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2018 - MOTHER REGULATION : c'est quoi ?

Tous les tracteurs agricoles neufs doivent répondre au règlement européen 167/2013 depuis le 1er janvier 2018. Une nouvelle homologation synonyme de nouvelles contraintes techniques et de surcoût pour l’utilisateur.

Avec des tracteurs pouvant rouler à 50 km/h, la tentation sera grande de ne pas respecter le Code de la route.
© Valtra

Rétroviseurs grand-angle, ailes avec garde-boue enveloppant, freinage double ligne, vitesse non bridée à 40 km/h... Voici un aperçu des équipements qui vont dorénavant se généraliser sur les tracteurs neufs. En vigueur depuis le 1er janvier 2016, le règlement européen 167/2013, baptisé également Mother regulation, impose l’intégration d’équipements liés à la sécurité sur les tracteurs nouvellement conçus. À l’occasion du salon Agritechnica en novembre dernier, bon nombre de tractoristes présentaient de nouvelles gammes de tracteurs répondant à cette nouvelle réglementation. Dès le 1er janvier 2018, c'est l’ensemble des tracteurs neufs qui devront respecter ces nouvelles contraintes d’équipement. Si l’agriculteur ne peut que se réjouir des progrès apportés en termes de sécurité, il a aussi malheureusement de quoi s’inquiéter, considérant l’inflation tarifaire annoncée par certains tractoristes. Ces derniers profitant généralement d’un renouvellement de gamme pour intégrer les évolutions réglementaires, les hausses de tarifs ne sont donc pas liées uniquement à la nouvelle réglementation. Elles sont de l’ordre de 2 à 3 % sur un tracteur de forte puissance évoluant peu, tandis qu’elles peuvent atteindre 7 à 10 % sur un petit tracteur profondément revisité.

  • Freinage double ligne

    Principal bouleversement imposé par la nouvelle réglementation, les tracteurs doivent être équipés d’un freinage double ligne, qu’il soit hydraulique ou pneumatique. Solution la plus simple et déjà prête puisque largement utilisée dans d’autres pays, le freinage pneumatique est mis en avant pour les fortes puissances. Mais cela impose de disposer de véhicules remorqués également équipés de freinage pneumatique. Deuxième solution, adoptée notamment sur les petits tracteurs et proposés sur les puissances intermédiaires, et parallèle du pneumatique, le freinage hydraulique double ligne peut piloter un freinage de remorque simple ligne. Mais, à partir du 1er janvier 2022, cette adaptation technique ne sera plus autorisée. Les tracteurs qui seront commercialisés à partir de cette date ne pourront donc freiner uniquement des véhicules équipés de freinage double ligne. À noter que les tracteurs pourront également conserver une connexion simple ligne jusqu’au 1er janvier 2020.

  • 50 à 65 km/h en théorie, 40 km/h en pratique

    Avec l’homologation européenne T1b, la Mother regulation permet aux tractoristes de commercialiser sur le marché français des tracteurs roulant à 50 km/h, voire 65 km/h pour certains modèles. La responsabilité incombe toutefois à l’agriculteur de respecter le Code de la route qui impose de ne pas dépasser les 40 km/h. Les tractoristes vont ainsi proposer pour un même modèle différentes versions avec une vitesse maxi et un PTAC correspondant, ce dernier étant souvent abaissé avec l’augmentation de vitesse. L’arrivée de tracteurs pouvant rouler à plus de 40 km/h doit faire réfléchir l’administration française quant à la nécessité de faire évoluer la limite de vitesse, moyennant la mise en œuvre d’un permis tracteur, comme cela se pratique dans les pays autorisant des vitesses supérieures à 40 km/h.

  • Sécurité en cabine

    Les rétroviseurs grand-angle sont généralisés pour répondre aux exigences de rétroversion plus sévères afin d’éviter les angles morts. La Mother regulation impose toute une série de petits détails pour la sécurité de l’utilisateur. L’accès à la cabine est précisément défini, avec trois points d’appui possibles en dessous de 1,50 m et des dégagements suffisants sous les marches du marchepied. De nouveaux pictogrammes font leur apparition et un code couleur est imposé pour certaines commandes. Un tractoriste nous fait remarquer l’apparition d’un nouveau menu dans l’ordinateur de bord, dédié au test de freinage de remorque, ou encore l’ajout d’un bouton de validation sur le joystick pour confirmer l’inversion du sens de marche. Enfin, l’habitacle ne doit plus comporter d’angles saillants

  • Sécurité autour du tracteur

    Entre les autocollants avec des pictogrammes de mise en garde dans les zones dangereuses (relevage, prise de force, pot d’échappement…) et ceux dédiés aux points de graissage, les tracteurs vont adopter une nouvelle décoration. À partir d’une certaine longueur, ils devront également recevoir des catadioptres latéraux. L’ouverture du capot moteur nécessite dorénavant d’employer une clé ou un outil spécifique. Des bavettes de protection font leur apparition dans des zones à risque, comme à la base des bras du relevage avant.

  • Diagnostic ouvert à tous

    Imposant aux constructeurs de fournir l’accès aux données de diagnostic et aux documentations techniques à n’importe quel réparateur (à partir de juillet 2021 pour les tracteurs), la Mother regulation s’inspire de l’automobile et du poids lourd. L’utilisateur n’aura ainsi plus l’obligation d’aller chez le concessionnaire de la marque du tracteur, même en période de garantie, dès lors que les préconisations du constructeur sont respectées à la lettre. Le constructeur conserve toutefois un certain niveau de confidentialité, de manière à ne pas mettre en péril certains secrets industriels.

Les véhicules remorqués et les outils également concernés

Le freinage double ligne imposé par la Mother regulation s’applique également aux véhicules remorqués et outils tractés. Les constructeurs peuvent toutefois se limiter à une réception nationale, qui autorise en France le freinage simple ligne jusqu’au 31 décembre 2020. À partir de cette date, tous les engins tractés (hormis les outils tractés limités à 25 km/h) commercialisés seront équipés d’un freinage double ligne. Reste à savoir quelle technologie sera adoptée ? Certains constructeurs franco-français sont plus enclins à conserver l’hydraulique, pour lequel subsiste des incertitudes quant à la disponibilité et le coût de la technologie double ligne sur les véhicules remorqués. Les constructeurs internationaux préféreraient adopter le pneumatique, qui fait déjà ses preuves dans de nombreux pays. Les positions devraient se clarifier au cours de l’année 2018, au grand dam des agriculteurs qui auront du mal à y voir clair d’ici là…

 

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