Litière malaxée : « Le miscanthus a amélioré notre confort et celui des vaches »
Le Gaec Gabioval, en Loire-Atlantique, a abandonné les logettes. Depuis novembre 2020, les cent vaches du troupeau se couchent sur une litière très confortable à base de miscanthus.
Le Gaec Gabioval, en Loire-Atlantique, a abandonné les logettes. Depuis novembre 2020, les cent vaches du troupeau se couchent sur une litière très confortable à base de miscanthus.
Marion, Romain et Thibaut Gaborieau ont succédé à leurs parents sur l'exploitation familiale, située à Derval, en 2019. Avant leur installation, les 70 vaches du troupeau, en système bio, étaient logées dans une stabulation à logettes. Le libre accès au pâturage était rendu compliqué par des routes à traverser. Le temps passé pour entretenir les logettes (45 minutes deux à trois fois par semaine), les problèmes de boiteries, de Mortellaro, la perte de deux à trois vaches par an à cause de glissades sur le béton ont plaidé en faveur d'un changement de cap.
Un nouveau bâtiment a été construit sur une parcelle permettant au troupeau d'accéder à 70 hectares de prairies. Les logettes ont été remplacées par une aire de couchage libre avec de la litière malaxée à base de miscanthus. « C'est un système idéal pour notre confort de travail et celui des animaux », résume en souriant Thibaut Gaborieau.
Limiter le nombre de curages à deux par an
Au Gaec, tout a été pensé pour pouvoir assurer seul le travail d'astreinte le week-end et diminuer la charge globale de travail. L'abandon des logettes au profit de ce mode de couchage a été un des leviers utilisés pour y parvenir. « Notre objectif est de limiter le nombre de curages à deux par an, en avril et novembre. Et de recharger la litière en miscanthus uniquement lorsque les vaches commencent à se salir, soit quatre à cinq fois par an. »
Leur première année d'expérience confirme que le respect de cette feuille de route est possible. Les cent vaches du troupeau sont entrées dans le bâtiment en novembre 2020. Elles disposent d'une aire de couchage de 858 m2, soit 8 m2 par vache.
Une litière de miscanthus de 30 cm d'épaisseur (50 tonnes) a été déposée sur un sous-sol drainant réalisé avec un mélange de sable argileux, de chaux vive et d'eau. « Il ne faut pas bétonner le sol pour qu'il reste drainant. Par ailleurs, nous avons drainé le pourtour du bâtiment pour limiter la présence d'humidité à l'intérieur », précise Thibaut Gaborieau. « Nous avons également épandu un asséchant deux semaines avant le premier curage, mais nous ne recommencerons pas. Ça n'a servi à rien. »
Le premier apport de litière a été complété par deux apports de 10 tonnes de miscanthus en décembre puis janvier. Le premier curage a été réalisé en avril 2021.
90 tonnes de miscanthus stockées dans l'ancienne stabulation
Dans cet élevage, en année « normale », les vaches passent l'intégralité de leur temps dans le bâtiment à partir de mi-décembre et jusqu'à fin février. Elles passent la nuit dans le bâtiment en mars puis d'octobre à mi-décembre. « Nous estimons nos besoins en miscanthus à 90 tonnes par an. Nous l'achetons 128 euros la tonne à Déshyouest. La coopérative nous l'a proposé au même prix que l'année dernière à condition de le récupérer directement après sa récolte », expose Thibaut Gaborieau avant d'ajouter : « Avec un coût d'implantation de 3 000 euros par hectare, sachant qu'il nous faudrait en cultiver 10 hectares pour être autonomes, nous avons préféré en acheter pour le tester avant de nous lancer dans sa culture. »
Des vaches propres et moins de cellules
Côté confort des animaux, le contrat est rempli. « Les vaches n'ont plus de problèmes de boiterie. Elles sont propres sauf quand on se rapproche de la période où il faut curer la stabulation. Elles ont moins de cellules (entre 150 000 et 200 000/ml). » Seul bémol, les associés ont observé quelques cas d'écrasement de trayons. « Mais le problème est vite résolu après quelques traites », relativise Thibaut Gaborieau. Faute de recul, tout n'est pas encore complétement calé. Pour autant, les associés sont persuadés d'avoir fait le bon choix et envisagent de se lancer à court terme dans la culture de miscanthus.
Côté éco
Quelque 90 tonnes de miscanthus sont achetées par an à 128 € HT la tonne, soit un coût annuel de 11 520 €
Avis d'expert : Jérôme Mary, chambre d'agriculture des Pays de la Loire
« Un bâtiment bien ventilé »
« La qualité de la ventilation est un facteur essentiel pour assécher la litière. Le bâtiment est donc ouvert totalement sur les deux long-pans et le pignon nord-est. L'aire de couchage est orientée sud-est. L'idéal aurait été de l'orienter sur un axe nord-sud pour avoir l'aire de couchage orientée plein est. Mais, comme les éleveurs ont des panneaux photovoltaïques sur une partie de la toiture, l'orientation sud-est est un bon compromis. Ils ont choisi une toiture bipente plutôt qu'une toiture shed (type toit d'usine) pour les mêmes raisons. Nous avions envisagé d'installer un filet amovible du côté nord-ouest (couloir d'alimentation), mais grâce au débord de toiture de 1m de large et au couloir d'alimentation de 5 m de large, l'eau de pluie a peu de chance d'atteindre l'aire de couchage. Globalement, les conditions de ventilations sont très bonnes sauf à proximité du bloc traite (pignon sud-ouest) où la ventilation et l'ensoleillement sont plus limités. La température de la litière est stabilisée autour de 15 à 18 °C. »