Les solutions adoptées sur les moissonneuses-batteuses pour réduire la consommation d’énergie
L’offre en moissonneuses-batteuses s’est enrichie ces dernières années de machines entièrement redessinées. Les évolutions apportées portent sur le gain de performances et l’optimisation de la puissance.
Le fonctionnement optimal d’une moissonneuse-batteuse est d’abord tributaire de la coupe. En effet, l’utilisation d’une plateforme bien dimensionnée garantit une bonne alimentation des systèmes de battage et de séparation. Le choix de réglages bien adaptés à la culture et à son niveau de maturité est également essentiel, comme la présence sur le broyeur de paille de couteaux bien tranchants. Sur ces points, le chauffeur et l’attention apportée à l’entretien se révèlent décisifs. La conception propre à chaque machine définit par ailleurs le niveau de performance et les solutions pour réduire les pertes d’énergie sont au cahier des charges des constructeurs lors du développement de nouvelles moissonneuses-batteuses.
Claas réduit le nombre de courroies
Claas présente l’accélérateur de pré-séparation APS comme un des éléments déterminants pour limiter la consommation de puissance sur ses moissonneuses-batteuses. Le constructeur allemand indique aussi que la cinématique simple faisant appel essentiellement à des poulies et des courroies contribue à la réduction des pertes d’énergie. Les derniers modèles Trion ont même moins de courroies que les Lexion qu’elles remplacent. Il n’y a pas de cardan et seuls les modèles hybrides utilisent des boîtiers renvoi d’angle pour animer les rotors de séparation. Claas souligne également que le flux de récolte au sein des machines ne connaît pas de changement brutal de direction qui pourrait freiner son évolution, donc prendre de la puissance. Le constructeur équipe ses moissonneuses-batteuses du logiciel Dynamic Power, qui propose différentes courbes moteur en fonction des besoins. Ainsi, si la machine n’est pas sollicitée, la programmation change pour délivrer moins de puissance. En termes de consommation de carburant, Claas annonce une réduction de 10 %, grâce à cette fonctionnalité.Peu d’organes à entraîner sur les Ideal
Chez Fendt et Massey Ferguson, les moissonneuses-batteuses Ideal présentent une cinématique simple avec peu d’organes à entraîner. Elles reçoivent devant leur simple ou double rotor longitudinal, le tambour d’alimentation transversal RotorFeeder de 600 mm de diamètre. Cet élément garantit un flux constant de récolte, qui limite la consommation de puissance, selon le constructeur. Autre argument avancé, l’utilisation de battes longues sur les rotors procure une surface de friction importante, permettant de travailler avec les corbeilles plus ouvertes, afin de battre en absorbant moins d’énergie. Pour la séparation, les doigts en position tangentielle par rapport au tube de rotor et inclinés vers l’arrière, accompagnent la matière vers l’arrière et utilisent la force centrifuge pour extraire les derniers grains. Ils constituent une autre piste d’économie, comme les disques de l’éparpilleur de paille broyée Active Spread Swingflow, qui ne consomment que cinq chevaux pour leur animation hydraulique. Les Ideal profitent de plusieurs automatismes permettant de mieux valoriser leurs performances. La fonction Harvest Plus gère la vitesse d’avancement de la machine en fonction de différents modes : vitesse fixe, charge machine ou charge et niveaux de pertes. L’IdealHarvest intègre en plus, la gestion automatique des réglages de la machine en fonction de la stratégie de travail choisie par le chauffeur (pertes, propreté, casse de grains), avec la possibilité de régler le rapport entre cadence de la machine et qualité. Cette fonctionnalité est, par exemple, capable d’ajuster l’espacement du contre-batteur et le régime des rotors en présence de grains cassés repérés par la caméra surveillant le flux de récolte.La récolte répartie dès l’entrée du rotor chez John Deere
Sur ses moissonneuses-batteuses à monorotor S7 et double rotor X9, John Deere retient le concept HarvestMotion, qui consiste à limiter le régime nominal du moteur à 2 000 tr/min sur les premières et 1 900 tr/min sur les secondes. Ce procédé repose sur le montage de poulies de plus grand diamètre pour diminuer le couple d’entraînement, afin de réduire la puissance de fonctionnement. Le constructeur annonce que l’utilisation d’une coupe à tapis améliore le flux dans ses machines et favorise le travail de leurs organes. La firme précise que le tambour d’alimentation transversale Fast situé en sortie du convoyeur, et sa rampe à trois niveaux en prolongement, contribuent à limiter l’absorption d’énergie. Ces deux éléments assurent la mise en rotation de la matière et la répartissent sur 270 degrés dès l’entrée du ou des rotors. De plus, le dessin du tambour Fast des X9 divise équitablement le flux de récolte entre les deux rotors. Le monorotor des S7 et ceux des X9 se caractérisent par leurs parties alimentation et battage de forme conique, assurant une progression de la récolte en limitant la résistance et donc la prise de puissance. La présence de zones de décompression dans les parties battage et séparation favorise la circulation du flux de matière, un autre point contribuant à consommer moins d’énergie. Ces deux séries de moissonneuses-batteuses bénéficient d’un contre-batteur à suspension hydraulique, dont l’écartement s’adapte automatiquement au volume à traiter. Elles disposent toutes les deux à l’arrière d’un extracteur en bout de rotor, qui empêche la récolte de stagner.Des automatismes améliorant les performances
John Deere argumente sur ses couteaux de broyeur Xcel, dotés sur leurs surfaces planes d’alvéoles, comme celles des balles de golf, améliorant la ventilation et réduisant la puissance absorbée. La firme précise que le broyeur et le diffuseur à entraînement mécanique assurent l’éparpillage des menues pailles en mode andainage, ainsi que de la paille en configuration broyage, dispensant par conséquent d’un éparpilleur dédié à la menue paille. La marque américaine insiste également sur les automatismes embarqués évitant les erreurs de paramétrages, source de pertes de performances. Par exemple, la fonctionnalité HSA automatise les réglages de la machine en ajustant notamment l’écartement des contre-batteurs et le régime du ou des rotors. L’automatisation de la vitesse d’avancement GSA, qui fonctionne de concert avec la fonction HSA, présente l’avantage d’éviter les surcharges. Autre automatisme, le PGSA permet à la machine d’anticiper les variations de charge, grâce à deux caméras fixées sur le toit de la cabine qui analysent l’état de la culture. Enfin, les X9 dispose d’une vis de vidange à démarrage en deux phases réduisant la puissance nécessaire à leur mise en route.
Deux courbes moteur sur les CR8.90 et CR9.90
New Holland insiste sur le fait que ses moissonneuses-batteuses sont des machines couloirs, c’est-à-dire que la largeur du flux de récolte est identique depuis le convoyeur jusqu’au broyeur de paille. Selon le constructeur, cette architecture limite la demande de puissance. Pour abaisser la consommation de carburant, le régime est limité à 1 400 tr/min sur la route. Les modèles CR8.90 et CR9.90, motorisés par le six-cylindres FPT Cursor 13, bénéficient de deux programmations pour leur moteur : une pour les petites graines et une pour les grosses graines. New Holland propose également les automatismes IntelliCruise II et IntelliSense. La première fonctionnalité compte trois modes d’utilisation. Le premier exploite la capacité maximale de la machine en faisant tourner le moteur à pleine charge. Le second garantit un rendement fixe et modifie la vitesse d’avancement pour respecter la consigne. Le troisième limite les pertes en agissant sur l’allure de travail, afin de ne pas dépasser le seuil prédéterminé. L’intelliSense assure le réglage automatique de la machine selon quatre stratégies : perte limitée, meilleure qualité de grain, capacité maximale ou débit fixe. À partir des données mesurées par les différents capteurs, la moissonneuse-batteuse adapte en continu les paramètres de battage, la vitesse des ventilateurs, ainsi que l’ouverture des prégrilles et des grilles supérieure et inférieure. Le gain de productivité annoncé est de 10 % pour un chauffeur expérimenté et de 20 % pour les novices.