Prix de revient en grandes cultures : « Chaque unité de produit vendu doit porter une petite partie des coûts de la ferme »
Le réseau de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) propose depuis une quinzaine d’années un outil pour calculer son prix de revient. Florine Leven, conseillère à l’association Bio en Normandie, en explique le principe.
Le réseau de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) propose depuis une quinzaine d’années un outil pour calculer son prix de revient. Florine Leven, conseillère à l’association Bio en Normandie, en explique le principe.
Comment est né l’outil « prix de revient » porté par le réseau de la FNAB ?
Depuis 15 ans, la FNAB a élaboré un outil « prix de revient » en collaboration avec Richard Laizeau, un arboriculteur. Depuis 2022, il est déployé sur le territoire par les associations régionales. L’outil est adapté à toutes les filières et à tous les types de circuits de vente.
Il permet d’établir un prix de revient pour les produits bruts de la ferme comme le blé ou le lait, pour les produits intermédiaires comme la farine ou l’huile ou pour les produits finis comme le pain ou les yaourts. La condition pour y avoir accès est de suivre une formation sur deux jours. Pour bien l’utiliser, il faut en avoir compris le fonctionnement et la finalité.
Quel est l’objectif de l’outil ?
Il s’agit d’aider les agriculteurs dans leur prise de décision, notamment pour leur stratégie de commercialisation, et dans le pilotage de leur entreprise afin d’assurer sa pérennité économique et même sa transmissibilité. Il peut même être utilisé par un porteur de projet avant qu’il ne s’installe.
Comment est élaboré le prix de revient dans l’esprit de l’outil de la FNAB ?
On part de la rémunération souhaitée par l’agriculteur qui est placé au cœur de la réflexion. Dans le calcul du prix de revient, on donne aussi une valeur au temps de travail de la main-d’œuvre familiale, car si la personne concernée ne peut plus faire ce travail, il faudra envisager la manière de le financer, à travers du salariat par exemple.
Pour ce qui est du parc matériel, nous ne sommes pas dans une logique comptable basée sur la notion d’amortissement, car une fois le prêt remboursé au bout de sept ou huit ans, il va disparaître de la comptabilité. Le calcul va se baser sur sa valeur de remplacement dans la perspective d’un investissement futur. Pour le foncier, c’est la même logique, il faut prendre en compte un coût équivalent au fermage, même pour les terrains en propriété. S’ajoutent à cela les charges courantes que l’on reprend de la comptabilité (intrants, électricité, eau, frais divers…). Les différentes subventions sont ensuite retranchées (aides PAC, aides à l’investissement).
Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque unité de produit vendu doit porter une petite partie de l’ensemble des coûts de la ferme. Ensuite, les charges doivent être ventilées sur chaque production grâce à des clés de répartition. Nous en avons quatre qui sont cumulables : chiffre d’affaires, temps de travail, surfaces et quantité produite. Le prix de revient est établi en prenant en compte une quantité prévisionnelle vendue.