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« L'agriculture périurbaine a été oubliée par la PAC »

Xavier Guiomar est enseignant-chercheur à AgroParisTech, spécialiste des politiques agricoles locales (également maire de Châlo-Saint­-Mars en Essonne). Il analyse la place des villes dans les politiques agricoles.

Xavier Guiomar, Enseignant-chercheur à AgroParisTech, spécialiste des politiques agricoles locales
Xavier Guiomar, Enseignant-chercheur à AgroParisTech, spécialiste des politiques agricoles locales
© DR

Comment expliquez-vous la place prise par les villes dans la politique agricole ?

« Ce n’est pas un phénomène nouveau. Dès les années 1990, des communes se sont lancées. Il y a eu un effondrement du maraîchage périurbain entre les années 1960 et 1990, les effectifs de maraîchers ont été divisés par trois ou quatre. Cette production, et plus largement l’agriculture périurbaine, ont été oubliées par la politique agricole commune (PAC). Les villes ont comblé ce trou en agissant sur le foncier et par d’autres moyens : commercialisation, publicité, achats publics… Je ne pense pas qu’il y ait une dynamique des métropoles stricto sensu. La dynamique est la même dans de plus petites agglomérations. Cependant les métropoles ont des compétences et des budgets plus importants.

Plus un territoire est urbain, plus il a d’argent et moins il a de terres, donc plus il peut mettre de l’argent à l’hectare. On voit également que, tous les cinq ans, le plafond des aides de minimis double. On est passé de 3 500 € à 15 000 €. Ça arrange bien Bruxelles que les collectivités locales mettent la main à la poche pour aider certaines filières. Il faut faire la distinction entre fonctionnement et investissement. Il y a des coûts de fonctionnement qui s’ajoutent au budget, comme le changement de l’approvisionnement des cantines ou la création d’une régie agricole. Il y a aussi des investissements avec l’achat de foncier dont les coûts ne se voient quasiment pas, d’autant plus qu’ils sont souvent intégrés dans d’autres enveloppes : développement économique, tourisme, gestion de l’eau… »

Peut-on parler d’une prise en main des politiques agricoles par les villes au détriment des institutions professionnelles ?

« La grande différence est que les organisations professionnelles comme les Chambres d’agriculture défendent les agriculteurs. En premier lieu, les collectivités agissent, non pas pour les intérêts des agriculteurs, mais pour l’intérêt de l’agriculture et des territoires. A force de défendre les agriculteurs, les Chambres n’ont pas toujours défendu l’agriculture, notamment en périurbain. Les intérêts financiers à court terme des agriculteurs ont parfois été privilégiés au détriment des générations futures d’agriculteurs. En Ile-de-France, les Chambres ont raté le coche des territoires agro-urbains (associations d’agriculteurs, de maires et de représentants associatifs, ndlr). Les élus et les associations se sont aperçus qu’il est plus efficace de travailler directement avec les agriculteurs en leur nom propre. »

Les politiques métropolitaines ont-elles un réel effet sur la production agricole environnante ?

« Elles gardent une fonction de laboratoire. Les métropoles peuvent prendre des risques. Les jeunes agriculteurs s’y installent hors cadre familial avec une agriculture plus innovante. Les choses se développent d’abord là où il y a le budget et une concentration de consommateurs et d’acteurs associatifs, puis se diffusent. Les attentes urbaines en matière de circuits courts et de produits labellisés boostent la transition de l’agriculture qui est, elle, à l’œuvre partout. »

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