Protection des opérateurs
Bien isoler le conducteur des brouillards et vapeurs de phytos
Tous les tracteurs commercialisés depuis sept ans et utilisés aux traitements phytosanitaires devraient être dotés d’une cabine de catégorie 4. Honoré Filtration propose une solution pour répondre à cette exigence sur des tracteurs non équipés.
Tous les tracteurs commercialisés depuis sept ans et utilisés aux traitements phytosanitaires devraient être dotés d’une cabine de catégorie 4. Honoré Filtration propose une solution pour répondre à cette exigence sur des tracteurs non équipés.
Depuis 2011, les deux normes EN 15695-1 et 15695-2 définissent les deux protocoles d’homologation, respectivement pour la classification des cabines et pour le dispositif d’épuration de l’air. Le poste de conduite est alors classé dans l’une des quatre catégories. Selon ces textes réglementaires, pour un véhicule assurant une protection contre les produits phytopharmaceutiques qui dégagent des vapeurs susceptibles de représenter un risque pour la santé de l’opérateur, la cabine doit être de niveau 4 (cf. tableau). Autrement dit, cela concerne tous les véhicules qui peuvent être amenés à traiter, et notamment tous les tracteurs mis sur le marché depuis 2011 et attelés à un pulvérisateur. "Or, dans les faits, les tractoristes proposent généralement la catégorie 4 comme une option. Et tous les tractoristes ne proposent pas cette option", explique Jean-Gabriel Honoré, responsable commercial de la société Honoré Filtration.
Une prise de conscience récente
Ces véhicules doivent donc disposer d’une filtration protégeant des poussières, des aérosols et des vapeurs de phyto, d’une ventilation assurant un débit d’air neuf d’au moins 30 m3/h, d’une pressurisation de 20 Pa, ainsi que d’un indicateur de pression en cabine. "Si les autorités de contrôle ne sont pas struturées pour le moment, la médecine du travail commence à être regardante, poursuit Jean-Gabriel Honoré. En place depuis début 2011, les deux normes n’ont commencé à être connues sur le terrain qu’à partir de 2015. Et depuis la mi-2017, on commence à avoir beaucoup de demandes. Plusieurs grosses exploitations, qui emploient un certain nombre d’employés, ont été sommées d’équiper les tracteurs de l’exploitation avec un dispositif de type catégorie 4 dans un délai de six mois à un an. La société Honoré Filtration a été sollicitée pour installer les équipements adéquats et propose la solution NCA, un bloc externe implanté à l’arrière du toit de cabine. Cette dernière permet de répondre aux exigences de la catégorie 4 sur des véhicules d’occasion, à la différence près que l’installation n’est pas homologuée. "L’homologation nécessite le passage dans une chambre de confinement, avec des mesures de particules en cabine, précise Jean-Gabriel Honoré. Un protocole dont seul l’Utac possède les installations à même de le réaliser et qui est coûteux, à savoir 4 000 euros. L’homologation se justifie pour des tracteurs neufs, car elle se fait par type, moins pour des véhicules d’occasion." "De son côté, la médecine du travail accepte le système NCA sans forcément imposer l’homologation, ce système étant strictement identique et ayant les mêmes performances que les équipements homologués fournis par notre entreprise à divers constructeurs, poursuit Francis Honoré, le dirigeant d’Honoré Filtration. Un rapport d’essais complet est fourni avec chaque équipement."
Une installation en plusieurs étapes
L’installation d’un système de filtration et de pressurisation sur un tracteur nécessite une journée de travail, à laquelle il faut ajouter un déplacement ou un transport, pour un coût d’équipement variant de 3400 à 4000 euros. La première étape consiste à estimer les performances de la ventilation du tracteur en mesurant les pressions à l’intérieur et à l’extérieur de la cabine. La seconde étape sert à la détection des fuites. "La ventilation au maximum, nous générons de la fumée dans la cabine afin d’identifier les fuites et y remédions, nous installons notre NCA, uniquement sur des tracteurs de moins de quatre ans et dans un bon état." Ce bloc se compose d’un filtre trois couches (antipoussières, anti-aérosol et charbon actif pour les vapeurs) homologué catégorie 4, d’une ou deux turbines (selon les besoins), d’un moniteur en cabine, d’un capteur mesurant la pression différentielle entre l’intérieur et l’extérieur de la cabine, et d’une interface assurant la régulation de la ventilation. Cette dernière a pour but d’optimiser la ventilation, en étant le plus économe possible tout en étant capables de compenser des micro-fuites.
En cabine, l’opérateur dispose sur le boîtier des leds, certifiant du bon fonctionnement du dispositif. "La led verte assure que tout fonctionne, détaille Jean-Gabriel Honoré. La led orange clignotante informe qu’on arrive aux limites des capacités de la ventilation pour assurer la surpression adéquate, trahissant probablement certaines fuites et une led orange fixe indique que le filtre est en passe d’être saturé et qu’il doit être remplacé. La led rouge traduit le non-respect des exigences des normes et s’accompagne d’une alarme sonore.
Ludovic Vimond
« En cabine, on ne sent rien ! »
Alain Moysan, viticulteur en Charente, a équipé quatre tracteurs d’un système de filtration et de pressurisation de cabine.
À la tête de trois structures d’une quarantaine d’hectares chacune à Saint-Sulpice-de-Cognac et au Seure, Alain Moysan emploie huit salariés, dont quatre pulvérisent régulièrement. Le vigneron est sensible à la qualité de la pulvérisation, afin d’optimiser les phytosanitaires, mais aussi de limiter les pertes dans l’environnement et de protéger au maximum les opérateurs. Il a ainsi été parmi les premiers dans la région à s’équiper de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs. « D’une part, les subventions de la région aident à l’investissement, apprécie-t-il. D’autre part, les économies générées permettent de rentabiliser l’investissement sur trois à quatre ans. » Soucieux du bien-être des opérateurs, Alain Moysan a investi il y a trois ans dans l’équipement d’un système de protection et de pressurisation sur un tracteur. Résultat : « ça marche bien, conclut simplement le vigneron. Quand on applique des insecticides, qui sont de produits très odorants, une fois en cabine et la pressurisation enclenchée, on ne sent rien. » Alain Moysan apprécie également la simplicité de mise en œuvre : « on appuie sur le bouton et il faut 30 secondes à une minute pour que le voyant vert, synonyme du fonctionnement du système, s’allume. Je demande à mes salariés de l’activer dès le remplissage terminé, lorsqu’ils partent pulvériser. » Le vigneron a équipé un second tracteur l’année suivante, puis deux autres l’année dernière. Finalement, les quatre Lamborghini qui pulvérisent, tous récents, sont désormais équipés. Les autres tracteurs, plus anciens, sont interdits de pulvérisation sur l’exploitation. Quant au coût d’équipement et d’installation de la pressurisation – 3 000 euros par tracteur – Alain Moysan le met en perspective avec le coût total d’un tracteur (55 000 à 60 000 euros). « Cela ne représente qu’un surcoût de 5 %. Mais une vie, ça vaut combien. »
Le vigneron termine l’interview avec une anecdote : « j’ai eu la visite de la médecine du travail il y a quelques jours, dans un cadre tout autre que la pulvérisation. Quand je lui ai annoncé que mes quatre tracteurs dédiés à la pulvérisation étaient équipés d’un système de filtration et de pressurisation équivalent à la catégorie 4, j’ai vu ses yeux briller. Peut-être qu’il y aurait une possibilité d’être en partie subventionné. Quoi qu’il en soit, je suis persuadé que d’ici moins de dix ans, ce sera obligatoire. »
L.V.