mesures d’ici le 30 juin 2024, précise Bertrand Bitaud. En cas d’absence de démonstration probante, les autorisations seront retirées sans aucun délai. »