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Quelles solutions pour décarboner les engins agricoles ?

B100, HVO, bioGNV, E-fuel, hydrogène, électricité… De nombreuses pistes existent pour améliorer le bilan carbone des tracteurs et autres engins agricoles. Mais, selon Axema, toutes ces solutions posent des difficultés. L’Etat et la filière agroéquipement vont plancher sur le sujet au sein d’un groupe de travail à la rentrée.

Chacune des pistes d'énergies alternatives à destination du monde agricole se confronte à des freins en termes de coût, de distribution ou de disponibilité
Chacune des pistes d'énergies alternatives à destination du monde agricole se confronte à des freins en termes de coût, de distribution ou de disponibilité
© New Holland

L'amélioration du bilan carbone des tracteurs et autres engins agricoles est une préoccupation majeure pour les acteurs de l'industrie du machinisme agricole. Axema, le syndicat de cette filière, a examiné les différentes solutions existantes ainsi que leurs limites, lors d'une conférence de presse le 10 juillet. Cependant, il est important de noter que toutes ces solutions présentent des difficultés.

Le biocarburant B100, composé à 100% de biodiesel selon la norme EN 14214, est une piste intéressante. Cependant, sa popularité croissante dans le secteur du transport routier a rendu sa disponibilité limitée pour le secteur agricole, en plus de sa complexité d'homologation pour les moteurs des engins agricoles.

Le HVO (huile végétale hydrotraitée) peut être produit à partir d’huile de colza, huile de palme, huile usagée, mais aussi de graisse animale, ou encore d'autres ingrédients comme la paille ou des déchets de bois. « Ce carburant présente l’avantage d’être compatible avec tous les engins, mais il est préempté par l’aviation », souligne Laurent de Buyer, directeur général d’Axema.

Troisième piste : le E-fuel. Il s’agit d’un carburant de synthèse issu d’un mélange entre du CO2 (issu de l’atmosphère) et de l’hydrogène (produit par électrolyse). Une solution intéressante, mais l’E-fuel est encore peu disponible et trop coûteux, souligne-t-on à Axema. Il sera dans un premier temps réservé aux véhicules routiers.

Quant à l’hydrogène, il est très gourmand en énergie pour sa production, donc peu intéressant si le but est de décarboner. Les filières de production d’hydrogène vert (produit à partir d’électricité renouvelable) sont encore loin d’être matures, tout comme l’organisation de la distribution.

Enfin, il y a la solution électrique, mais on en est au tout début dans le domaine agricole avec des développements limités à des engins de faible puissance (inférieure à 100 chevaux), et là encore, la solution n’est pas idéale du fait du poids des batteries et du manque d’autonomie.

« Nous nous retrouvons avec des plafonds de verre de tous les côtés, s’inquiète le directeur général. D’autant qu’il faut garder à l’esprit que le renouvellement du parc de tracteurs est très faible : entre 1,5 et 3 % par an. Cela va prendre 28 ans pour convertir vers de nouvelles énergies. » Pour accélérer le processus, l’idée commence à germer de reconditionner son tracteur diesel en électrique. Ce rétrofit électrique est possible, mais complexe, souligne-t-on chez Axema. Des expérimentations sont en cours.

Le rapport du CGAAER publié en décembre 2022, intitulé « décarboner 100% de l’énergie utilisée en agriculture à l’horizon 2050 : c'est possible ! », envisage la solution du bioGNV avec déploiement des infrastructures collectives de ravitaillement et soutien à l’implantation de stations de compression de GNVc à la ferme, rendant possible « l’auto-approvisionnement et la distribution de proximité à partir des méthaniseurs en parallèle à l’injection ». Cependant Axema émet des réserves : « Pour approvisionner tout le parc, il faudrait un méthaniseur toutes les dix fermes. »

Pour avancer sur ce sujet de la décarbonation des engins agricoles, un groupe de travail piloté par les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie va être constitué. Il réunira les acteurs de la filière des agroéquipements, les représentants des agriculteurs et ceux des instituts techniques et du monde de la recherche, a indiqué Axema. Selon Agra Presse, les travaux seront lancés à l’automne 2023. « La décarbonation doit se faire sans pénaliser les capacités d’investissement et le quotidien des agriculteurs », a déclaré Laurent de Buyer. En interne, le syndicat a créé une « commission bas carbone » en charge de travailler sur «la décarbonation des produits et des activités industrielles.

Le développement des robots agricoles est une autre manière de répondre à la décarbonation, avec des engins plus légers et moins énergivores. Et c’est dans le même temps « une solution au manque de main-d’œuvre dans les exploitations agricoles », met en avant Laurent de Buyer. Actuellement, 600 robots intra-parcellaires sont en circulation en France. Le principal enjeu pour Axema sera de faire évoluer la réglementation sur la circulation des robots pour leur permettre de traverser les routes entre les parcelles.

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