Aller au contenu principal

Palissage des vergers : l’émergence des poteaux en métal

Pour le palissage des vergers, les poteaux en bois ont longtemps été l’unique solution disponible. Après l’apparition des poteaux béton, l’acier se pose aujourd’hui comme une nouvelle alternative.

L’hégémonie du bois va-t-elle se terminer ? Il y a encore dix ans, les poteaux de palissage des vergers étaient quasi intégralement en bois. Mais depuis quelques années de plus en plus de producteurs s’intéressent à des alternatives. La ressource en bois est en effet très demandée, ce qui entraîne une baisse de la disponibilité et une augmentation des prix. De plus, les poteaux bois peuvent présenter des hétérogénéités de résistance : selon les régions, la production du bois peut différer (en termes de densité, de nœuds…). Autre inconvénient, leur durée de vie limitée. Quand les poteaux en bois sont réutilisés pour un deuxième palissage, des ravageurs sont parfois installés dedans. Les alternatives au bois disponibles sont le béton et le métal et peut-être bientôt le plastique (polypropylène), issu du recyclage des filets paragrêles. Derniers arrivés sur le marché, les poteaux en métal font valoir leurs arguments. « Les piquets en métal ont à la fois la flexibilité des piquets bois et la solidité des piquets béton », explique Eve Cantin, dirigeante de la société Cantagri, spécialiste en matériel pour la protection et le palissage des vergers. La société Julien, qui produit essentiellement des piquets en acier galvanisé pour la viticulture, a mis au point une version destinée à l’arboriculture il y a quelques années. Dans le Sud-ouest, la coopérative Qualisol, qui distribue ces piquets Arbopic, a commencé à en planter 1 ha chez un producteur il y a trois ans. En 2019, 9 ha ont été plantés, et de nouvelles surfaces sont en projet pour 2020. « C’est une pratique nouvelle qui n’est pas encore entrée dans le paysage, beaucoup de producteurs se questionnent encore sur son utilisation et sa solidité, souligne Maxime Boyé, de Qualisol. Ces piquets ont été conçus pour être au moins aussi résistants que des poteaux bois ou béton et pour pouvoir envisager deux rotations de verger ». Ce sont des piquets creux, de forme octogonale, fermés par agrafage. Equipés de linguets qui se ferment avec un coup de marteau, ils peuvent recevoir directement les différents fils de palissage. Ils présentent aussi l’avantage d’être facilement recyclables.

5 kilos par mètre de poteau

Le centre CTIFL de Lanxade, en Dordogne, en a installé l’an dernier dans de jeunes vergers. « J’ai choisi des poteaux en acier pour leur légèreté, leur facilité de manipulation et leur rapidité d’installation, indique Pascal Grenier, technicien d’exploitation au CTIFL de Lanxade. A la plantation, le fait que les poteaux soient creux permet de très bien les enfoncer dans le sol. On utilise d’ailleurs des platines pour qu’ils ne s’enfoncent pas trop ». La légèreté du métal permet aussi de placer beaucoup plus de poteaux dans une remorque. « Un poteau de 5 m pèse environ 25 kg et peut donc être levé au champ par une personne, contre 80 à 100 kg pour un poteau bois et encore plus pour un poteau béton », témoigne Maxime Boyé. La mise en place du poteau de tête diffère par rapport aux poteaux bois. « Un poteau de tête en bois ne nécessite qu’une seule attache en haut. Avec l’acier, le piquet de tête a besoin de trois points d’attache. Une élingue longue qui prend la partie haute du piquet puis qui redescend par l’amarre pour aller entourer le premier tiers du piquet ; plus une deuxième élingue sur le deuxième tiers du poteau pour garantir la solidité », décrit Maxime Boyé. Qualisol recommande dans le Sud-ouest d’installer systématiquement des câbles transversaux, afin d’éviter des tractions vers les côtés, ce qui réduit, voire annule les risques de voir un verger couché. Dans ce système, la mise en place des amarres est très importante, c’est là que les efforts se font lors de fort coup de vent et de grêle. En verger de pommiers, une distance de 8 m maximum entre les poteaux est préconisée par la coopérative (10 m en verger de prunier). Les coûts, incluant la couverture par les filets, sont compris entre 16 000 et 20 000 euros par hectare. « On estime que c’est 10 à 20 % de plus par rapport à une installation avec des poteaux bois classique, sans transversaux », indique Maxime Boyé.

 

 

© DR

Avis de producteur : Patrice Raujol, producteur de pommes dans le Tarn-et-Garonne

« Nous avons installé des poteaux en acier Arbopic l’hiver dernier pour la mise en place d’un nouveau verger de 2 ha de pommiers, pour tester une alternative aux poteaux en bois. J’ai fait le choix de l’acier plutôt que du béton car l’utilisation des poteaux béton me semblait plus compliquée. Elle nécessite beaucoup de pièces en plus des poteaux, le personnel n’est pas formé pour ça. Les poteaux en acier sont faciles à mettre en place, très légers et ne nécessitent pas la fixation de crampillons. En revanche, avec ces poteaux, il est obligatoire de mettre des câbles transversaux, ce qu’on n’était pas habitués à faire. J’espère une meilleure durabilité dans le temps qu’avec des poteaux bois, mais pour le moment nous n’avons pas du tout de recul sur ce point. »

Les plus lus

des boîtes de conserve sur une ligne dans une usine de légumes en conserve
Quel est le seul légume en conserve qui a observé une croissance des ventes en 2024 ?

L’Unilet, l’interprofession française des légumes en conserve et surgelés, vient de publier les chiffres 2024. Après une année…

communication du ministère de l'Agriculture et de la Forêt de Turquie sur les gelées tardives d'avril 2025
Turquie : gel tardif et chutes de neige déciment les vergers de fruits à noyau et les vignes

Dans certaines régions, les températures ont chuté à -15°C. Les abricotiers, les cerisiers, les pruniers, les pêchers, les…

Cinq personnes débattent sur un salon. avec un écran géant en arrière fond
Abricot : à quoi s’attendre pour la récolte européenne 2025 ?

Medfel a fait le point sur les récoltes d’abricot en France, en Italie, en Espagne et en Grèce. Les quatre pays producteurs…

Guerre des prix et origine des fruits et légumes : Lidl et les distributeurs en ligne de mire

D’un côté, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France attaque directement Lidl sur les prix pratiqués « depuis…

Quatre personnes présentent des prévisions de plantation sur un salon
Melon : à Medfel, une baisse inédite des surfaces est annoncée pour 2025

Les trois bassins de production de melons que sont la France, l'Espagne et le Maroc sont concernés par la baisse de surfaces.…

tranches de melon charentais
Prix du melon : accord oral des enseignes à « ne pas dégainer à 0,99 € » en 2025

L’AIM poursuit ses travaux pour mieux valoriser le melon et endiguer la perte des surfaces. A Medfel, l'interprofession a…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes