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Une petite machine à vendanger "fabrication maison"

Cette petite machine à vendanger, dessinée par Lucien Nugues, est conçue pour les vignobles étroits comme le Beaujolais. Consommant 3 à 4 fois moins qu’une machine à vendanger classique, elle affiche des performances loin d’être ridicules.

Récolter le maximum de grappes entières avec le minimum de puissance : tel est l’objectif de ce prototype de machine à vendanger réalisée par Lucien Nugues et construit par les établissements MGV, en collaboration avec le domaine expérimental de la Sicarex, le château de l’Éclair. Ne dépassant pas 1,5 tonne sur la bascule, l’engin à trois roues motrices (dont deux directrices) est un digne successeur du passe-partout, un enjambeur léger à trois roues construit seulement en trois exemplaires (voir encadré). "Bien qu’il ait de nombreux arguments, cet enjambeur polyvalent, à l’origine conçu pour le Beaujolais, présentait quelques caractéristiques qui ont expliqué son manque de succès, explique Lucien Nugues, ancien dirigeant des établissements Balligand, aujourd’hui à la retraite. Nous en avons retenu les principales conclusions et abandonné d’une part la direction avec deux pédales, d’autre part le remplissage de caisses de 90 litres, à manutentionner à la main, au profit d’une benne basculante de 500 litres." Conçu à partir d’une feuille blanche, le petit enjambeur d’une quarantaine de chevaux attaque sa troisième saison à la Sicarex, saison qui devrait valider les dernières modifications avant commercialisation.

Moins d’énergie pour emmener du poids mort

"Plus la machine à vendanger est grande, plus elle est lourde, plus il faut de la puissance pour l’emmener et plus le moteur est gros et lourd : c’est un cercle vicieux. Sur ces machines, il faut 80 % de la puissance du moteur pour la translation, estime Lucien Nugues. Or, il faut 8 ch pour animer les batteurs, autant pour chaque ventilateur, 3 ch pour la noria et le reste pour emmener 1,5 tonne de poids mort à 2-3 km/h dans des pentes de 30 %."

Pour minimiser les besoins énergétiques, la tête de récolte se compose de secoueurs en inox amortis par des silentblocs et d’une noria, jugée plus respectueuse des grappes, composée d’une seule chaîne de godets, avec une cinématique en L déposant la vendange sur un tapis. "Ce tapis est mobile, ce qui permet de déposer la récolte aussi bien à l’avant qu’à l’arrière de la benne, explique Lucien Nugues. Pas besoin d’avoir une vis de répartition de la récolte qui triture la vendange." Lors de la vidange, ce tapis s’avance complément, se déportant complètement de la cinématique de vidange. Celle-ci se décompose en deux temps, à savoir l’élévation de la benne, puis son basculement.

Latéral et en hauteur, le poste de conduite offre un point de vue inégalé sur le contenu de la benne. Il permet d’ajuster au besoin les réglages (amplitude et fréquence des secoueurs, vitesse d’avancement) : seul le pincement est à réglage mécanique. Le nettoyage de vendange est quant à lui assuré par deux ventilateurs placés aux points de chute sur le tapis et au-dessus de la benne. "Pour ce qui est du lavage de la machine, il ne prend qu’un quart d’heure et moins de cent litres d’eau, apprécie François Jacquet, responsable du domaine expérimental de la Sicarex. Vu que la cinématique est simple, on voit tout de suite si la machine est réellement propre."

Trois roues et un braquage sur place

Le châssis s’appuie sur trois roues motrices. À droite, les deux roues sont directrices, contrairement à la roue gauche positionnée à égale distance des roues avant et arrière droite. Seul le débit hydraulique de cette dernière roue varie avec l’angle de braquage, se réduisant à 0 km/h quand la machine pivote sur celle-ci. Cela permet un braquage souple et sur place, permettant de prendre le rang qui suit, même en interrang d’un mètre. Chacune des trois roues est dotée d’un vérin hydraulique autorisant la montée-descente de l’ensemble de la machine, l’inclinaison vers l’avant ou l’arrière ou encore le pilotage manuel du dévers. "Nous n’avons pas choisi la gestion automatique du dévers, qui ne fait que corriger, alors qu’un chauffeur qui connaît ses parcelles et visualise les variations de terrain anticipe les modifications", justifie Lucien Nugues. Côté stabilité, la gestion des masses est équilibrée entre l’avant et l’arrière. Les deux réservoirs d’huile sont positionnés au plus bas pour abaisser autant que possible le centre de gravité.

Pour ce qui est des performances, cette machine à vendanger n’a pas à rougir. Prévue pour récolter jusqu’à des rendements de quatre-vingt-dix hectolitres par hectare et évoluer dans des pentes jusqu’à 30 %. "Elle tutoie les débits de chantier des grosses machines à vendanger, affirme François Jacquet, notamment grâce à sa maniabilité hors pair dans les bouts de rang. Et elle ne consomme que 30 à 35 litres de carburant par jour, là une machine à vendanger classique en consomme 150." Quant au prix d’achat, il devrait avoisiner la moitié de celui d’une machine à vendanger classique.

Ludovic Vimond

 

 

 

20 ans de passe-partout

L’idée a germé dans la tête de Pierre Germain, un viticulteur, de Charnay dans le Rhône, qui cherchait un enjambeur adapté au vignoble du Beaujolais, capable de réaliser les principales tâches, tout en consommant le minimum de carburant. De l’absence de l’offre sur le marché, Pierre Germain décide de le faire construire. En 1997, Lucien Nugues, alors dirigeant des Constructions Mécaniques Balligand, lance donc le développement de ce qui deviendra au début des années 2000 le passe-partout. Développant 25 ch, ce petit enjambeur trois roues de 700 kg qui se transporte sur une remorque derrière un utilitaire ne sera produit qu’en trois exemplaires. Dotés d’une direction à l’aide de deux pédales, les deux premiers sont livrés chez Pierre Germain et au domaine de l’Éclair. Le troisième sera quant à lui équipé d’une direction à volant. Si celui du domaine de l’Éclair réalise tous les travaux en vert (tonte, rognage, effeuillage, prétaille, désherbage), celui de Pierre Germain est équipé d’une tête de récolte, dont le principe sera repris pour la machine à vendanger en fin de développement. Autre originalité du Passe-partout, les outils sont attelés à l’arrière directement sur l’enjambeur et non via un bâti : le réglage de la hauteur s’effectue par la hauteur des roues.

 

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