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Marché des agroéquipements – Les prises de commandes de tracteurs et de matériels agricoles en forte baisse

Axema, le syndicat français des constructeurs et importateurs de matériels agricoles, vient de communiquer les résultats de la filière du machinisme agricole pour les neufs premiers mois de 2024. Sans grande surprise vis-à-vis des difficultés rencontrées par les agriculteurs, les chiffres sont en nette baisse pour quasi toutes les catégories de machines.

Camion Scania avec semi-remorque porte-char de la société Pierre Leloup avec tracteur John Deere
Axema prévoit une chute d'environ 12 % des immatriculations de tracteurs agricoles standards entre 2023 et 2024.
© D. Laisney

 

 

Après une année 2023 record en termes d’activité, le marché français des agroéquipements enregistre un net recul en 2024. L’enchainement des mauvaises conditions météos observées en France depuis l’automne dernier, qui ont perturbé les semis et les récoltes, a, cette année, fortement pénalisé l’activité des agriculteurs. A cela se sont ajoutés en 2024 des niveaux de rendement et de production parmi les pires de ses trente dernières années, selon les données Agreste. Par conséquent, les grosses difficultés rencontrées par les agriculteurs ont une incidence directe sur leurs investissements, comme l’atteste le bilan économique des neuf premiers mois de 2024 établi par l’Axema, le syndicat français des acteurs industriels de l'agroéquipement et des espaces verts.

Lire aussi : Machinisme agricole : la chute des prises de commandes se confirme en 2024

 

Des prises de commandes de matériels agricoles au plus bas depuis 2010

En effet, les prises de commandes de matériels agricoles sont en forte baisse pour les trois premiers trimestres de 2024, avec - 13 % par rapport à la même période de 2023, voire - 28 % vis-à-vis de 2022. Axema annonce d’ailleurs que cette année devrait être la pire année depuis 2010 en volumes de commandes. Le syndicat s’attend à une chute des ventes d’agroéquipements de l’ordre de 10 à 15 % entre 2023 et 2024, les estimant à 8 milliards d’euros, et projette 7,6 milliards d’euros en 2025. Pour leur part, les fabricants français de matériels agricoles enregistrent de nettes baisses de leur chiffre d’affaires dans l’Hexagone et ne peuvent pas compter sur les exportations, car tous les pays observent des baisses, de l’Amérique-du-Nord à l’Europe de l’Ouest, en passant par l’Asie et les Pays de l’Est. Seul l’Ukraine affiche une tendance positive dans le marché des agroéquipements, avec une augmentation de 28 % des importations entre 2023 et 2024.
 

 

Pas de baisse des prix prévue pour les machines agricoles

Malgré le recul du marché, les constructeurs de machines agricoles ne prévoient pas de baisse significative du prix catalogue de leurs matériels. Toutefois, comme les affaires sont plus rares et plus bataillées, ils n’écartent pas la mise en place d’actions commerciales. Pour expliquer leur difficulté à réduire les tarifs, les industriels indiquent que les coûts de production se sont envolés de 30 % par rapport à 2020, dus notamment à l’augmentation du prix des matières premières, de l’énergie et des salaires. Par conséquent, ils reconnaissent qu'en aucun cas les tarifs reviendront au niveau d'avant Covid-19.

 

Evolution des immatriculations de matériels agricoles neufs par famille entre 2019 et 2024 

 201920202021202220232024*Evolution 2024 vs 2023*

Evolution 2024 vs

5 dernières années

Tracteurs standards25 75023 90024 55025 15026 15023 100-12%-8%
Tracteurs vignes et vergers4 1003 8004 3003 7003 3502 600-22%-32%
Chargeurs télescopiques5 4004 6004 7005 0005 2004 600-12%-8%
Moissonneuses-batteuses1 5001 3751 4901 4601 5301 400-8%-5%
Ensileuses automotrices3303203303402402608%-17%
Presses à balles rondes5 3004 3003 3003 5002 9502 800-5%-28%

Source : Axema

(*) prévisions pour l’année 2024

 

Les immatriculations de tracteurs standards en baisse de 12 %

D’après les chiffres des immatriculations de machines agricoles en France fournis en septembre 2024 par SIV-DIVA, les tracteurs agricoles standards sont en baisse pour les neufs premiers mois de l’année. Dans ce laps de temps, il s’est immatriculé 14 860 unités, soit une réduction de 9,6 % par rapport à la même période en 2023. Vu la chute des commandes ces derniers mois, Axema table sur une baisse de 12 % du volume des immatriculations, en estimant 23 100 tracteurs standards en 2024, contre 26 150 unités en 2023. Dans ce marché en baisse, les tracteurs de forte puissance s’en tirent plutôt bien avec une augmentation de leurs ventes.

Lire aussi : Immatriculations de tracteurs agricoles standards en 2023 - John Deere progresse encore et New Holland regagne du terrain

 

Grosse chute des ventes de tracteurs vignes et vergers

Le secteur viticole souffre et cela se ressent directement sur les ventes de tracteurs vignes et vergers. De janvier à septembre 2024, le nombre d’immatriculations a baissé de 21,7 % par rapport à la même période de 2023, s’établissant à 1 755 unités. Dans ses prévisions, Axema table sur un volume de 2 600 tracteurs vignes et vergers, soit une régression de 22 % par rapport à l’année précédente.

Lire aussi : Immatriculations de tracteurs vignes et vergers en 2023 - Fendt confirme sa place de leader

 

Davantage d’ensileuses et moins de moissonneuses-batteuses

Selon les projections d’Axema, le marché des ensileuses automotrices devrait augmenter de 8 % entre 2023 et 2024. Toutefois, avec une estimation de 260 immatriculations cette année, il reste bas par rapport aux années « normales » où le volume oscillait entre 320 et 340 automotrices. Pour les moissonneuses-batteuses, le syndicat estime pour 2024 l’immatriculation de 1 400 unités, soit une baisse de 8 % par rapport à 2023 (1 530 unités).   
 

 

Les chargeurs télescopiques et les presses à balles rondes en recul

Avec 4 600 unités prévues par Axema en 2024, les immatriculations de chargeurs télescopiques agricoles devraient si situer au même niveau que 2020, mais en recul de 12 % par rapport à l’an dernier. Les presses à balles rondes devraient faire l’objet d’une baisse limitée à 5 % avec 2 800 exemplaires immatriculés en 2024, contre 2 950 en 2023. Toutefois, le volume est bien loin des 5 300 unités atteint en 2019.

Lire aussi : Immatriculations de chargeurs télescopiques en 2023 – Kramer se rapproche du podium

 

Du positif en matériels d’espaces verts, serres et véhicules agricoles remorqués

Dans ce contexte de crise, trois familles de produits progressent. Les fortes précipitations et l’augmentation des températures sont favorables à la pousse des pelouses et des gazons. Par conséquent, les ventes de tracteurs d’espaces verts affichent une croissance de 8,5 % en 2024 par rapport à 2023. Le domaine des serres connaît aussi une progression, comme celui des matériels de transport. La nouvelle réglementation sur le freinage n’est certainement pas étrangère, avec notamment l’obligation d’immatriculer les véhicules agricoles remorqués neufs à freinage simple ligne hydraulique avant le 1er janvier 2025.

Lire aussi : Véhicules agricoles : fin du freinage hydraulique simple ligne et obligation d’immatriculer les bennes ainsi que tout autre véhicule agricole remorqué neuf avant le 1er janvier 2025

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