« Nos vaches font en moyenne 7,5 lactations »
Dans le Finistère, avec un système très économe, le troupeau du Gaec de Trevarn bat tous les records de longévité. Si le niveau d’étable est à peine à 4 000 litres, sur leur carrière, les 70 vaches produisent 29 000 litres de lait uniquement avec de l’herbe.
Dans le Finistère, avec un système très économe, le troupeau du Gaec de Trevarn bat tous les records de longévité. Si le niveau d’étable est à peine à 4 000 litres, sur leur carrière, les 70 vaches produisent 29 000 litres de lait uniquement avec de l’herbe.
Difficile de faire mieux en longévité que le Gaec de Trevarn : 9,7 ans en moyenne d’âge à la réforme ! Avec un premier vêlage à 24 mois, les vaches font en moyenne 7,5 lactations. La doyenne, Brodeuse, une fille de Dalmatien, affiche sereinement ses 16 ans. Dans ce troupeau de 70 vaches, les vaches en sixième lactation et plus représentent la moitié de l’effectif, ce qui est exceptionnel. Tout comme le taux de renouvellement de 13 %. Au final, le troupeau produit 8,3 litres de lait par jour de vie, sans aucun concentré ni minéral.
La longévité, Jean-François et Olivier Glinec y travaillent depuis vingt ans. Cela les a amenés à changer radicalement leur conduite d’élevage. D’un système très intensif en début de carrière, ils ont évolué progressivement vers un système 100 % herbe très économe, avec un passage en bio il y a deux ans.
Des petites vaches adaptées au pâturage
« Nous avons eu jusqu’à 27 hectares de maïs dans une zone pourtant peu favorable, et des vaches à plus de 10 000 litres, expliquent les deux frères. Il pouvait arriver qu’une vache meure en deux ou trois jours, nous ne pouvions plus le supporter. Nous avons fait machine arrière et levé le pied. »
Le coup de grâce pour le maïs a été porté en 2010 avec l’arrêt du couplage des aides PAC. Les éleveurs valorisent aujourd’hui 70 hectares de vieilles prairies, dont 25 hectares en fauche. Viennent s'y ajouter 20 hectares de prairies naturelles très humides ou en pente, non exploitables, récoltés en une coupe de foin qui sert de litière. Parallèlement, ils se sont lancés dans le croisement pour avoir des petites vaches plus adaptées au pâturage. « Petit à petit, les vaches ont été de mieux en mieux. La production a baissé mais pas le revenu. Au contraire ! » Avec 280 000 litres de lait et des vaches à 3 800 litres, l’élevage dégage ces dernières années en moyenne 50 % d’EBE sur produit.
« La longévité est signe de bien-être »
Le troupeau se compose de Holstein rustiques ou de croisées avec de la montbéliarde, jersiaise, rouge suédoise, frisonne néo-zélandaise menées en vêlages de printemps. « Cela fait vingt ans que nous sélectionnons uniquement sur les index fonctionnels (cellules, fertilité, longévité) », soulignent les éleveurs. Les vêlages sont très groupés sur deux à trois mois. « Sur les vieilles prairies, l'herbe pousse beaucoup au début du printemps, donc nous faisons vêler tôt pour valoriser l'herbe pâturée. Nous inséminons à partir du 1er mai pour des vêlages qui débutent en février. Depuis deux ans, nous les avons avancés d’un mois car l’herbe pousse en hiver », argumentent-ils. La salle de traite simple équipement est fermée deux mois, en décembre et janvier. Ce qui a pour conséquence d'allonger la durée de tarissement à deux mois et demi. À partir de septembre, c’est très calme, et cela leur laisse le temps de développer d’autres projets.
« La longévité est signe de bien-être », affirment les deux frères. Les vaches sont à l’aise dans leurs logettes, et le rainurage des bétons, il y a dix ans, a eu aussi un effet bénéfique. « Nous avons des vaches qui durent. Elles sont fertiles. Elles sont zen ! ». En 2021, les éleveurs n’ont pas vu le vétérinaire. Seules quatre vaches sont sorties du troupeau, trois réformes et une morte suite à la piroplasmose. Et les 70 vaches et 10 génisses ont toutes été pleines : « Nous nous sommes retrouvés avec 80 vaches et trop de lait ! » Pour eux, pas de doute : « Dans notre système basé sur l'herbe, le revenu se fait par la réduction des coûts de production mais aussi en grande partie par la longévité. »
Seulement dix génisses pour le renouvellement
« Nous ne gardons que des génisses issues de première insémination », expliquent Jean-François et Olivier Glinec. Les trente premières vaches à venir en chaleur sont inséminées avec une race laitière. L’objectif est d’assurer la naissance de vingt veaux (dix génisses et dix mâles) dans l’hypothèse de dix échecs. Les suivantes et les « retours en chaleur » sont inséminées en blanc bleu belge. Les génisses sont saillies par un taureau.
Repères
L’empreinte carbone de ce système herbager très économe bat elle aussi tous les records : 0,37 kg eqCO2/l lait vendu (corrigé 40-33 g/kg). 61 % des émissions (0,93 kg eqCO2/l) sont compensées par le stockage de carbone.