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Peser vos génisses pour des vêlages plus précoces

Le tour de poitrine n’est pas assez précis pour évaluer la croissance des génisses, affirme Nicolas Lair, de Seenovia. La pesée à des moments clés permet des gains de rentabilité.

Peser 35 génisses coûte environ 175 € par pesée.
Peser 35 génisses coûte environ 175 € par pesée.
© Seenovia

« Peser les génisses n’est pas une perte de temps ni d’argent, c’est savoir en gagner », souligne Nicolas Lair, consultant veaux et génisses à Seenovia. Alors que l’âge au premier vêlage est déterminant pour la rentabilité de l’élevage et que celui-ci est lié à la croissance des génisses, il n’y a dans 80 % des cas aucun suivi des croissances, seulement « l’œil de l’éleveur ». Et ceux qui suivent les croissances le font en général par le suivi du tour de poitrine. Moins de 6 % des élevages laitiers français pèsent leurs génisses et seulement deux fois en moyenne, soit une pesée tous les 6 mois.

« Le tour de poitrine donne une tendance, mais n’est pas assez précis, estime Nicolas Lair. Il faut peser les génisses régulièrement, notamment sur la période 0-6 mois et continuer ensuite. » Depuis 2012, sur les élevages suivis par Seenovia, les moyennes de poids âge type sont toujours inférieures aux recommandations de 200 kg à 6 mois, 330-360 kg à 12 mois, 400-430 kg à 15 mois et 550-580 kg à 21 mois. « Un retard de 20 kg à 6 mois, soit 25 jours, se traduit par 70 kg de retard à 21 mois et au final un retard de trois mois sur l’âge au premier vêlage », précise le consultant.

Un suivi régulier est primordial

Des pesées régulières sont donc nécessaires et doivent être planifiées. « L’élevage des génisses doit être considéré comme un atelier à part entière, insiste Nicolas Lair. Cela implique de réaliser un état des lieux des indicateurs économiques génisses, de construire un plan d’élevage précisant les performances de croissance à atteindre et de faire des pesées aux moments clés pour vérifier les gains moyens quotidiens (GMQ). »

La période 0-6 mois est stratégique. « L’objectif est de maximiser la croissance et le développement squelettique, précise Nicolas Lair. Le GMQ 0-6 mois a un impact positif très important sur la production laitière en première lactation. Une croissance élevée entre 0 et 6 mois assure aussi une bonne stature des animaux. La hauteur au garrot donne une indication sur le développement du squelette. Mais la pesée est le meilleur outil pour piloter la conduite. Très peu d’élevages arrivent à atteindre 200 kg à 6 mois. »

Des pesées pour piloter la conduite

 

 
La pesée du veau à la naissance est essentielle.
La pesée du veau à la naissance est essentielle. © Seenovia
Connaître le poids de naissance est essentiel. « C’est le point de départ pour suivre la croissance. » La pesée peut se faire à la séparation mère-veau, sur un plateau de pesée placé au pied des cases individuelles. « On peut trouver des équipements peu coûteux, un peson, une ancienne cage à porc… » La pesée au sevrage, vers les 2 mois, est également indispensable pour mesurer le GMQ sur la période lactée, vérifier l’efficacité du plan d’allaitement, les contre-performances ou encore l’effet de l’écornage qui entraîne souvent une perte de poids de 1 à 4 kg. « Le sevrage doit se faire selon le poids et la consommation de concentré, qui doit être d’au minimum 2-2,5 kg/j, et pas selon l’âge. »

 

Une pesée à 4 mois est encore nécessaire pour évaluer l’effet du sevrage, puis à 6 mois, pour vérifier que la ration est bien calée. « La génisse passe de 90 kg à 2,5 mois à 200-210 kg à 6 mois, analyse Nicolas Lair. Avec des animaux qui ont une capacité d’ingestion limitée par rapport à l’objectif et un coût de ration élevé, il est important d’avoir le bon GMQ. » Le GMQ sur la période 3-6 mois doit être au minimum de 1 100 g/j. Sur un groupe d’éleveurs de la Sarthe sans suivi de pesée, un seul sur cinq atteignait les objectifs de poids à 3 mois et 6 mois. Des pesées à 9 mois, 13 mois, 16 mois, 19 mois sont encore utiles pour valider la période 6-12 mois, projeter le bon moment pour l’insémination artificielle, puis contrôler la prise de poids après l’insémination. « Peser 35 génisses coûte environ 175 euros par pesée, indique le consultant. Mais c'est indispensable pour rentabiliser l’élevage. »

Côté éco

Faire peser une génisse coûte environ 5 à 5,50 €. Pour six pesées (hormis celles faites par l’éleveur à la naissance et éventuellement au sevrage), cela représente un coût de 30 à 33 € par génisse. Selon les organismes, des forfaits sont proposés pour un certain nombre de pesées par an ou un certain nombre de génisses.

À retenir

- Seule la pesée permet de suivre précisement la croissance d’une génisse
- Les moments clés pour peser les génisses sont à la naissance, au sevrage, à 4 mois puis à 6 mois
- Le sevrage doit se faire selon le poids et la consommation de concentré, et pas l'âge
- Viser un GMQ minimum de 1 100 g/j sur la période 3-6 mois
 

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