La montée en puissance des utilitaires électriques
Face à la mise au ban du diesel, l’électrique s’affiche comme une solution crédible pour le véhicule utilitaire de la ferme majoritairement utilisé sur de petits parcours.
Face à la mise au ban du diesel, l’électrique s’affiche comme une solution crédible pour le véhicule utilitaire de la ferme majoritairement utilisé sur de petits parcours.
Même si les motorisations diesel font de la résistance sur les véhicules utilitaires – plébiscitées pour leur couple et leur faible consommation – leur avenir s’assombrit de jour en jour. L’onde de choc du Dieselgate et les contraintes croissantes – qui augmentent le coût de leur dépollution – ont poussé les constructeurs à réduire fortement le développement de ces motorisations. Les moyens sont désormais orientés vers les véhicules électriques, y compris pour les utilitaires. Certains constructeurs ont bien tenté de proposer des versions essence avec des moteurs modernes, mais leur manque de couple et leur consommation très sensible à la charge n’ont pas réussi à convaincre la clientèle professionnelle.
Adapté à un usage agricole
Sur les exploitations agricoles, le véhicule utilitaire est utilisé majoritairement pour des petits parcours et l’accès à une prise électrique ne constitue pas un problème. L’autonomie limitée et la recharge régulière des batteries d’un modèle électrique ne sont donc pas limitantes. D’autant plus qu’avec l’évolution technologique, la capacité des batteries tend à progresser. Les modèles les plus récents permettent de parcourir plus de 200 kilomètres sans recharger. L’autre principal frein au développement des utilitaires électriques est son prix d’achat. Mais le bonus écologique de 5 000 euros pour les professionnels compense en partie l’écart de tarif avec le diesel. À noter qu’à partir du 1er janvier 2021, ce bonus repassera à 3 000 euros.
Plus de carburant et peu d’entretien
Le surcoût à l’achat de l’électrique se récupère également sur la durée, grâce à une consommation électrique beaucoup moins onéreuse que celle de gazole et à des frais d’entretien plus contenus. Attention toutefois au vieillissement de la batterie. Si celle-ci profite désormais d’une garantie de huit ans chez la majorité des constructeurs (pour une capacité au-dessus de 70 %), au-delà de cette période, le risque est de voir chuter fortement l’autonomie de la batterie, imposant son renouvellement. L’investissement conséquent que cela implique risque d’impacter fortement la rentabilité du véhicule. Pour s’en prémunir, certaines marques proposent de louer la batterie. Plébiscitée par Renault à ses débuts dans l’électrique, cette stratégie, qui a également l’avantage de réduire le prix d’achat, ne semble plus trop séduire les acheteurs qui la considèrent trop coûteuse à long terme.
Adopter une conduite zen
Au-delà de l’aspect financier, le choix d’un utilitaire électrique peut bien entendu être guidé par des considérations d’ordre écologique, parfois discutables, mais aussi par la recherche d’un certain confort de conduite. La propulsion électrique se démarque en effet par son silence de fonctionnement, sa progressivité en l’absence de boîte de vitesses et sa réactivité à faible allure. Si les accélérations sont vives au démarrage, les reprises à vitesse élevée sont plus laborieuses. L’électrique a ainsi toute sa place sur les petites routes de campagne. Attention toutefois à l’autonomie de ces véhicules qui peut être fortement impactée par une conduite dynamique ou par des incursions sur voie rapide et autoroute. Mieux vaut opter pour l’écoconduite en faisant notamment jouer au maximum la récupération d’énergie lors des phases de ralentissement. On se prend d’ailleurs rapidement au jeu de ne plus toucher aux freins à l’approche d’un virage ou d’un rond-point, limitant au passage leur usure.
Plusieurs facteurs impactent l’autonomie
Si les batteries alourdissent le véhicule, elles améliorent en revanche son comportement en abaissant le centre de gravité. Autre critère qui a son importance lorsque l’on investit dans un utilitaire, c’est sa capacité de chargement. Pas d’inquiétude de ce côté, dans la plupart des cas, le volume et la charge utile sont préservés, tout en étant conscient que le poids transporté impacte l’autonomie. Ainsi, pour ceux qui ont de lourdes remorques à tracter, l’utilitaire électrique n’est pas adapté. Enfin, pour les régions aux hivers rigoureux, l’autonomie du véhicule peut être sensiblement impactée par les températures négatives.
En chiffres
7 200 euros, c’est l’écart de prix catalogue entre un Kangoo diesel Blue dCi 80 (18 600 euros) et un Kango ZE (30 800 euros), une fois déduit les 5 000 euros de bonus écologique.
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Une offre en construction
Sur le segment des fourgonnettes, Renault et Nissan ont été les précurseurs avec le Kangoo ZE et le e-NV200. Ces deux modèles ont pu profiter d’évolutions qui leur permettent d’afficher une autonomie plus qu’honorable, avec respectivement 270 et 280 km selon la norme NEDC (220-230 en WLTP). Le Kangoo sera renouvelé l’an prochain et devrait afficher une nouvelle progression de ses performances en adoptant le moteur et la batterie de la dernière Zoé. L’avenir du NV200 est en revanche incertain, son usine de fabrication en Europe devant fermer. Son successeur pourrait bien être le e-NV250, un clone du futur Kangoo, comme le futur Mercedes Classe T, remplaçant du Citan.
Les deux autres fourgonnettes électriques du marché sont les Citroën Berlingo Electric et Peugeot Partner Electric basés sur l’ancienne génération des utilitaires PSA et donc limités en autonomie (170 km NEDC). Leurs successeurs prévus pour 2021 devraient se remettre dans la course en adoptant la batterie et le moteur des récentes voitures électriques du groupe, à l’image de la e-208.
L’offre en fourgons compacts se résume aux tout récents modèles PSA (Citroën ë-Jumpy, Opel Vivaro-e et Peugeot e-Expert) et au Mercedes eVito lancé l’an dernier. Reprenant le moteur 100 kW de la e-208, les premiers proposent deux batteries de 50 ou 75 kWh, offrant respectivement une autonomie (WLTP) de 230 et 330 km. L’eVito se contente d’un moteur de 85 kW et d’une batterie de 35 kWh limitant son autonomie à 150 km (WLTP). Cas particulier, Ford propose une version hybride rechargeable de son Transit Custom, capable de parcourir une quarantaine de kilomètres en tout électrique. Son moteur essence prend ensuite le relai comme prolongateur d’autonomie, avec des consommations malheureusement assez élevées.
Moins communs sur les exploitations, les gros fourgons sont nombreux à être disponibles en version électrique. On retrouve notamment les cousins Citroën e-Jumper, Peugeot e-Boxer, Fiat e-Ducato (et bientôt l’Opel Movano-e), le Mercedes eSprinter, le Volkswagen e-Crafter, l’Iveco Daily Electric et le Renault Master ZE. La version électrifiée du Ford Transit arrivera en 2022.