Lutte contre l’ambroisie : quels sont les leviers en 2024 ?
Les conditions climatiques de l’année sont plutôt favorables à l’ambroisie. La lutte chimique progresse avec l’arrivée notamment du Viballa sur tournesol, mais il reste indispensable de mobiliser tous les leviers agronomiques, notamment pendant l’interculture.
Les conditions climatiques de l’année sont plutôt favorables à l’ambroisie. La lutte chimique progresse avec l’arrivée notamment du Viballa sur tournesol, mais il reste indispensable de mobiliser tous les leviers agronomiques, notamment pendant l’interculture.
« L’année se prête à toutes les levées tardives d’ambroisie, notamment dans des cultures en fin de cycle qui laissent passer la lumière, estime Franck Duroueix, responsable cellule intrants et biocontrôle chez Terres Inovia, il va donc falloir les gérer derrière les récoltes. » Après les moissons, les ambroisies contenues jusque-là sous les cultures explosent, puisqu’elles ne sont plus concurrencées. Celles qui sont les plus développées sous la culture vont se ramifier après leur fauche, et des graines présentes au sol peuvent germer si l’humidité est suffisante.
« La lutte en interculture est donc très importante pour faire du déstockage de semences », précise sa collègue Fanny Vuillemin, chargée d’études sur la gestion intégrée des adventices chez Terres Inovia. Elle conseille de faire un déchaumage tout de suite après la récolte pour profiter de la fraîcheur du sol et si possible d’équiper l’outil de déchaumage d’un rouleau pour bien rappuyer et favoriser les nouvelles levées. « La destruction doit ensuite se faire dans un contexte séchant et moins superficiel, pour que l’ambroisie ne reparte pas, et cela avant floraison. »
Le Viballa prouve son efficacité sur tournesol
Autre période clé dans la lutte contre l’ambroisie, le printemps, avant l’implantation de la culture d’été. Les deux experts de Terres Inovia s’accordent sur l’importance de décaler la date de semis pour faire lever un maximum d’ambroisie. « Si on les détruit mécaniquement, il vaut mieux le faire dans le sec, car le travail du sol en condition humide peut provoquer de nouvelles germinations dans le tournesol », explique Fanny Vuillemin qui ajoute que les conditions pluvieuses de ce printemps sont un bon exemple du caractère assez aléatoire de la lutte mécanique. « Elle est très compliquée cette année, même si le manque de chaleur en avril-mai a freiné la pousse des ambroisies », souligne-t-elle.
« Sur tournesol, deux produits de prélevée, Proman et Racer ME, permettent de gérer de faibles pressions sur des préparations de sol fines, avec peu ou sans résidus en surface », indique Franck Duroueix. Une application immédiate après le semis permet à l’herbicide de profiter de la fraîcheur du sol et de mieux se diffuser. Ensuite, tout se joue en post-levée. Depuis la campagne 2023, Franck Duroueix révèle qu’un herbicide « se détache du lot », le Viballa, homologué pour un usage uniquement sur tournesol à la dose de 1 litre par hectare. « Utilisable à la fois sur variétés classiques et VTH (variétés tolérantes aux herbicides), c’est un produit qui permet de gagner 10 à 20 % d’efficacité par rapport aux solutions comme Passat Plus ou Express SX, avec un risque d’apparition de résistance plus faible du fait de son mode d’action plus complexe (groupe 4). » Par contre, la lutte reste compliquée sur soja. « On reste sur un Proman suivi d’un produit à base d’imazamox en post-levée ». L’imazamox reste la molécule pivot, qui peut être utilisée seule à la pleine dose en fractionnant les apports, ou bien en substituant une partie par de la bentazone qui offre un renfort intéressant.
Ne pas négliger la lutte agronomique contre l’ambroisie
Le Viballa a toutefois pour inconvénients de ne pas avoir d’action racinaire et un spectre d’action moins large que les produits utilisables sur VTH. Cela oblige à bien choisir son produit de prélevée, notamment en présence de renouée liseron contre laquelle il n’est pas efficace. Malgré tout, Franck Duroueix estime qu'« en appliquant la bonne stratégie, il est possible de gérer aujourd’hui l’ambroisie dans les tournesols ». Fanny Vuillemin complète en insistant sur l’intérêt d’associer des binages au programme herbicide pour gagner en efficacité (+ 20 % dans les essais Terres Inovia à programme herbicide égal). « Les binages peuvent se faire à partir du stade 4 feuilles et jusqu’à la limite du passage du tracteur, quand les conditions climatiques sont favorables », précise-t-elle. Et en ultime recommandation, les deux spécialistes rappellent l’importance « de bien nettoyer la moissonneuse-batteuse pour réduire les risques de dissémination ».
Bords de parcelles, jachères : que dit la loi ?
Le décret du 26 avril 2017 stipule que : « Les propriétaires ou les personnes en charge de l’entretien d’un terrain pour le compte d’un propriétaire (fermiers, locataires ou occupants à quelque titre que ce soit) sont tenus de prévenir la pousse de plants d’ambroisie et de détruire les plants d’ambroisie déjà développés. » Il précise que : « La destruction de l’ambroisie devra être réalisée par l’exploitant jusqu’en limites de parcelle (y compris talus, fossés ou chemins inclus dans la parcelle cadastrale). » L’ambroisie se développe préférentiellement sur les bords de parcelle qui sont souvent les zones de démarrage de contaminations des parcelles. Pour empêcher la floraison ou la grenaison des ambroisies, plusieurs interventions d’arrachage ou de broyage (en abaissant si possible la hauteur de coupe à chaque passage) peuvent être nécessaires. Il en va de même pour les surfaces en jachères, dans le respect des périodes d’intervention autorisées au niveau de chaque département.